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Législatives marocaines : 
qui pour contrer les islamistes ?
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Automne arabe

Élections législatives anticipées au Maroc ce vendredi. Loin du clivage gauche-droite, deux blocs hétéroclites tentent d'endiguer la montée de l’islamisme.

Nabil Bayahya

Nabil Bayahya

Nabil Bayahya est diplômé de Sciences Po Paris. Il est actuellement Executive Partner en charge de la practice Consulting au sein d’un cabinet international d’Audit et de Conseil. Il intervient  régulièrement dans les colonnes du premier quotidien économique du Maroc, L'Economiste (www.leconomiste.com)   notamment sur des thématiques culturelles ou politiques 

 

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En choisissant leurs représentants ce vendredi, les Marocains désigneront pour la première fois eux-mêmes leur chef de gouvernement. La réforme met ainsi les partis au premier plan, après des décennies dominées par la haute administration. Mais loin du clivage gauche-droite, deux blocs hétéroclites tentent aujourd’hui de conjurer la montée de l’islamisme. Tout reste alors possible sur un échiquier politique pas comme les autres.

Si l’anticolonialisme s’est d’abord nourri des idées de gauche, le parti de l’Indépendance (Istiqlal) a choisi le conservatisme au détriment de son aile progressiste devenue l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP). Conservateurs, libéraux, et sociaux-démocrates marocains trouvent ainsi leur ancrage dans un clivage gauche-droite traditionnel.

Ces partis historiques ont cependant formé dès les années 1970 une Koutla (Alliance) face aux « partis de l’administration » encouragés par le Roi Hassan II pour contrer toute hégémonie partisane. Cette démocratie sous surveillance a ainsi multiplié les partis au lieu de les réduire. Aujourd’hui encore, une trentaine de formations sont actives sans qu’aucune n’atteigne 15%. Les innombrables coalitions possibles nourrissent ainsi instabilité et scepticisme.

La menace islamiste

Si le scrutin uninominal pouvait supporter un nombre élevé de partis pour des élections de notables, la proportionnelle intégrale en vigueur depuis 2002 semble aujourd’hui le seul rempart contre l’islamisme qui arbitre désormais chaque scrutin. Les ambitions du Parti de la Justice et du Développement (PJD), qui allie rigorisme des mœurs et engagement social dans un discours populiste irréductible aux clivages traditionnels, cristallisent ainsi les débats électoraux depuis une décennie.

La classe politique a longtemps préféré s’entendre pour le neutraliser, au risque d’en faire le noyau de l’opposition.Mais tout gouvernement d’union nationale reste contre nature pour trancher les questions de société. Le procès en inaction fait au gouvernement sortant est la conséquence de ce choix politique qui n’offre d’alternative à l’islamisme qu’un repli stratégique des principales formations marocaines réduites à leurs bases communes.

Une transition soigneusement contrôlée

En 2008, un intime du Palais, Fouad Ali El Himma,  crée le Parti Authenticité et Modernité (PAM), offrant aux électeurs une légitimité royale pour exprimer leur soutien au Monarque autant que leur défiance envers la classe politique. Après un premier succès aux municipales, il s’est allié au Rassemblement National des Indépendants (RNI), le parti libéral gouvernemental, pour former une coalition hétéroclite de 8 partis allant de la droite conservatrice à la gauche révolutionnaire avec une teinte d’islamisme.

Ce G8 se pose aujourd’hui comme une alliance centriste. Mais en offrant le leadership au RNI, il isole surtout l’Istiqlal qui se retrouve affaibli dans son alliance historique avec l’USFP, et se pose la question d’une entente avec le PJD dans lequel il est tenté de voir un simple parti conservateur. En renvoyant ainsi dos à dos la Koutla et le parti islamiste, le G8 trouve sa raison d’être dans une machine électorale efficace, mais dépourvue de cohérence idéologique.

La Monarchie sur la défensive ?

Le Maroc du « Printemps arabe » est le seul pays à avoir trouvé une réponse institutionnelle et démocratique aux attentes de la rue. Mais si le Palais est assuré de la loyauté du futur gouvernement, le prochain Premier ministre ne bénéficiera pas de l’aura du Souverain pour rassembler autour d’un projet national. Le coalitionnisme marocain a peut-être sa logique politique, mais il n’apporte ni la stabilité ni la sérénité d’un clivage naturel.

Enfin comme le disent les candidats eux-mêmes, une alliance n’est pas une coalition, n’excluant pas une recomposition post électorale. Le verdict sortira donc des urnes, lesquelles garderont toujours leur part d’imprévisibilité.

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