Atlantico Business
Le prix de l’or, du pétrole, du cuivre et des produits agricoles baisse. Pour les uns, c’est un bon signe. Pour d’autres, c’est un mauvais. Voilà pourquoi
Les addicts au marché ont du mal à comprendre. L’ensemble des prix qui s’étaient envolés au début de la Guerre en Ukraine, provoquant une inflation rapide sur les produits de première nécessité, se sont calmés. La peur de la guerre s’est doublée d’une crainte de récession économique mondiale.
Avec la guerre en Ukraine, les cours des matières premières et des produits agro-alimentaires de première nécessité se sont mis à flamber, le pétrole (plus de 150 dollars le baril), tous les carburants, le gaz et même le charbon. L’or a dépassé les 2000 euros l’once. Comportement habituel de la valeur refuge mais pour refluer assez vite vers les 1700 euros. La volatilité est propre au métal jaune qui surréagit aux évènements.
La plupart des prix qui s’était envolés sont donc revenus à des niveaux moins chauds.
Cette évolution a été bien décrite par la plupart des économistes, mais assez mal entendue par la classe politique qui a continué de réclamer des mesures d’urgence en compensation.
Le ministre de l’économie Bruno Le Maire est resté assez calme, faisant le pari d’une inflation qui ne durerait pas. « Le pic a été atteint » a-t-il même dit hier. Ce qui ne console pas des dégâts faits au cours des six premiers mois, mais qui lui permet de présenter un projet en deça de ce que réclamait la classe politique d’opposition. Cette prudence lui permet de donner un signal de repli à la droite libérale qui s’inquiète avec raison de la dérive de la dette.
Ce qui se passe à la frontière des marchés monétaires, financiers et de matières premières et de l’économie réelle permet d’expliquer tous ces phénomènes.
Il faut savoir d’abord que les marchés qui fabriquent quotidiennement les prix et les cours agissent en fonction des évènements, des faits et des chiffres, mais pas seulement. Les marchés agissent en fonction de ce que perçoivent les populations de consommateurs finaux et des épargnants. Ce qu’ils perçoivent, ce qu’ils prévoient et ce qu’ils ressentent a parfois plus d’impact que la mécanique économique elle-même.
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Acte 1. Avant la guerre, Sur le front de la réalité, les risques inflationnistes sont apparus avant l’attaque des russes sur l’Ukraine. Les prix ont commencé à bouger à la fin du covid, lorsque les économies ont redémarré très violemment. Le choc de la demande, du rattrapage couplé à certaines difficultés du côté de l’offre (pour cause de Covid résistant en Chine notamment), les prix ont bougé surtout aux États-Unis.
Acte 2. Toujours sur le front de la réalité mais une réalité boostée par des facteurs psychologiques liés à l’attaque surprise des Russes en Ukraine, les prix se sont envolés ; la guerre n’avait rien d’une guerre de pacotille et les sanctions occidentales ont engendré un risque très sérieux de rupture du côté de l’offre de pétrole, de carburants, des énergies et des produits agro-alimentaires, le blé bloqué à Odessa etc. Cette envolée a légitimement fait peur à tout le monde, une peur relayée par la presse et la classe politique, aggravée aussi par la spéculation de ceux qui pouvaient profiter de ce phénomène. Cette inflation-là n’a pas été expliqué aux Français auxquels on n’a pas osé expliquer que cette hausse des prix représentait une forme de soutien au peuple Ukrainien.
Acte 3. Après presque 5 mois de guerre, les appréhensions se sont calmées, on a trouvé des alternatives et préparé des solutions pour assumer les risques de pénurie. Les prix sont donc un peu retombés, mais pas parce qu’on n’avait plus peur de la guerre, ils sont retombés parce que les prévisions officielles font état d’un vrai risque de récession économique et qui dit récession, dit chute de la demande, donc retour des prix à la baisse.
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Acte 4. Le gouvernement français qui s’était bougé pour faire un plan de lutte contre l’inflation ne change pas son fusil d’épaule mais de cible. L’objectif est toujours d’alléger les effets des pertes de pouvoir d’achat, mais surtout d’espérer que ce pouvoir d’achat soit consacré à la demande de consommation pour soutenir l’activité , parce que le risque que nous courrons désormais est celui d’une récession.
En 2021, la croissance a été extrêmement forte parce que tous les moteurs avaient été rallumés. En 2022 la croissance est en chute parce qu’il y a des risques de rupture d’approvisionnement (d’où les hausse de prix) mais elle est en chute parce que l’offre du système se tasse. D’où la nécessité de soutenir la demande.
Les prix les plus impactants sont revenus à des niveau plus supportables, le pétrole notamment est à 100 dollars le baril et ça continue, le gouvernement n’aura pas à soutenir le consommateur qui pourrait retrouver ses habitudes de prix grâce au ralentissement de l’économie. C’est bien pour le pouvoir d’achat, ce sera beaucoup moins bien pour l’emploi et l’activité.
L’or, dans tout cela, ne réagit pas forcément de façon très rationnelle. Son évolution est très rapide et très volatile. Le métal jaune a fait une poussée violente au moment de la guerre, puis il est revenu à ses niveaux de l’été 2021, un peu comme la plupart des matières premières, comme le cuivre par exemple.
Cette volatilité permet aux amateurs d’or de se racheter un peu de stock à bon prix actuellement, ce qui lui permettra de se vendre au moment où on aura la preuve qu’on s’installe dans la récession.
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L’or a toujours été considérée comme une valeur refuge contre les aléas de l’histoire, contre les désordres des guerres. Mais on s’aperçoit aujourd’hui que l’or est une valeur spéculative. Et le plus important des spéculateurs du monde sur l’or est l’État Russe. D’où la mise récente sous sanction du commerce de l’or avec la Russie par les Occidentaux.
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