La réforme fiscale : l’enfer des imposables et l’absence de création de richesse <!-- --> | Atlantico.fr
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La conséquence de la réforme fiscale est que tous les autres pays européens sont devenus de véritables paradis fiscaux.
La conséquence de la réforme fiscale est que tous les autres pays européens sont devenus de véritables paradis fiscaux.
©Flickr / Images_of_Money

Etat castrateur

La réforme fiscale du gouvernement ne se résumera qu'à une hausse généralisée et sans discernement des impôts. De quoi inciter les entrepreneurs et investisseurs à s'exiler chez nos voisins, devenus par comparaison des paradis fiscaux.

Frédéric Lemaître

Frédéric Lemaître

Frédéric Lemaître est Président de Fair Disclosure Management SAS, société de gestion de base de données sensibles. 

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Une hausse généralisée et sans discernement des impôts ne fait pas une réforme fiscale, c’est plus qu’une erreur c’est une faute !

En matière économique et fiscale, la France est gouvernée comme si elle était seule au monde, ou tout du moins en Europe. Ainsi, durant la campagne présidentielle, le projet socialiste énumérait des propositions fiscales qui faisaient office de programme de réformes à venir, si le candidat socialiste était élu. Mais ces différentes propositions, mises bout à bout, ne font pas une politique et encore moins une stratégie bien construite lorsqu’elles sont déconnectées de notre environnement économique mondial.

On a parlé de réforme fiscale, alors qu’il ne s’agit, en fait, que d’un alourdissement général de la fiscalité des revenus du travail et du capital. Ce train de mesures fiscales a donc été pris sans prendre en compte l’environnement fiscal européen, comme si on pouvait s’en abstraire seul contre tous, et surtout sans prendre en compte les mesures que les contribuables les plus touchés prendront pour adoucir la dose ou simplement pour fuir l’enfer fiscal annoncé. Car la France sera le seul pays au monde où un contribuable pourra payer plus d’impôts qu’il n’a eu de revenus en 2012 ! Sans que le Conseil constitutionnel ne juge bon de censurer la taxe exceptionnelle sur la fortune. La conséquence directe de cet état de fait est que tous les autres pays européens sont devenus de véritables paradis fiscaux : vont-ils être mis sur la liste noire par le gouvernement français ?

Le plus navrant, dans cette histoire est que ce sont uniquement les « travaux » de Thomas Pickety qui ont servi de justification à ces propositions qui vont hypothéquer durablement notre avenir contre toute analyse comparative et objective des résultats des différentes politiques fiscales engagées par nos voisins.

Il en va de la fiscalité du patrimoine qui devient réellement absurde et contre productive ; ce que la réalité des faits est en train de démontrer : l’exode des détenteurs de patrimoines plus ou moins importants s’accélère, le départ de jeunes entrepreneurs vers des cieux plus cléments prend de l’ampleur et la fuite des plus ou moins riches retraités prend son envol.

Bien sûr, comme certains commentateurs de cette tribune ne manqueront pas de l’écrire, on peut dire « cassez-vous riches cons ! » mais les lendemains seront immanquablement difficiles à supporter car notre tissu industriel, notre vivier d’entrepreneurs et d’apporteurs de fonds, s’évapore à vitesse grand V et ce n’est, malheureusement, pas notre future banque publique d'investissements (BPI) qui les remplacera, quoi qu’en pensent nos dirigeants.

Un pays d’avenir est un pays qui fait vivre en harmonie toute ses agents économiques et qui ne tue pas le rêve de ceux qui entreprennent ou qui se défoncent en tant que salariés au sein de leur entreprise : le rêve de réussir un projet ou sa carrière et, pour certains, de devenir riche autrement qu’en jouant au loto ou à l’Euromillions, comme le font des millions de français, est un objectif honorable et salutaire pour notre économie.

Ce rêve c’est celui qu’ont pu accomplir ces 280 américains parmi les 400 les plus riches des Etats-Unis qui sont partis de rien. Oui, de rien, c'est-à-dire avec 10$ en poche, une bonne idée et des apporteurs de fonds enthousiastes, si ce n’est parfois inconscients. En quoi ce rêve serait-il méprisable, lorsque le gagnant de l’Euromillions est envié, mais non vilipendé pour un enrichissement indu ?

De quel droit l’Etat pourrait-il confisquer la presque totalité de la récompense d’une prise de risque courageuse ? Pourquoi un entrepreneur qui perd son pari en supporterait toutes les conséquences, financière et morale, et lorsqu’il gagne, c’est l’Etat qui lui confisque les résultats de sa réussite due à son talent et à son travail ? Pourquoi les collaborateurs de ces entrepreneurs ne pourraient-ils pas bénéficier d’un système de participation au capital attractif et non confiscatoire ?

Nos entrepreneurs ont besoin d’un Etat facilitateur et non castrateur et d’apporteurs de fonds incités à risquer leur épargne pour s’associer à un projet dans lequel ils croient et à qui ils pourront apporter leur expérience professionnelle et leurs contacts si précieux pour aider à sa réussite.

C’est cela un pays avec un espoir de développement économique harmonieux où l’entrepreneur, le riche et le retraité ne sont pas stigmatisés et montrés du doigt comme étant des privilégiés. Les vrais privilégiés ne sont pas ceux qui ont construit leur entreprise ou  leur carrière à force de travail et de prise de risque. Cherchons-les ailleurs !

Aujourd’hui, nous avons besoin d’un Etat qui favorise la prise de risque pour aider à la création de richesses non seulement pour le bien de ceux qui y ont directement contribué mais aussi pour le bien commun. Son rôle, par la suite, étant de mettre en œuvre une politique de redistribution  efficace mais non castratrice. C’est ainsi que l’on pourra réenchanter le rêve français.

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