Mystère scientifique ou hallucination de masse ? Le “hum”, ce bruit entendu un peu partout dans le monde et qui rend les gens fous<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Insolite
Mystère scientifique ou hallucination de masse ? Le “hum”, ce bruit entendu un peu partout dans le monde et qui rend les gens fous
©Reuters

Ecoute, compagnon, écoute

On appelle « Hum », ces sons de basses fréquences, persistants et envahissants, qui ressemblent à un bourdonnement rappelant un moteur diesel. Et ils rendent dingues beaucoup de personnes.

Sue Taylor a commencé à l'entendre, une nuit, en 2009. Cette infirmière psychiatrique à la retraite vit à Roslin en Ecosse, un petit village proche d'Edimbourg. "C'était comme un bourdonnement, un "hum" épais résonnant dans toute la maison, qui m'a tenu éveillée", dit-elle. Au début, elle pensait qu'il provenait d'une usine voisine, ou peut-être d'un générateur électrique.

Des vertiges et des nausées

Elle a commencé à passer ses soirées à rechercher la source de ce bruit, à rôder autour des maisons de ses voisins dès les premières lueurs de l'aube. Sue s'est également rendue chez un spécialiste de l'audition pour une consultation. Mais rien à faire, le bruit persistait. Elle est devenue malade, prise de vertiges et de nausées, avec un sentiment écrasant de désespoir et d'impuissance à force de ne pas localiser ni identifier l'origine du son. Sue pensait que sa tête allait exploser et "les gens me prenaient pour une folle", explique-t-elle.

Un grondement lointain

L'expérience décrite par Sue Taylor, et beaucoup d'autres, est devenue ce que l'on appelle le "Hum", un phénomène auditif mystérieux qui, selon certaines estimations, ne serait perceptible que par 2 % de la population, relate le magazine The New Republic. On ne sait pas quand le Hum a commencé à se faire entendre, ou quand les gens ont commencé à le remarquer, mais il a fini par attirer l'attention des médias dans les années 1970, à Bristol, en Angleterre.  Après avoir reçu plusieurs rapports sur ce sujet, le tabloïd britannique Sunday Mirror a titré, en 1977, "Avez-vous entendu le Hum ?" Des centaines de lettres sont venues inonder la rédaction. Toutes rapportaient des faits similaires : un faible grondement lointain, comme un moteur diesel au ralenti, la plupart du temps audible la nuit.

Simples acouphènes ou réelles souffrances ?

L'histoire du Hum commence dans des lieux éloignés de l'agitation des villes. Il a d'abord été signalé à Bristol, il est apparu au Nouveau-Mexique, en Indiana, en Ecosse... Avec de multiples plaintes, toutes classées sans suites. La plupart des recherches universitaires menées sur ce sujet ont conclu à de simples acouphènes (sensations auditives, tels que des sifflements, grésillements, bourdonnements, qui ne sont pas causées par un bruit extérieur) ou à des bouffées délirantes.

Rejetées par les forces de l'ordre et les chercheurs, les personnes souffrant du Hum sont démoralisées, découragées. Ce qui permet aux thèses conspirationnistes de se développer sur ce terreau.

Des thèses conspirationnistes

En 2009, le premier épisode d'une théorie du complot fait son apparition, elle relate un dispositif de contrôle des esprits par le gouvernement. Coïncidence ? Un épisode d'X-Files de 1998 parle d'un phénomène similaire au Hum... Sur une page Facebook, dédiée aux personnes souffrant du Hum, un article décousu décrit comment "les satellites sont utilisés pour devenir des instruments de torture" en transmettant des sons, des voix et des images directement dans le cerveau, créant de nombreuses douleurs. Cet article nomme plusieurs personnes qui ont été ciblées par cette technologie, comme Aaron Alexis qui, le 16 Septembre 2013, est entré dans un bâtiment du Naval Sea Systems Command, à Washington, et a tué douze personnes avant de mourir dans une fusillade avec la police. Aaron Alexis est devenu, pour certains, la preuve que le Hum est non seulement une nuisance, mais aussi la preuve d'une conspiration du gouvernement. Dans un message récupéré dans son ordinateur par les autorités, Aaron Alexis a écrit : «J'ai été soumis à une attaque d'une ultra basse fréquence ces trois derniers mois. Et pour être parfaitement honnête, voilà ce qui explique mon geste".

Des signaux extra-terrestres ?

