La Sécu et la parfaite duplicité de la bureaucratie syndicale<!-- --> | Atlantico.fr
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La Cour des Comptes adresse deux reproches au régime minier : il est mal géré, et il offre des soins de mauvaise qualité.
La Cour des Comptes adresse deux reproches au régime minier : il est mal géré, et il offre des soins de mauvaise qualité.
©Reuters

Hypocrisie

La bureaucratie syndicale adore servir une soupe toute faite sur la sécurité sociale. Officiellement, la Sécu est une grande conquête sociale, un lieu de bonheur et de progrès, etc. Pourtant, il suffit de lire l’actualité quotidienne pour mesurer la parfaite duplicité de ce discours puisque, dans le temps même où la bureaucratie syndicale vante les mérites de régime général paraît-il inventé en 1945, la même bureaucratie ne manque pas une occasion de souligner les méfaits de ce système, et de prolonger indéfiniment la résistance à sa mise en place.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Bureaucratie syndicale et régimes spéciaux

Une illustration limpide de cette duplicité est donnée par la question des régimes spéciaux. Très longtemps, les confédérations syndicales ont lutté pied à pied pour préserver ces régimes. Il faut comprendre la portée politique de cette résistance.

Pour l’essentiel, les régimes spéciaux furent inventés dans les années 30, selon le principe de la solidarité professionnelle en vigueur à l’époque. Ces régimes étaient fixés par les partenaires sociaux de la branche concernée. Ils prévoyaient, selon les règle fixées par la loi de 1928, la retraite à 60 ans et un système par capitalisation.

En 1945, la mise en place de la sécurité sociale a proposé un "régime général" dont les garanties étaient beaucoup moins favorables. La retraite était passée à 65 ans, les pensions étaient moins élevées et les soins moins bien remboursés que par les régimes professionnels.

C’est à cette époque que la duplicité de la bureaucratie syndicale a commencé. D’un côté, il fallait dire du bien de la sécurité sociale pour le tout venant. De l’autre, il fallait lutter contre sa mise en place là où existaient des régimes d’avant-guerre, tous plus favorables.

Le cas du régime minier

70 ans après, la même duplicité est à l’oeuvre. On le voit dans l’affaire du régime minier qui vient d’être épinglé par la Cour des Comptes.  La Cour des Comptes adresse deux reproches à ce régime spécial : il est mal géré, et il offre des soins de mauvaise qualité.

Preuve est une nouvelle fois faite que la sécurité sociale obligatoire, loin d’être la panacée universelle, peut réserver de très mauvaises surprises à ses cotisants.

Alors que ces constats devraient pousser à étendre le régime général aux ayant-droits du régime minier, au nom de la solidarité et de la mutualisation si chère à nos organisations syndicales, toutes les centrales syndicales se sont élevées contre cette forfaiture : comment appliquer le régime universel à nos ressortissants qui appartiennent à une race supérieure d’assurés sociaux ? Certainement pas.

Les ahurissants propos de la CFDT

On notera sur ce point le terrible aveu de la secrétaire générale CFDT des mines :

"En supprimant la CANSSM, la Cour des comptes supprime le seul véritable garant des droits des affiliés du régime minier […] Chaque mot de ce chapitre décrédibilise l’offre de santé du régime minier […] C’est une invitation à l’extermination du régime, donc la remise en cause des engagements pris par le gouvernement."

Relever du régime général ne garantit donc, selon la CFDT, aucun droit pour les affiliés, et relève de l’extermination.

Il faudra se souvenir de ces propos d’une virulence impressionnante à la prochaine sortie de la CFDT sur les bienfaits du régime général. Parce que nous, nous n’avons pas le choix (même si nous aimerions l’avoir) : le régime général, nous sommes obligés d’y être, et de subir ses inconvénients si bien décrits par les syndicats qui le défendent.

Cet article a initialement été publié sur le blog d'Eric Verhaeghe

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