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Le principal frein à la croissance des PME, c’est la pénurie de compétences
©CPME Paris-Ile de France

Atlantico Business

Alors que le chômage de masse continue de gangrener la société française et de freiner sa capacité de développement, les PME ne trouvent pas à embaucher les personnels dont elles ont besoin.

Bernard Cohen-Hadad

Bernard Cohen-Hadad

Bernard Cohen-Hadad est président de la commission financement des entreprises de la CGPME. Il est également président du think-tank Etienne Marcel et assureur.

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Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Pour les PME, le frein principal à la croissance est désormais l’incapacité du marché de l’emploi à satisfaire les demandes d’embauches. Les tensions du marché sont telles que dans beaucoup de secteurs, les entreprises sont obligées de retenir leur développement.

D‘un côté, un taux de chômage insupportable, de l’autre, des entreprises qui ne trouvent pas les salariés dont elles ont besoin. Les PME d’Ile-de-France peuvent sauver l’emploi des jeunes dans la région capitale. Elles en ont les moyens. Elles en ont aussi besoin…

La CPME Paris Ile-de-France regroupe 3000 TPE et PME dont la moitié est sur Paris. La confédération patronale organise aujourd’hui la troisième édition de l’Université Francilienne des Entreprises. L’objectif est de restaurer l’égalite des chances dans la promotion et la création de l’emploi. L’enjeu est surtout de trouver des solutions pour que le marché de l’emploi soit plus fluide, plus efficace.

Bernard Cohen-Hadad s’explique :

Jean-Marc Sylvestre : Quelle est la conjoncture économique pour les PME en Ile-de-France actuellement après une année très bousculée par le mouvement des gilets jaunes et l’ampleur des mesures gouvernementales qui ont été prises afin de répondre aux revendications de pouvoir d’achat ?

Bernard Cohen-Hadad : Les entreprises franciliennes ont affiché une croissance moyenne de 1,9 % de leur chiffre d’affaires au cours des quatre derniers trimestres (i.e. du 3e trimestre 2018 au 2e trimestre 2019) ; cette évolution dans la région est restée inférieure à la performance nationale (+ 2,2 %). – Source : CCI

L’année a été bousculée par les manifestations des gilets jaunes et les mouvements sociaux, mais globalement les résultats économiques sont encourageants.

Les PME ont été pénalisées par les manifestations successives des « gilets jaunes » fin 2018 et début 2019 (notamment - 6,9 % en mars), le nombre de nuitées dans les hôtels d’Ile-de-France a affiché des résultats, certes hétérogènes, mais plus favorables à partir du printemps (+ 4,9 % en avril, - 2,6 % en mai et + 4,4 % en juin).

Par ailleurs, l’emploi salarié privé reste dynamique (83 000 créations nettes dans la région entre le 2e trimestre 2018 et le 1er trimestre 2019), ce qui a conduit le taux de chômage francilien (7,6 %) à son niveau le plus bas depuis début 2009. Et nos PME n’y sont pas pour rien !

Le moteur de l’exportation en Ile-de-France reste très dynamique. Dans la lignée des trimestres précédents (+ 9,0 % en glissement annuel au troisième trimestre 2018, puis + 13,4 % au quatrième trimestre 2018). Si  les exportations en valeur déclarées par les entreprises franciliennes ont augmenté de 11,4 % au premier trimestre 2019 par rapport à la même période de 2018, elles touchent encore peu nos PME.  Parallèlement, les importations ont également augmenté début 2018 mais plus modérément (+ 2,2 % par rapport au premier trimestre 2018). Par conséquent, le déficit commercial francilien s’est atténué début 2019 et, en cumul sur les quatre derniers trimestres (i.e. du deuxième trimestre 2018 au premier trimestre 2019), est passé sous les 50,0 – Source CCI

Jean-Marc Sylvestre : Si on résume le tableau de bord des PME, on retient quels chiffres ?     

Bernard Cohen-Hadad : Très simple :

       . Augmentation de 1,8% de l’activité des TPE PME franciliennes par rapport au S2 2018

·      Quasi-stabilité pour les défaillances d’entreprises (- 0,7 % au 1er trimestre 2019, puis + 0,5 % au suivant)

·      +1,9% de CA sur les 4 derniers trimestres

·      +2,2% de hausse d’activité pour le S2 2019

C’est une particularité de la région capitale.

Jean-Marc Sylvestre : Quelles sont vos attentes en termes de réformes de la part des pouvoirs publics ? Quelles sont vos priorités en matière de réformes sociales pour les PME ?

Bernard Cohen-Hadad : Le chef d’entreprise a besoin de liberté et de stabilité dans la régulation. Ce qui gêne nos entreprises en général c’est le manque de visibilité, et les changements incessants au niveau de la fiscalité et des normes sociales. Il faut nous laisser vivre dans un écosystème qui soit porteur et stable. Pour le reste que chacun fasse son travail. Que l’Etat poursuive ses réformes de structure, de simplification et les entreprises digèreront les réformes et créeront de la valeur.

