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Les coulisses de la nomination de Nicolas Hulot au gouvernement
©PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP

Bonnes feuilles

La nomination de Nicolas Hulot avait provoqué une véritable sensation lors de la première phase du quinquennat d'Emmanuel Macron. Retour sur les circonstances du jour ou l'homme d'"Ushuaïa Nature" franchit le Rubicon et accepte d'entrer pour la première fois dans un gouvernement. Extrait du livre "Les Paradoxes de Monsieur Hulot" de Jean-Luc Bennahmias avec Emmanuelle Raimondi, publié aux éditions de L'Archipel (1/2).

Emmanuelle Raimondi

Emmanuelle Raimondi

Emmanuelle Raimondi, journaliste, a travaillé plusieurs années à l’Assemblée nationale et au Sénat.

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Jean-Luc Bennahmias

Jean-Luc Bennahmias

Jean-Luc Bennahmias a été député européen (2004-2014). il fut le secrétaire national des Verts de 1997 à 2001. Il a appelé sans succès à une candidature de Nicolas Hulot à la présidentielle de 2007. Actuel coprésident de l’Union des démocrates et des écologistes, il a été candidat à la primaire de la gauche de janvier 2017. Après les Verts et le Modem qu'il a quitté à l'occasion des municipales de 2014, il cultive l'aletrnative d'une "démocratie social-libertaire".

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Le plus difficile, je pense, c’était sans doute pour Macron de comprendre Nicolas, qui arrivait non comme un expert écologiste, mais avec une vision quasi mystique des enjeux. C’est parce que Macron a réussi à cerner cela qu’il l’a convaincu de le rejoindre (entretien avec Jean-Paul Besset, 13 décembre 2017)

Ce que Macron a sans doute eu l’intelligence de comprendre, du moins sur le papier, c’est que le ralliement de Nicolas Hulot n’était pas un chèque en blanc :

— J’ai eu une longue discussion avec Emmanuel pour lui dire non pas mes lignes rouges, mais ma vision des choses, ma vision du monde, mes objectifs. Je lui ai dit que je n’étais pas là pour faire de la figuration. Parce que ça m’emmerde d’être ministre. Ça m’emmerde vraiment. Je venais de dire à ma famille que j’allais être plus présent, en plus… Donc autant se dire les choses. Je lui ai dit : « Si tu comptes sur moi comme une tête de gondole, ça ne tiendra pas huit jours et on y perdra tous les deux, toi et moi. » Je lui ai expliqué mes faiblesses. Moi, je ne suis pas un homme politique. J’ai des convictions, quelques connaissances, mais je n’ai pas l’armure habituelle d’un profil politique. Et par ailleurs, je ne suis pas toujours très souple… Il fallait qu’il me prenne comme je suis. Et j’ai eu confiance en lui (entretien avec Nicolas Hulot, 12 février 2018).

Pas de deal particulier donc ?

— Nicolas se détermine toujours par instinct. Pas par calcul. Il n’y a pas de deal entre Hulot et Macron. Aucun. Toutes ces thèses de journalistes sont fausses. Il y a juste cette relation de confiance, et il a fait ce pas en avant, comme avec Hollande en tant que « Monsieur Climat », parce qu’il sentait qu’il pouvait y aller, que cela correspondait à son tempérament. Le discours de convergence de Macron, faire travailler droite et gauche ensemble, plutôt que de laisser les gens dans des cases, cela lui parle. C’est ce qu’aurait été sa candidature en 2017. C’était sur cette stratégie politique là que nous avions travaillé, insiste Jean-Paul Besset (entretien avec Jean-Paul Besset, 13 décembre 2017).

En mettant le marché en main à Macron, Nicolas Hulot se place peut-être inconsciemment en position de faiblesse. Lorsqu’on doit poser d’emblée ses conditions, c’est tout de même qu’il y a une certaine méfiance. 

Néanmoins, les dés sont jetés. Hulot franchit son Rubicon personnel et accepte d’entrer pour la première fois dans un gouvernement.

Le 17 mai 2017, donc, il est officiellement nommé « ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire ». Il est numéro 3 du gouvernement d’Édouard Philippe, ne cédant le pas, dans l’ordre protocolaire, qu’au Premier ministre et au ministre de l’Intérieur. Quel long chemin parcouru pour ce portefeuille qui, à sa création en 1971, n’était qu’un simple secrétariat d’État ! Quel long cheminement, inattendu, pour Nicolas Hulot, qui était peut-être le premier surpris de se retrouver sur les marches de l’hôtel de Roquelaure, lorsque Ségolène Royal lui a passé le relais ! La presse parle de la « prise de guerre d’Emmanuel Macron ». Dany Cohn-Bendit va jusqu’à saluer « un coup de génie : Hulot est typiquement le mec qui n’est ni à droite ni à gauche, mais à droite et à gauche » (article du Monde, 17 mai 2017). Les ONG saluent l’immense espoir que représente l’entrée de « l’un des leurs » au sein du nouveau gouvernement, mais l’attendent tout de même au tournant. Isabelle Autissier le reconnaît :
— Avoir un ministre compétent et convaincu, c’est mieux ! Si quelqu’un a des chances de réussir et d’obtenir des résultats, c’est bien lui, pour deux raisons : il connaît les dossiers et il a maintenant une petite expertise de la machine de l’État, même si elle est récente et incomplète. De plus, il a une légitimité populaire énorme. Mais on se garde notre capacité de critiquer. Ce n’est pas parce que c’est Nicolas Hulot qu’on va tout lui passer  (entretien avec Isabelle Autissier, 11 octobre 2017) !

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