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Laurent Obertone : « L’intimidation par le chantage au racisme est un pourrissement démocratique qui ne pourra finir que dans la violence »
©Reuters

Immigration

Après La France Orange Mécanique" et "La France Big Brother", l'écrivain et journaliste Laurent Obertone revient avec "La France Interdité", une enquête sur l'immigration publiée aux éditions RING. Entretien.

Laurent Obertone

Laurent Obertone

Laurent Obertone est journaliste diplômé de l’ESJ de Lille. Après avoir travaillé pour un hebdomadaire français, il s'est consacré à l'écriture de "La France orange mécanique" (2013, Editions Ring). Il est l'auteur de "La France Big Brother" (2015, Editions Ring). Son dernier livre s'intitule Guerilla (2016, Editions Ring). 

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Atlantico : Votre livre, "La France interdite", s'attaque à l'idée préconçue et souvent rabattue sans argumentation que "l'immigration est une chance pour la France". Qu'est-ce qui vous fait dire que ce n'est pas du tout le cas ?

Laurent Obertone : Pour être honnête, à peu près tout. À part augmenter mécaniquement le PNB du pays en augmentant le nombre d'individus, ce qui profite essentiellement aux grands patrons, l'immigration de masse se traduit surtout par quantité de difficultés, économiques, sociales, culturelles, etc. Bien sûr, il y a plusieurs formes d'immigration, et les difficultés sévères concernent une minorité d'immigrés. Mais le bilan global n'est pas bon. Comme je le montre dans ce livre, il en résulte une asphyxie économique, un effondrement de la cohésion nationale, la croissance de tensions sociales sans précédent, et une chute progressive du niveau de vie.

Lors d'une récente émission politique, le président des Républicains Laurent Wauquiez et le Premier ministre Edouard Philippe ont longuement débattu pour savoir si la France pouvait se permettre de délivrer quelques 250.000 titres de séjour comme cela a été le cas en 2017. A la fin du débat, il était difficile de trancher rationnellement entre les deux visions proposées. Qu'est-ce qui rend tout débat et toute discussion particulièrement compliqués sur ces questions ?

Le problème de ce « débat » est qu'il repose intégralement sur l'émotion. Les protagonistes ne s'appuient pas sur des données rationnelles : ils adoptent des postures, et parlent à des publics déjà convaincus, selon leur stratégie de communication. De plus, le débat porte sur les quelques dizaines de personnes de l'Aquarius, ou même sur les titres de séjour, quand il devrait porter sur le bouleversement démographique sans précédent que subit la France depuis quatre décennies, contre son gré. Or il est presque impossible d'en parler sans se voir excommunié par Big Brother, cette caste d'individus, nécessairement progressistes, qui contrôlent les grands médias, donc l'accès à l'expression publique. De fait, les inquiétudes de la population majoritaire n'ont pas droit de cité dans le débat officiel. Avec ce constat, mon livre fait aussi le procès de la démocratie. Tout ce que l'on voit à la télévision n'est qu'un théâtre, avec des acteurs habitués et des répliques convenues.

Vous déclarez que contrairement à ceux qui défendent l'immigration, vous vous appuyez sur tous les chiffres qui concernent l'immigration. En quoi votre méthode et votre approche vous permettent-elles de faire valoir une objectivité plus importante que celle du discours dominant ?

Le discours dominant fait passer la morale avant tout le reste. « La diversité est une richesse », « l'immigration est une chance », ce sont des assertions dépourvues de sens factuel. C'est une récitation, une croyance... Moi j'ignore les dogmes et je base mon travail sur des faits. Il existe quantité de données objectives, scientifiques, permettant d'évaluer l'ampleur de l'immigration, ses conséquences économiques, sociales, culturelles, etc. J'en ai fait la synthèse dans La France Interdite. Il fallait reprendre ce débat à l'hystérie, et le rendre aux faits.

