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Lady Di, Jackie Kennedy, Marilyn... Des modèles à quatre sous pour des sociétés biberonnées aux fables
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Nostalgie

Le princesse Diana arrive en tête d'un sondage sur les stars dont on regrette le plus la mort, devant le fondateur d'Apple, Michael Jackson et Whitney Houston.

Jacques Charles-Gaffiot

Jacques Charles-Gaffiot

Jacques Charles-Gaffiot est l'auteur de Trônes en majesté, l’Autorité et son symbole (Édition du Cerf), et commissaire de l'exposition Trésors du Saint-Sépulcre. Présents des cours royales européennes qui fut présentée au château de Versailles jusqu’au 14 juillet 2013.

 

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Les idoles d’autrefois se sont métamorphosées de nos jours en icônes !

Depuis Montesquieu, l’exotisme ne s’est jamais démodé. Toutefois, ce glissement sémantique illustre parfaitement, avec un zest de provocation détournant l’acception religieuse du mot en vue d’une signification purement profane, l’aveuglement avec lequel, depuis une génération et demie, tous les repères culturels et moraux sont brassés.  Bravant tous les tabous, « affranchis » des vieilles lunes, on entre ainsi dans les univers du in ou du politiquement correct dans lesquels le « jeunisme » est un ciment plus robuste que le meilleur des mortiers.

Madonna Louise Ciccone a bien compris cela. The Queen of Pop, avec une énergie qui confine peut-être au talent, en offre quotidiennement, depuis trente ans, la démonstration.

En son temps, Marilyn avait d’abord séduit par un physique avantageux non seulement tous ses admirateurs au cinéma, mais avec une adresse naturelle beaucoup de ceux qui eurent l’occasion d’approcher la star de près ou de loin tout au long de sa carrière. Un demi siècle après son décès, l’ensorceleuse vedette reste l’une des actrices américaines les plus adulées. Immortalisés par Andy Warhol, les traits de son visage sont  indéfectiblement gravés dans toutes les mémoires... mais pour  combien de temps ?

Si Marilyn partage sa notoriété posthume avec Jacky Kennedy, il est plus difficile pour cette dernière d’établir avec certitude la partie de son destin qui la fit naître au firmament du ciel. Est-ce la tragédie du 22 novembre 1966 ou les scandales liés à sa vie sentimentale ?

Parmi les icônes de nos temps modernes figure aussi en très bonne place Lady Di dont la prochaine vie mise à l’écran apparaît comme une nouvelle consécration. Avec cette ex princesse de Galles et le roman feuilleton de ses amours meurtries, le virus de la coqueluche médiatique semble avoir gagné la majorité du genre humain en infantilisant encore davantage son immense club de fans réunis dans une même émotion au moment de son décès tragique. Lors de ses funérailles, les démonstrations les plus inouïes se sont succédées. Une surenchère communicative, confinant parfois à une hystérique immaturité collective, fut l’occasion d’une superbe récupération par les médias entichés de pathos, à l’avantage également des marchands de peluches, de posters et de colifichets les plus insolites.

Ces réactions, en témoignant de profondes pulsions irrationnelles du public comme de l’inconscient collectif nous placent brusquement, si l’on veut bien se regarder, en présence d’une nouvelle identité, construite par l’Occident en quelques décennies. Certes, les hommes ont toujours aimé se créer des héroïnes ou des dieux à peu de prix pour célébrer valeurs ou vertus. Mais désormais la tendance people, en se réduisant au plus petit dénominateur commun, brasse pour nous entretenir de ses demi-dieux exclusivement les thèmes du sexe du pouvoir et de l’argent.

Par bien des côtés la superficialité de cette image offre de quoi nous interroger.

Notre civilisation, à la vocation universelle, doit essentiellement son succès pour avoir été construite sur la philosophie d’Aristote, celle-ci pouvant se résumer en un unique principe : « ce qui est, est ; ce qui n’est pas, n’est pas ».

Or depuis Mai 68, des sirènes prônent un théorème inverse. A l’origine, c’était là une toute petite rumeur, susurrée par quelques intellectuels aventureux jugés farfelus ou désopilants. Elle a ensuite enflé au fil des ans pour devenir totalitaire et asséner des contrevérités présentées comme autant de certitudes en reléguant les évidences les plus vérifiées au rang des fables.

Marilyn, Jacky Kennedy et Lady Di, si séduisantes toutes les trois et dont les destins respectifs peuvent légitimement susciter la compassion, ne sauraient être bien sûr regardées comme des anomalies de la nature. Mais doivent-elles, en raison des quelques étincelles propagées autour d’elles durant leur (courte) vie, être élevées au rang de modèles et d’étoiles du firmament ?

Le sentimentalisme qui auréole aujourd’hui leur figure, et que l’on exploite parfois sans scrupule, témoigne davantage de la médiocre élévation d’âme de notre temps qui s’entiche de modèles à quatre sous et s’éloigne de causes plus nobles. L’actualité offre malheureusement quotidiennement l’exemple de pareilles inversions.

Le film d’Olivier Hirschbiegel sera peut-être un chef d’œuvre cinématographique en ressuscitant deux années de la vie tragique de Diana. Mais en guise d’icône pour notre société, il serait sans doute bienvenu de renoncer à la proie pour l’ombre !

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