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Laurent Wauquiez efficace dans la contradiction, moins convaincant dans la construction
©CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Du pain sur la planche

Invité de "L'Emission Politique" ce jeudi soir, le patron des Républicains a pu mesurer le long chemin qui attend la droite avant de retrouver un jour les commandes du pays.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Invité de l'Emission Politique, deux jours avant la réunion du premier Conseil National depuis son élection à la tête de LR, Laurent Wauquiez a pu mesurer le long chemin qui attend la droite avant de retrouver un jour les commandes du pays. Et avant d'incarner celui qui la conduira à la victoire, Laurent Wauquiez a du pain sur la planche: si à l'issue de l'émission un  sondage réalisé sur le vif l'a jugé convaincant pour 50% des interviewés représentatifs de l'ensemble des Français, une étude Odoxa-Dentsu commandée par Le Figaro et France-Info montre que si 59% des Français le jugent dynamique, 46% le trouvent agressif, 44% démagogue et 51%  pensent qu'il imite le Front National. Et lui qui se veut le représentant de la France rurale, celle qui souffre de la mondialisation, face à un Emmanuel Macron  qui incarne cette mondialisation, ne supplante pas le chef de l'Etat sur "la connaissance de la province". Avec 54% d'opinions favorables, Emmanuel Macron est considéré comme "plus proche des gens" que Laurent Wauquiez (39 % ). Le fait de répéter à l'envi qu'il habite en Auvergne, ne crédite pas le Président de LR d'une "suprématie" provinciale. Cela risque au contraire de le priver d'une partie de l'électorat urbain qui se sentira, lui, incompris par la droite .... 

Cependant Face à ses intervieweurs et ses  contradicteurs, le multi-diplômé Wauquiez a su résister, faute d'avoir vraiment su  démontrer que "la droite est (déjà) de retour". Il entend en tous cas se consacrer pleinement à cette tâche puisqu'il a annoncé qu'il ne sera pas tête de liste aux élections européennes de 2019, qui préoccupent déjà les états-majors politiques. Cela ne l'empêchera pas de faire campagne contre un nouvel élargissement de l'Union Européenne aux pays des Balkans, comme le prône Emmanuel Macron.  Au porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux qui défendait la création d'un budget européen "qui permettrait à l'Europe d'être un espace de protection", Laurent Wauquiez a opposé  la priorité aux entreprises françaises, refusant que " les Allemands soient les seuls à profiter du système européen". Et lorsque  le porte parole du gouvernement  tente de mettre en avant l'imminente augmentation du pouvoir d'achat promise par Emmanuel Macron, Laurent Wauquiez lui renvoie l'augmentation de la CSG qui frappe durement les retraités, et les 42% des cadeaux fiscaux qui profitent aux 5% les plus riches ". Il s'est également montré  très combattif face à Alain Minc qui regrettait que Laurent Wauquiez ne soit pas resté "un héritier de Valéry Giscard d'Estaing ", en utilisant notamment un vocabulaire proche de la tradition de l'extrême droite. "Le monde a changé, j'ai fait le choix de me remettre en question" lui a rétorqué Wauquiez qui a mis en avant les méfaits de la mondialisation et souligné " les limites de la pensée unique" dont son interlocuteur  fait figure de représentant.

Pressé de s'imposer sur l'échiquier politique et soucieux de ne "pas laisser le monopole  de l'immigration au Front National" , dont il veut reconquérir une partie des électeurs, Laurent Wauquiez met donc l'accent sur  la question hypersensible de l'immigration. Il y a "trop d'années que la droite a capitulé" martèle-t-il, laissant entendre que l'immigration pénalise les classes moyennes avant d'annoncer qu'il veut "diminuer de moitié le nombre de titres de séjours dans notre pays", le ramener à moins de 100.00, alors que plus de 260.000 ont été délivrés en 2017. Propos qui font dire au porte-parole du FN, Sébastien Chenu que Laurent Wauquiez valide les thèses du parti de Marine Le Pen. Mais aussi propos qu'il est facile de tenir dans l'opposition...

Pour l'heure, la voie est étroite pour le nouveau chef de LR: confronté  aux départs de figures historiques du mouvement, comme Alain Juppé, Xavier Bertrand, Dominique Bussereau, Laurent Wauquiez qui " veut ouvrir les portes et les fenêtre", veut promouvoir de jeunes élus encore peu connus et par conséquent écarter des personnalités ne jouissant pas de la même notoriété nationale que les précités. Il veut surtout des instances moins nombreuses que du temps de Nicolas Sarkozy, ce qui donne lieu à des tractations internes douloureuses. Passés ces épisodes inévitables au moment d'un changement d'ère, se posera la question; quel avenir pour LR, pris en étau entre La République en Marche  et le FN ?  Reconstruit-on  un parti fort  en affirmant qu'on ne veut pas laisser le monopole du social à la Gauche, qu'on est contre la limitation de la vitesse à 80km/heure , contre la hausse de la CSG, que l'on connait mieux que personne les questions d'immigration parce qu'on "parle arabe" ?

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