L’organisation à laquelle nous appartenons attend beaucoup de la mise en place du CSE pour dynamiser le dialogue social dans les PME, qui s’approprient positivement cette réforme. En effet, sur le papier, elles peuvent faire une réunion tous les deux mois, mais dans la réalité du terrain elles le font une fois par mois.

Sur la réforme des retraites, François Asselin, le président de la CPME Nationale, est très attentif. Il est inquiet de certains projets : l’absorption des réserves par le régime unique qui portent un risque d’Etatisation. Ce qui pose problème à terme ? La disparition progressive du paritarisme et des corps intermédiaires.

Jean-Marc Sylvestre : Venons-en à l’état du marché de l’emploi en Ile-de-France qui est au centre de vos travaux.

Bernard Cohen-Hadad : Très simple. Toutes les études réalisées par Rexecode et BPI notamment, montrent que le marché de l’emploi est en tension. La rencontre entre employeurs et demandeurs peine à se faire.

On constate une embellie : au 2e trimestre 2019, le nombre de demandeurs d’emploi franciliens diminue par rapport au 1er trimestre 2019 le taux de chômage est stable au 1er trimestre 2019, et se situe à 7,6 %.

  • L’emploi salarié augmente de 0,4 % au 1er trimestre 2019.
  • L’activité partielle est en recul au 2e trimestre 2019.
  • Le nombre de plans de sauvegarde de l’emploi est en légère baisse au 2e trimestre 2019.
  • Progrès des emplois durables au deuxième trimestre 2019

MAIS et c’est là, où nous avons un problème : les difficultés de recrutement demeurent de loin le principal frein à la croissance, citées par 59% des PME interrogées par l’étude BPI Rexecode. Elles sont à nouveau en progression par rapport au trimestre précédent (57%) et sur un an (56% au 3 e trimestre 2018).  Ces difficultés affectent le développement de leur activité. Difficultés exprimées : pénurie de candidats et inadéquation des attentes réciproques entre entreprises et candidats.

Jean-Marc Sylvestre : Est-ce que le projet du Grand Paris avec tous les investissements programmés ne va pas être un formidable accélérateur de croissance, qu’en attendez-vous ?

Bernard Cohen-Hadad : Le Grand Paris Express est un investissement d’avenir. Nos entreprises savent ce qu’il leur coûte ! Mais ses bénéfices en matière d’emploi, de formation, d'insertion, de productivité et d'attractivité en font un projet à haute valeur ajoutée. Il profitera aux Franciliens, au développement économique de toute la région et à l’ensemble du pays. C’est pourquoi, les TPE et  PME doivent profiter des opportunités. Le « quota PME » ne doit cependant pas se résumer à la seule participation aux chantiers d’infrastructures. Autour des nouvelles gares va naître une nouvelle vie. Ces activités doivent profiter aussi aux TPE - PME et aux indépendants et à l’emploi de proximité. C’est pourquoi il est important de rester attentif à ces problématiques et au dialogue qui s’instaure entre tous les acteurs comme à la maitrise des budgets. Ces projets doivent créer une vraie dynamique de l’emploi sur tout le territoire francilien avec des coûts maîtrisés.

En termes d’Emploi :

Le chantier du Grand Paris Express mobilise, chaque année, environ 15 000 emplois pendant toute la durée des travaux, dont deux tiers dans l’industrie de la construction et un tiers pour la réalisation des matériels roulants.

En phase d’exploitation, le fonctionnement, la maintenance et l’entretien du réseau seront sources d’emplois nouveaux et de compétences à qualifier.

Le projet induit également de nouvelles activités dans et autour des gares : services, projets d’aménagement, construction de logements, etc.

D’ici à 25 ans, au moins 100 000 emplois, selon les prévisions, seront créés grâce au nouveau métro. Ces créations s’ajouteront aux 685 000 emplois générés naturellement par la croissance de la région, indépendamment du nouveau métro. Il y a aussi un vrai enjeu de développement économique responsable.

Au niveau de l’inclusion et de la formation, la réalisation du Grand Paris Express est l’occasion de favoriser l’inclusion,  l’insertion professionnelle et la formation. Ainsi, les marchés contractés intègrent des clauses d’insertion, réservant 5 % des heures de travail à des personnes éloignées de l’emploi, dont bénéficieront prioritairement les habitants des territoires traversés par le Grand Paris Express. Nos PME seront attentives au respect des engagements en matière de RSE, à la promotion du plan 1000 jeunes et à l’application de la loi Paqte dans les quartiers.

Jean-Marc Sylvestre : C’est donc un moteur de croissance pour les PME ?

Bernard Cohen-Hadad : Le chantier du nouveau métro, comme le Terminal 4 de Roissy que nous soutenons,  est un levier de croissance pour les PME, et pour l’emploi,  en Île-de-France. Reste à garantir que la part des 20 % des travaux réservés aux PME soit effectivement exécutée par des TPE PME, ou des indépendants, en cotraitance ou en sous-traitance. Pour cela, nos entreprises doivent travailler ensemble et être accompagnées.

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