Les hypothèses pour expliquer le Hum ne manquent pas, des plus rationnelles aux plus fantastiques et farfelues : phénomènes géologiques ou atmosphériques, infrasons provenant de processus industriel, prospection pétrolière et gazière, fuite de tuyaux, sirène, chute de météores, antennes de téléphonie, éoliennes, communications en basse fréquence des sous-marins, signaux extra-terrestres, gémissements de notre planète à l'agonie, accouplement de créatures sous-marines...

Ce qui reste quand tous les bruits ont disparus

La révolution industrielle a changé notre approche du bruit. Et après l'introduction, dans les années 1920, du décibel comme une unité objective pour mesurer le bruit, les villes ont été en mesure de mettre en œuvre des politiques d'atténuation du bruit pour en réduire son volume global. Mais paradoxalement, c'est précisément ces lois de réduction du bruit qui ont permis au Hum d'émerger. Dans un environnement bruyant comme New York, il est très difficile d'entendre le Hum, car il tend à se fondre avec le vacarme et le chaos ambiant. En fait, le Hum n'est pas tant un son, mais plutôt ce qui reste une fois que tous les autres bruits ont été enlevés.

Comme un hydravion qui décolle

Glen MacPherson, professeur de mathématiques en Colombie-Britannique, au Canada, et auteur d'une banque de données et d'un carte mondiale du Hum, a souffert de ce phénomène. En 2012, il a commencé à entendre chez lui, la nuit, le bourdonnement de ce qu'il supposait être des hydravions qui décollaient et atterrissaient. Rapidement, il s'est rendu compte que ce bruit n'était pas causé par des avions. "Le bruit était régulier à partir de 22 heures mais s'interrompait lorsque je sortais dehors. La source provenait donc de chez moi et j'ai éteind mon réfrigérateur, puis tous les appareils électroménagers, puis j'ai totalement coupé l'électricité de la maison". En vain, le bruit était encore plus fort.

Une vibration basse fréquence ?

MacPherson s'est alors rendu sur Google et a trouvé un article dans le Journal of Scientific Exploration, rédigé par un géophysicien nommé David Deming. Ce dernier, enseignant à l'Université de l'Oklahoma depuis 1992, a été l'un des premiers scientifiques à prendre le problème du Hum au sérieux (il a également entendu le Hum). Deming a pu distinguer le Hum des acouphènes. Les acouphènes peuvent prendre plusieurs formes, mais l'intensité du bourdonnement peut croître et décroître, il est plus ou moins omniprésent et ceux qui en souffrent ont tendance à l'entendre partout. A l'inverse, le Hum est constant et seulement dans certaines circonstances : à l'intérieur, dans des zones rurales, etc. Deming a estimé que le Hum n'était pas un son mais peut-être une vibration basse fréquence que certaines personnes interprètent comme un son.

La cartographie planétaire du Hum

En se basant sur les constatations de David Deming et en répertoriant les différentes plaintes sur le Web, MacPherson a cartographié le Hum et sa base de données permet aux utilisateurs d'entrer leurs expériences avec le Hum. Aujourd'hui, il y a plus de 5000 cas répertoriés et résultat... Le Hum est mondialisé ! On le trouve au Kansas, en Turquie, en Australie, en Islande, aux Philippines mais il reste cependant très concentré en Amérique du Nord et en Europe. Mais comme son site n'est accessible qu'en anglais, cela pourrait expliquer cette répartition.

Un cercueil pour bloquer les ondes

Sur les conseils de Deming, MacPherson a créé une boite, comme un cercueil, longue d'1,80 mètres sur 1 mètre de large, en acier faible en carbone, pour bloquer les ondes très basses fréquences. Avec cette boite, à condition de ne pas être claustrophobe, on peut détecter si la personne entend le Hum à l'extérieur ou/et à l'intérieur. Ce qui permettrait de prouver l'existence du Hum et l'action des ondes basses fréquences.

Mais après avoir finalement terminé sa boîte, MacPherson a arrêté brusquement l'expérience. Il a expliqué que son emploi du temps était trop chargé et a minimisé l'impact de sa boîte, jugeant qu'elle n'avait pas beaucoup d'utilité pratique. On ne peut pas vivre toute sa vie dans une boîte étanche...

Le Hum va rester une énigme

Plutôt que d'espérer mettre fin au problème du Hum, une fois pour toutes, MacPherson espère que son expérience servira de catalyseur pour une enquête plus sérieuse. Il estime que le Hum pourrait être résolu avec un bon laboratoire et un petit budget.

Seul problème, personne ne veut investir d'argent. Le Hum va donc continuer à faire souffrir nombre de personnes et va rester une énigme non résolue.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !