Les erreurs de diagnostic sur la nature du terrorisme qui ont conduit au double drame Charlie Hebdo-Hyper Cacher<!-- --> | Atlantico.fr
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Lors de l'affaire Merah, les autorités ne se sont pas rendues compte que le terrorisme avait muté.
Lors de l'affaire Merah, les autorités ne se sont pas rendues compte que le terrorisme avait muté.
©Reuters

C'est grave docteur ?

En 2012, lors de l'affaire Merah, les autorités ne se sont pas rendues compte que le terrorisme avait muté, et que sous cette nouvelle forme il allait faire des ravages en France entre les 7 et 9 janvier 2015.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Jadis, Raymond Aron exprima ainsi l'exigence de sécurité d'un Etat-nation moderne : il doit être "respecté à l'extérieur, en paix à l'intérieur". Ainsi, observons d'abord que s'il est aimable, ou habile, que les actuels gouvernants de la France organisent des défilés dans Paris, telle n'est pas leur mission première. Celle-ci, dite "régalienne", consiste plutôt à éviter que les Français ne soient tirés comme du gibier dans les rues, commerces et bureaux de la capitale.

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Voici donc ce que ce gouvernement aurait dû savoir - et que manifestement il ne savait pas ; ce qu'il aurait dû faire et que clairement, il n'a pas fait.

Depuis 2012 et l'affaire Merah, le gouvernement et ses services auraient dû réaliser que le terrorisme islamiste a muté. Désormais, la menace réelle n'émane plus d'aristocrates wahhabites issus de l'Arabie, comme Ben Laden, mais de racailles de banlieues, de débiles légers et de toxicomanes à la Merah, Kouachi, Nemmouche ou Coulibaly, "Bilal" de Joué-les-Tours (entre autres). Cela, nos gouvernants ne l'ont pas vu ; ils n'ont pas forcé leurs services à considérer la menace réelle, là où elle se trouvait vraiment.

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Depuis 2012, tous les attentats islamistes commis en France sont le fait de voyous (Merah, les Kouachi, Coulibaly, Nemmouche, "Bilal" & co) ; ayant tous un passé criminel. Or ces putatives bombes humaines ont été négligées par les chefs du renseignement intérieur national. Pourquoi ? Tant et plus, ceux-ci cherchent un ennemi noble à la Ben Laden - or ledit ennemi n'existe plus. La plupart de ces éminences salafistes sont mortes, les dernières errant aux confins de l'Afghanistan et du Pakistan, sous une pluie de missiles qui les éliminent une à une.

Sous l'aiguillon d'une campagne de radios et télévisions en continu, le gouvernement et ses services se sont auto-persuadés que le danger émanait de jeunes immigrés, ou de convertis, partis combattre en Irak ou en Syrie au sein de bandes armées islamistes. Or cette idée était fausse, car ce jihad en Irak Syrie était loin d'être le premier (Afghanistan... Bosnie... etc.) et jamais dans le passé, nul moujahid revenu de ces divers fronts n'a jamais accompli un seul attentat grave sur le sol Français, ou même en Europe.

Donc, erreur de diagnostic du renseignement intérieur. Ajoutons-y un comportement irresponsable des médias-en-continu, passant l'année 2014 à interviewer des mythomanes ou des manipulateurs, affirmant que la France grouillait de cellules terroristes formées par ces rentrants-du-jihad, ce qui est faux. Notons que ces mêmes médias n'ont alors JAMAIS présenté une vision alternative à leur apocalyptiques annonces.

On sait la fragilité des gouvernants actuels aux aiguillons médiatiques - du fait de leur impopularité. Ces erreurs de diagnostic et annonces apocalyptiques ont donc, in fine, précipité ces dirigeants à prendre de mauvaises décisions :

- Braquer les jumelles du renseignement sur la zone Syrie-Irak tout en négligeant les zones hors-contrôle du territoire français métropolitain où les Kouachi, Coulibaly & co s'apprêtaient à frapper,

- Faire interdire aux jihadis putatifs de quitter la France, décision idiote pouvant à tout moment pousser à exploser sur notre sol même l'une de ces mentalement fragiles quasi-bombes humaines.

Mauvais diagnostics, médias pousse-au-crime, erreur finale de décision, tel est l'enchaînement fatal vers le désastre de Charlie-Hebdo et de l'Hyper-Casher. Après cela, on peut défiler tant qu'on veut.

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