La théorie se confirme dans la réalité : le télétravail est mauvais pour la créativité<!-- --> | Atlantico.fr
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Un homme passe un appel vidéo alors qu'il travaille depuis son domicile, le 14 mai 2020
Un homme passe un appel vidéo alors qu'il travaille depuis son domicile, le 14 mai 2020
©LOIC VENANCE / AFP

Nombreuses problématiques

Suite à la pandémie de Covid-19, le télétravail se démocratise dans tous les secteurs d'activité. Mais cette pratique pose de nombreux problèmes, dont une baisse de la créativité

Caroline Diard

Caroline Diard

Caroline Diard est professeur associé au département Droit des Affaires et Ressources Humaines à la Toulouse Business School.

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Atlantico : Aujourd’hui, le télétravail fait partie de notre vie quotidienne en entreprise, mais il affaiblit fortement la vie sociale entre les employés, terreau de la créativité. À quel point ces nouvelles habitudes atténuent-elles l’apparition d’innovations au sein d’une entreprise ?

Caroline Diard : Lorsqu'un collaborteur débute dans une entreprise en télétravail, on ne s’intègre pas d’une manière habituelle à distance car on utilise des outils de communication qui modifient le fonctionnement de l’entreprise. Lorsque l’on se parle sur un chat ou en visio-conférence, il peut y avoir des éléments de contexte parasites comme l’intervention de son animal de compagnie, d’un enfant ou l’écoute d’un conjoint. Ainsi, on ne pourra pas pleinement s’exprimer et commencer à créer un contact avec son interlocuteur. Le télétravail pose comme premier problème l’expression de la créativité à cause de la fluidité de la communication qui est modifiée à distance.

Une communication sous contrôle freine l’utilisation d’un certain vocabulaire que l’on utiliserait en présentiel. À l’inverse, lorsque l’on utilise une messagerie instantanée, certains échanges se font alors qu’ils ne seraient jamais parti en présentiel. En télétravail, on va moins oser et parfois trop oser. 

Le contact entre les employés favorise-t-il l’émulation ?

Le fait de ne pas percevoir la culture de l’entreprise que cela soit en présentiel ou à distance ne participe pas à l'intégration, à la bonne performance collective et au développement de l’innovation. Nous avons vu cela avant l’apparition du télétravail, mais cela s’accentue avec le travail hybride. Quand on est en visio conférence, on n’est pas concentré à 100% sur ce que l’on fait et il y a un défaut de créativité. Si l’on est moins concentré on innove moins.

Lors d’une réunion en présentiel, on fait attention, on se contrôle, on regarde les gens, on se regarde. Le même exercice de mindmapping en visio et en présentiel ne fournira pas de résultat similaire. 

Le contact par voie virtuelle est-il moins efficace pour générer de nouvelles idées ?

Avec les outils de visioconférence, l’échange est plus lent qu’en présentiel et on a toujours une angoisse d’une coupure de la communication. Il s’agit d’un stress "technologique" qui n’existe pas lorsque l’on est en présentiel. 

On a surtout perçu la difficulté d’acculturer un collaborateur à distance. Si l’on prend un stagiaire en télétravail, il ne va pas pouvoir travailler correctement. Cette situation est aussi vécue par les alternants qui ne peuvent pas être formés à distance. Les alternants sont pourtant une force vive de créativité d’une entreprise car ils apportent du « sang neuf » et permettent de prendre du recul. Avec le télétravail, on pourrait perdre en innovation. 

Le monde de l’entreprise a-t-il pris des mesures pour résoudre ce problème ? 

De nombreux managers nous ont appris que le tout à distance n’était pas gérable. Avec le télétravail hybride, il faut trouver du temps et des espaces collectifs pour innover ensemble. Les managers doivent faire ressortir la notion de collectif et ils deviennent des « synchroniseurs » en trouvant des salles et du temps pour que les employés se retrouvent entre eux. Il faut qu’ils montrent qu’il est encore possible d’être tous ensemble. 

Par extension, retrouvons-nous cette même problématique avec les pôles urbains de créativité ?

Faire du réseau c’est échanger, c’est être créatif et on retrouve cela dans les grandes villes. Il y a même des espaces de coworking qui ont été créés dans des immeubles d’habitations pour que les résidents échangent. Mettre les gens ensemble dans un espace partagé qu’ils s’approprient et auquel ils vont s’acculturer, cela va permettre des échanges fructueux et une augmentation de l’innovation et de la créativité 

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