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La saison des assemblées générales se termine, les actionnaires des grandes entreprises se sont calmés mais certains patrons restent sous surveillance
©CGPME

Pris pour cible

La saison des assemblées générales d’actionnaires s’est achevée dans le calme. Chez Renault par exemple, Carlos Ghosn a évité la guerre, mais pour combien de temps ?

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Tout le monde s’attendait à une série d’assemblées générales plutôt chaudes. Il n’en fut rien. Chez Renault, où tout le monde s’inquiétait d’une reprise des hostilités entre les actionnaires et Carlos Ghosn, l’armistice a été accepté. Ceci étant, la rémunération de Carlos Ghosn, qui atteint globalement les 7 millions d’euros, a été votée par une majorité d’actionnaires, courte certes (51% du capital) mais votée, alors que beaucoup d’observateurs s’attendaient à ce qu‘elle soit refusée comme l’année dernière où le conseil d’administration était malgré ce refus passé outre.

Cette année, il n’y a que l’Etat qui a refusé d’entériner le salaire des dirigeants, mais n’a pas cru bon de le crier haut et fort. C’est quand même une excellente nouvelle pour l'homme fort de Renault, puisque depuis la loi Sapin 2, les rémunérations qui sont retoquées par les actionnaires doivent être revues à la baisse.

Il faut dire que le projet de créer une structure à Rotterdam, qui pourrait gérer des bonus exceptionnels à partir des Pays-Bas  au profit des dirigeants de l’alliance Renault Nissan, a été vigoureusement démenti. En entendant cela, on n’a parlé que de ces « fake news », ce qui a mis la question de la rémunération au second plan.

Ce retour au calme relatif n’est pas propre à Renault. La plupart des assemblées générales qui sont l’expression de cette démocratie capitaliste se sont plutôt bien passées pour deux raisons.

D’une part, les résultats économiques et financiers sont dans la majorité des cas plutôt bons. Les grandes entreprises ont profité à plein de la reprise mondiale. Ils ont pu ainsi pour la plupart majorer les distributions de dividendes. Et de mémoire de managers, il n’y a pas de meilleurs moyens pour calmer des actionnaires que de leur distribuer de l’argent.

D’autre part, les grandes directions ont fait un effort d’information et de pédagogie sur les conditions internes de fonctionnement et leur évolution.

C’est d’ailleurs sur les points d’amélioration possible que les actionnaires restent très vigilants et sont prêt à ressortir les armes.

1. La question des rémunérations reste sensible. Entre le salaire net, les parts variables, les bonus en actions ou les stocks option, les parachutes, les actionnaires s’y perdent un peu, mais les fonds et les cabinets qui travaillent pour ces entreprises sont très pointus. La plupart des dispositifs ont été validés dans les entreprises françaises. La loi Sapin 2 a eu un effet dissuasif évident.

Si les résultats promis n’ont pas été délivrés, la colère n’est jamais loin. La société Bombardier par exemple a provoqué une bronca des actionnaires quand ceux-ci ont découvert que les dirigeants s’étaient octroyés des augmentations de 48%, alors que les résultats sont médiocres par le fait d’erreurs stratégiques et que la société a dû annoncer un plan social qui supprime 7000 emplois. Chez British Petroleum, Wells Fargo et Volkswagen, les dirigeants ont passé de sales moments en cours d’assemblée générale.

2. La question des quotas de femmes parmi les dirigeants n’en est plus une dans les entreprises françaises qui respectent toutes les 40% imposés par le législateur dans les conseils d’administration ou les conseils de surveillance. Restent quelques progrès à faire dans les Comex qui sont les véritables gouvernements des entreprises.

3. La question de la RSE, la responsabilité sociale et environnementale reste très présente. Les actionnaires sont de plus en plus attachés à la performance sociale de l’entreprise et à ses efforts concernant la protection de son environnement. Des études nombreuses en Europe comme aux Etats-Unis tendent à prouver qu’il n’y a pas de contradiction entre une politique sociale équilibrée, voire généreuse, qui protège l’emploi et les conditions de travail et les résultats financiers. Même constat avec la politique environnementale. Le social et l’environnement sont désormais deux critères de choix retenus par les actionnaires, les salariés et même les clients. Donc les dirigeants qui sont par métier pragmatiques ont intégré ces problématiques. C’est très vrai au niveau des multinationales, c’est beaucoup moins vrai au niveau des PME ou des ETI.

4. La question de la mutation digitale et environnementale est devenue prioritaire pour les actionnaires. Les dirigeants ne parlent plus de crise (elle est finie), de révolution (trop anxiogène), mais de mutations nécessaires. D‘où l’acceptation d’efforts d’investissement et de redéploiement. A la limite, la flexibilité qui est un des outils pour favoriser l’adaptation à l’environnement, est de plus en plus assumée par les actionnaires et les clients. Un peu moins par les syndicats, encore qu’ils ont compris pour la plupart que leur intérêt à eux aussi était de protéger l’emploi, et qu’il fallait en payer le prix par une recherche de compétitivité. 

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