Les boursiers européens redémarrent l’année sur les chapeaux de roue, sont-ils devenus fous ?<!-- --> | Atlantico.fr
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En quelques jours, la Bourse de Paris a effacé la moitié des pertes de l’année dernière.
En quelques jours, la Bourse de Paris a effacé la moitié des pertes de l’année dernière.
©MICHAEL M. SANTIAGO GETTY IMAGES NORTH AMERICA Getty Images via AFP

Bourse de Paris

En quelques jours, la Bourse de Paris a effacé la moitié des pertes de l’année dernière et comme tous les marchés européens, elle s’inscrit dans une tendance forte et longue pour 2023. Tous les analystes du climat économique et social devront regarder de près les raisons de ce rebond.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Alors que le climat qui touche à la sphère économique et sociale charrie les prévisions les plus sombres sur la croissance, l’inflation, les taux d’intérêt, le pouvoir d’achat - ce qui nourrit un pessimisme endémique, les milieux financiers ont chassé les nuages de leurs tableaux Excel et voient très clairement des perspectives de redressement se dessiner. 

Tout le monde avait terminé l’année 2022 avec un moral dans les chaussettes. Entre la guerre en Ukraine qui a cassé beaucoup de certitudes positives, la crainte d’une récession grave liée à la hausse (sans doute trop rapide) des taux d’intérêt, la locomotive chinoise décidément en panne pour cause de Covid et même le FMI, dont la vision était franchement brouillée, personne ne voyait clairement comment allait se passer l’année 2023 et tout le monde se mettait à l’abri d’une tempête qui semblait inévitable.

Et puis, depuis le Nouvel an, les marchés financiers nous ont donné des signaux très positifs sur l’évolution de la situation. A Paris, les grandes valeurs du Cac 40 ont regagné en 6 jours la moitié des pertes de l’année passée, soit un rebond de plus de 6%. Au niveau des autres grandes bourses européennes, un rebond plus nerveux qu’aux Etats-Unis ; où l’on craint la hausse des taux et l’effondrement des valeurs digitales qui ont déjà perdu plus de 30%. Ce sont les valeurs de haute technologie, les Tesla, Facebook, Apple qui ont plombé les moyennes.  Cela dit, le digital avait pris tellement de valeur sur les marchés que les spécialistes ne s’inquiètent pas trop d’un retour à la normale. Globalement, les marchés américains ne sont pas en risque. Au contraire. 

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Cela dit, ce changement de climat en ce début d’année a pris beaucoup de stratèges de court, car beaucoup d’observateurs prédisaient la catastrophe pour 2023. Pour être clair, ils restent très circonspects. 

Les marchés financiers ne sont pourtant pas pilotés par des irresponsables. Ils gèrent l'épargne mondiale de tous les salariés (ou presque) et notamment des fonds de retraite. Ils ont des comptes à rendre. Leurs analyses méritent donc une attention particulière, d’autant qu’ils prennent des décisions qui les engagent. 

Alors la vraie question que les responsables politiques, les chefs syndicaux devraient se poser, devrait porter sur les vraies raisons pour lesquelles les marchés financiers sont plus optimistes qu’eux-mêmes. Ce qui s’est passé au moment du Covid aurait dû nous servir de leçon. Au début du Covid et du premier confinement, la grande majorité des analystes était tombée dans le catastrophisme. Personne ne croyait plus personne. Ok, sauf que si la pandémie a provoqué un séisme mondial, les systèmes économiques occidentaux ne se sont pas effondrés. Et jamais les milieux financiers ont perdu le contrôle des évènements. 

On traverse actuellement le même phénomène. A croire que les marchés financiers voient des évolutions et des tendances lourdes que le commun des mortels de la classe politique ne voit pas.

Sur la situation économique, dès la semaine dernière, les investisseurs ont compris que l’inflation allait se calmer. En Europe, comme aux Etats-Unis, le ralentissement plus marqué que prévu. D’autant que la hausse des salaires est plus modérée que ce que les économistes craignaient. D’où un risque plus faible d’une contagion à l’ensemble des systèmes économiques. L’inflation a tendance à se calmer parce qu’elle était tres ciblée (sur l’énergie, les matières premières, les biens alimentaires) et que les marchés se régulent. La demande s’est contractée avec le ralentissement de l’activité. 

Ce ralentissement prépare évidemment le terrain à la détente des taux d’intérêt. L’Europe peut redémarrer plus vite et plus fort que l’Amérique du Nord. L’Europe a des moyens de financement avec une épargne disponible considérable, l’Europe a un modèle social qui est certes couteux, mais qui est capable d’absorber les chocs sur le terrain social. Enfin, l’Europe a certes du mal à vivre son unité, mais quoi qu'on dise, elle sort plutôt renforcée dans sa solidarité et son unité après les épreuves de la Covid ou de la guerre. L’agression russe a renforcé l’Union européenne, et l’OTAN au service de la protection européenne. 

Tous ces faits expliquent que les marchés financiers pour l’instant donnent une prime aux valeurs européennes par rapport aux américaines. Et cela, en dépit du projet très protectionniste de Joe Biden. 

Sur la situation géopolitique, les acteurs des marchés regardent avec beaucoup d’attention l’évolution de la Chine. Et désormais, les investisseurs sont beaucoup moins inquiets que l’année dernière. D’abord, parce que la Chine est sortie de son confinement, donc elle a fait redémarrer ses usines, et ouvert ses portes. Mais ça ne veut pas dire qu’elle va retrouver son rôle d’usine du monde. Cette affaire du Covid chinois marque un affaiblissement du régime politique et a poussé les industriels occidentaux à modifier leur politique de localisation et leur sourcing. Pour le monde occidental, ce sont plutôt de bonnes nouvelles. Reste l’inconnue Ukraine, mais les Européens ne voient pas comment la Russie pourrait gagner la guerre. Ils sont plus inquiets de « l’après Poutine ». 

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