Vous remarquez aussi que le constat de l'immigration n'est plus tellement l'enjeu : les chiffres semblent globalement connus des spécialistes. Reste les conséquences. Pourquoi est-il si compliqué d'aborder les enjeux de l'immigration aujourd'hui ? Pourquoi y a-t-il ce phénomène de "renoncement" que vous décrivez ?

Tous ceux qui ont quelque chose à perdre dans ce pays, notamment une bonne place ou une carrière, se conforment à la morale dominante, celle de Big Brother, parce qu'un simple écart de pensée (on parlera de « dérapage ») peut violemment les rétrograder. Les universitaires, les journalistes, les responsables, les hauts fonctionnaires, ont beaucoup à perdre dans leur petit monde, et dans ce climat menaçant de dénonciation et de chasse aux sorcières antiraciste, ils préfèrent se ranger sur des opinions conformes à celles de leur groupe. C'est-à-dire des opinions progressistes. Dans ce monde-là le réel n'est pas le bienvenu. Il faut avoir de bonnes intentions, et les afficher bruyamment. Celui qui constate que l'immigration n'est objectivement pas une chance, que ce soit socialement, économiquement, en matière de niveau de vie, etc., va donc préférer garder le silence. Et son poste, et sa réputation... Il en va de même pour nous tous, au quotidien. L'immigration étant un sujet socialement dangereux, pour éviter les accusations infamantes habituelles (« raciste », etc.), nous modérons tous nos opinions critiques. C'est de l'auto-censure « citoyenne ».

La récente altercation à la télévision entre la chroniqueuse Hapsatou Sy et le journaliste Eric Zemmour à propos des prénoms non-français n'est-elle très illustrative du débat sur la question migratoire aujourd'hui ? Les deux protagonistes semblent aimer la France, mais préfèreraient une France sans l'autre... Cette idée n'est-elle pas illusoire ?

Force est de constater qu'elle ressemble plus à la réalité du communautarisme, qu'à l'utopie du vivre ensemble. Comme je le montre dans mon livre, la partition communautaire, qui génère de telles tensions, se complique d'une partition idéologique, entre les « pour » et les « contre », qui le sont souvent violemment, parfois de façon irrationnelle. Toutes les bonnes intentions du monde ne suffiront pas à réduire ou à surmonter de telles divisions, qui deviendront chaque semaine plus brûlantes. Pour moi, il serait illusoire – et extrêmement dangereux – de persister dans cette voie.

Les migrants et descendants de migrants extra-européens sont aujourd'hui en France et souvent Français. Vous condamnez l'idéologie du vivre-ensemble, mais n'y a-t-il pas une nécessité pratique de trouver une façon de vivre ensemble aujourd'hui ? 

La nationalisation de millions d'individus ne résout absolument pas le problème. Il ne suffit pas de papiers, de prénoms ou de volonté. Faire vivre ensemble de si importantes communautés ne sera bénéfique à personne. La nécessité pratique – et urgente – est plutôt de renoncer au mythe du vivre ensemble, et de penser l'après, pour éviter que cet après s'impose à nous dans la douleur. Plus nous persistons dans nos illusions, par lâcheté intellectuelle, moins nous rendrons le débat possible, et l'avenir respirable.

Votre livre parlera sans aucun doute aux convaincus, mais que faire pour que le débat puisse se poursuivre plus largement sur ces questions ? Les affrontements sur la question migratoire ne sont-ils pas particulièrement stériles et douloureux pour notre société parce qu'ils sont pareils à une guerre de position, sans mouvement clair et sans issue visible ?

C'est précisément parce qu'on s'efforce de rendre ces débats stériles et douloureux qu'ils ne débouchent jamais sur un mouvement clair et visible, qui devrait être celui de l'opinion, et qui n'est jamais que celui de Big Brother. La première chose à faire est de refuser le politiquement correct, le chantage au racisme, cette nouvelle loi des suspects qui vise, par l'intimidation et le conditionnement, à contrôler l'opinion et à priver les peuples de leur souveraineté. Rien n'est pire que ce pourrissement « démocratique », qui ne permet que d'ajourner le choc contre le mur du réel. Et plus le temps passe, plus il sera violent. 

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