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De nouvelles ampoules longues durées (LED, fluo compatibles etc.) ont remplacé les traditionnelles ampoules à incandescence interdites à la production en Europe depuis 2012
De nouvelles ampoules longues durées (LED, fluo compatibles etc.) ont remplacé les traditionnelles ampoules à incandescence interdites à la production en Europe depuis 2012
©Reuters

Idée lumineuse... ou pas

Interdite à la production en Europe fin 2012, la traditionnelle ampoule à incandescence a été remplacée par une nouvelle génération plus chère mais écologique, consommant moins d'énergie et donc supposément plus rentable... Ce que d'aucuns démentent, laissant en suspens la question des interdictions et de l'introduction au forceps de cette technologie.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Atlantico : Une étude d'un groupe de consommateurs révèle que plus d'une ampoule longue durée sur quatre ne tient pas ses promesses de longévité (lire ici). Ces nouvelles ampoules longues durées (LED, fluo compatibles etc.) ont remplacé les traditionnelles ampoules à incandescence interdites à la production en Europe depuis 2012. Comment expliquer cette interdiction d'une technologie au profit d'une autre ? Que cela révèle-t-il de la vision de la consommation ?

Erwan Le Noan : L’Union européenne (c’est-à-dire, la Commission mais avec elle le Parlement et les Etats membres qui ne sont jamais loin) a considéré que les ampoules à incandescence étaient trop consommatrices d’énergie et les a interdites. Cette logique, totalement dirigiste, devrait rassurer ceux qui pensent que l’Europe est la championne du laissez- faire !

Elle part d’une bonne intention : la préservation de l’environnement. Dans ce secteur, les politiques ont généralement la conviction que le marché ne peut pas fonctionner. Alors ils font des choix arbitraires pour décider ce qui est bien ou non. A nouveau, ils le font certainement avec des objectifs généreux, mais rien n’indique que ce choix soit économiquement optimal : le régulateur ne pourra jamais intégrer autant d’informations que les prix qui se déterminent librement par la rencontre de millions de volontés individuelles. Son choix se fait donc sur des informations finalement restreintes.

Derrière la dimension juridique, apparaît le fait que ne reste sur le marché que des produits plus chers qu'auparavant. Qu'est-ce qui pousse l'Europe à provoquer cela ? Qui a intérêt à cela surtout dans une période de crise ?

La théorie économique et juridique enseigne que lorsqu’une régulation est édictée, le régulateur peut toujours être la victime d’une "capture" par une entreprise, une association, un lobby quelconque. Les meilleures intentions ne produisent malheureusement pas toujours les meilleurs résultats.C’est pour cela que la solution du recours au marché est préférable. Dans le cas présent, il faudrait savoir comment la réglementation a été élaborée.

Cette solution coûteuse a au moins un mérite : faire comprendre aux consommateurs que le "développement durable" en matière d’énergie, ça veut dire payer plus cher. Aujourd’hui, les Français paient par exemple leur électricité à un niveau de prix qui est subventionné (pour les tarifs), cela les incite à consommer et non à économiser.

Dans quelle mesure cela peut-il correspondre à l'idée européenne d'un "marché libre" ?

Contrairement à ce que l’on entend souvent, l’Union européenne n’est pas un pur espace de marché au fonctionnement libre et débridé. Elle a certes introduit de la concurrence dans des pays qui n’aimait pas beaucoup cela ; mais elle a pris aussi l’habitude de réguler cette concurrence et d’harmoniser les législations, pour promouvoir, par exemple, avec l’accord des Etats, le développement durable (il faut entendre les conservateurs anglo-saxons dénoncer le Léviathan bruxellois). Dans le cas des ampoules incandescentes, on est plutôt du côté de la réglementation inspirée par des intentions généreuses que de celui du libre marché.

Les deux arguments les plus utilisés pour défendre les nouvelles générations d'ampoules sont la longévité et l'environnement. Résistent-ils à une analyse poussée ? Notamment si l'on s'en réfère aux avis de consommateurs qui sont les premiers concernés.

Visiblement, il existe des débats sur l’efficace des nouveaux produits, le fait qu’ils respectèrent ou non l’environnement etc. La question n’est pas vraiment là à mon sens : la seule question qui devrait importer est de savoir ce que veut le consommateur. Si celui-ci veut préserver l’environnement, il ira acheter de lui-même ces ampoules plus chères (qui mettent des heures à éclairer correctement). S’il veut au contraire s’éclairer vite et pas trop cher, il devrait pouvoir acheter les ampoules traditionnelles ; mais alors à lui aussi de payer la pollution par la suite si elle est démontrée.

Propos recueillis Jean-Baptiste Bonaventure

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