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La saison de la déprime hivernale est là et voilà comment y faire face (même si vous n’aviez pas conscience d’être aussi concerné…)
©FRED DUFOUR / AFP

Morosité

Il n’est pas rare de se sentir fatigué et abattu pendant la saison hivernale. Ce phénomène, qui disparaît le plus souvent au printemps, touche environ 10% de la population

Adeline Gaillard

Adeline Gaillard

Adeline Gaillard est psychiatre à l’hôpital Sainte Anne (Paris) et spécialiste du traitement de la dépression.  Elle est également auteur d'un livre « Antidépresseurs », coécrit avec le Dr David Gourion, sorti fin octobre 2015 aux éditions Delachaux et Nestlé.

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Atlantico : Avec le changement d’heure, les jours raccourcissent. Cette période de l’année est souvent accompagnée d’une déprime hivernale que les Anglo-saxons appellent Seasonal Affective Disorder (SAD). Quels en sont les principaux facteurs ?  Comment identifier les symptômes de la déprime hivernale ? 


Adeline Gaillard : Le changement de saison s’accompagne d’un changement de luminosité. En hiver, plus on s’éloigne de l’équateur, plus les journees raccourcissent, et notre organisme est alors moins exposé à la lumière. 

Cela a un impact  léger sur notre organisme et notre humeur avec un sentiment de morosité et l’envie de se réfugier sous la couette. C’est la déprime hivernale.

A ne pas confondre avec la dépression saisonniere. La dépression est un état de tristesse, de perte d’élan vital avec une douleur morale quotidienne, quasi permanente pdt au moins 2 semaines. Les pensées tournent autour d’idees de culpabilité et d’autodépréciation. Sont aussi  associés  des symptômes physiques (troubles du sommeil, de l’appetit), un ralentissement psychomoteur avec des difficultés cognitives (troubles de la concentration, de la mémoire, indécision). Ces personnes peuvent présenter un état de détresse tel qu’ils peuvent avoir des idées suicidaires. La dépression nécessite une prise en charge médicale.

On va parler de dépression saisonnière quand les épisodes dépressifs surviennent de façon répétée lors des changements de saison (le plus souvent en automne/début de l’hiver). 

Les femmes seraient 4 fois plus sensibles à la déprime hivernale que les hommes. Comment expliquer ce phénomène ? Plus largement, certains individus ont-ils une prédisposition à la déprime hivernale ?

Probablement du fait de variations hormonales plus importantes (cycles menstruels, grossesses, post parfum, menopause),  les femmes sont plus exposées au risque de dépression que les hommes. 

Comment peut-on espérer traiter cette déprime ? On évoque souvent la luminothérapie. A quel point est-ce utile ? 

La luminotherapie a montré son intérêt dans la prévention de la dépression saisonnière et dans le traitement de la dépression saisonniere légère. Le mieux est de l’appliquer avant l’apparition des premiers symptômes quand les journées commencent à raccourcir. Il existe de nombreux appareils mais il convient de veiller à leur qualité. Il est aussi recommandé d’éliminer une contre indication ophtalmologique.

Le plus simple est encore de faire de sa propre luminotherapie en sortant de chez soi! Prendre son café en terrasse le matin , faire une partie du chemin à pied pour aller travailler, prendre l’air à la pause déjeuner, ce sont autant de moments passés à la lumière et cela a un intérêt même si le temps n’est pas ensoleillé !    

Est-ce que le fait de multiplier les activités en plein air, aller au restaurant ou avoir une activité visant à casser la routine pourrait permettre de sortir de la déprime hivernale ? L’hygiène de vie est-elle au cœur de la problématique ?

En hiver, tout nous pousse à rester calfeutrés. On n’a pas forcément envie de sortir dans le froid, ce qui est normal, on est comme poussé a hiberner. Pourtant l’hygiène de vie est un élément incontournable pour préserver sa santé psychique. Nous nous en rendons encore plus compte avec le télétravail  qui a gommé les limites temporelles de nos journées et ne nous incite pas à sortir. De nombreux processus physiologiques comme le sommeil, la température corporelle, la sécrétion de cortisol (l’hormone du stress) varient en fonction de notre horloge biologique. On parle de rythmes circadiens. Ces rythmes ont besoin de s’appuyer sur des reperes externes comme l’alternance jour nuit. Tout ce qui va pouvoir donner un rythme à nos journées, une régularité, va nous aider à passer cette période hivernale . Avoir une routine est finalement une bonne manière de se protéger  , et cette routine peut consister en des horaires de lever et de coucher réguliers, une activité sportive, des sorties entre amis.

L’activité physique en soi, (et la marche en fait partie) à en soi un effet bénéfique pour prévenir la dépression. L’exposition à la lumière également. Pratiquer une activité physique en extérieur est idéal quand cela est possible. 

Des compléments alimentaires à base de vitamine D ou la phytothérapie pourraient-ils être une solution ? Plus largement, l’alimentation a-t-elle un rôle important à jouer dans le bien-être et la lutte contre cette déprime hivernale ? 

Pour synthétiser la vitamine D, notre peau a besoin d’être exposee au soleil. 

La carence en vitamine D est fréquente dans nos contrées à la sortie de l’hiver et pourrait aussi être impliquée dans les troubles psychiques. 

La correction de ces carence et la supplémentation en vitamine D chez les personnes à risque est essentielle. 

L’alimentation doit rester équilibrée toute l’année mais en hiver on est d’avantage tenté par des repas copieux et réconfortants. La période des fêtes entraîne aussi des écarts alimentaires et un consommation d’alcool plus importante. N’oublions pas que l’alcool a également des effets depressogenes et altère la qualité du sommeil.

Un traitement médicamenteux est-il envisageable ? Est-ce le dernier recours ?

En cas de depression sévère, qu’elle soit hivernale ou pas, un traitement médicamenteux  doit être proposé. Il peut être combiné à de la luminotherapie mais la luminotherapie seule sera insuffisante. 

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