La « Nupes » aura permis au gouvernement de trouver des compromis avec la droite libérale pour faire voter son paquet pouvoir d’achat <!-- --> | Atlantico.fr
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La Nupes a permis au gouvernement de trouver des compromis avec Les Républicains lors des débats à l'Assemblée nationale sur les mesures sur le pouvoir d’achat
La Nupes a permis au gouvernement de trouver des compromis avec Les Républicains lors des débats à l'Assemblée nationale sur les mesures sur le pouvoir d’achat
©JULIEN DE ROSA / AFP

Atlantico Business

Ça n’était pas forcément son projet de départ, mais La France insoumise aura donné l’occasion au gouvernement de se trouver une majorité de compromis et provoquer le mécontentement de ses alliés qui n’ont rien apporté à leurs électeurs.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Larroseur arrosé. La France insoumise et ses alliés regroupés au sein de la Nupes ont réussi à semer une belle pagaille en arrivant au parlement, mais quand on fait un premier bilan des résultats, on saperçoit que pour la gauche, cest un échec. En revanche, le gouvernement aura réussi à faire passer lessentiel de son paquet pouvoir dachat avec laide des Républicains.

Les électeurs de droite en sortent plutôt satisfaits, alors qu’ à gauche, on se sent plutôt frustrés, notamment les socialistes et les verts.

Toutes les mesures de soutien au pouvoir dachat ont été finalement votées par les deux chambres qui en ont également finalisé le financement dans la loi de finances rectificatives.

Ce qui est intéressant, cest que, contrairement à ce que beaucoup craignaient, le texte adopté sinscrit dans une logique de droite libérale.

Le gouvernement emmené par Bercy et son ministre de l’économie, Bruno Le Maire, ont remporté les parties de bras de fer avec la Nupes avec trois dossiers très emblématiques qui étaient défendus par La France insoumise. 

1. Le projet de créer une taxe exceptionnelle sur les super profits réalisés par certaines multinationales et surtout TotalEnergies a donc été écarté. Techniquement, cette super taxe allait rapporter beaucoup moins que ce que va rapporter limpôt normal sur les sociétés en 2023. A priori, plus de 53 milliards deuros, ce qui est considérable et va grandement participer à restaurer les équilibres financiers.

La « Nupes » voulait surtout punir les grandes organisations capitalistes. Bercy a trouvé chez les Républicains assez de députés pour laider à préserver la stabilité des taux dimposition afin dassurer la visibilité des entreprises. 

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2.Le projet de monétiser les RTT et favoriser les heures supplémentaires qui a été obtenu par le gouvernement est un sérieux revers pour La France insoumise qui sest bien aperçu que cette mesure revenait à attaquer une fois de plus les 35 heures. Or, les 35 heures pour la gauche insoumise, cest le totem absolu auquel on ne touche pas.

La gauche de la gauche et les syndicats ne lont pas digéré parce quils savent aussi que beaucoup de leurs sympathisants attendaient cette mesure qui leur donne immédiatement du pouvoir dachat.

Pour la droite libérale qui avait déjà utilisé cet outil avec Nicolas Sarkozy, la monétisation des RTT et la défiscalisation des heures sup ne touchent pas à la liberté de lentreprise de gérer ses salaires, elle permet de distribuer du revenu en contrepartie dun travail et sinscrit dans la logique « travailler plus, pour gagner plus » qui avait été défendue par Valérie Pécresse pendant la campagne. Pour toute la droite libérale, cest un progrès. 

3. le projet de débloquer immédiatement les fonds dintéressement et de participation va également dans le même sens. Cet argent appartient aux salariés qui ont donc le droit den disposer à leur guise. Nicolas Sarkozy avait lui aussi ouvert cette porte. Mais globalement, le système avait quand même été bien verrouillé par les entreprises qui défendaient lintéressement mais ne permettaient pas à leurs salariés den disposer très librement. Au moins, les choses sont désormais plus claires. La France insoumise ne pouvait pas approuver une telle disposition. La France insoumise défend le salariat avec vigueur et soppose à toute mesure qui ferait du salarié un partenaire du « grand capital ». Pas question de pactiser avec le diable, même si ça rapporte un peu dargent en fin de mois.

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Mais les plus frustrés dans cette affaire sont les socialistes de la« nupes » et dans une moindre mesure, les Verts. Les écologistes ont, dans ce paquet pouvoir dachat, dautres raisons d’être mal à laise.

La plupart des mesures aides directes, les ristournes à la pompe, le bouclier tarifaire, les aides au chauffage au fioul qui répondent à un besoin immédiat de compensation financière aux hausses de prix, reviennent à sponsoriser les énergies fossiles, ce qui les mettent en contradiction avec tout ce quils défendent.

Au demeurant, les Verts, pendant toutes ces discussions parlementaires, nont pas été capables de proposer des mesures fortes et cohérentes pour mettre en place une réponse alternative à la situation de pénurie relative qui se prépare. Rien sur le nucléaire et sur le fiasco EDF, rien sur une pédagogie forte capable de changer les habitudes.

Pour les verts, cest double peine. Ils ont refusé dapporter du pouvoir dachat alors quils en avaient fait leur revendication principale et ils nont guère contribué à lutter pour le climatalors que cest leur raison première dexister. 

Au niveau politique, le bilan de cette obstruction systématique des débats parlementaires est donc assez négatif. Sur le terrain, les partisans de La France insoumise ny trouvent pas leur compte. Quant aux socialistes et aux verts, ils ont beaucoup de raisons de se sentir piégés.

A droite, le gouvernement aura réussi à trouver la majorité quil navait pas au départ pour négocier des compromis au coup par coup. Bruno le Maire et Gerald Darmanin nont pas ménagé leurs efforts pour convaincre de certains de leurs anciens amis de LR de venir les épauler. Ça leur était dautant moins difficile que ça correspondait le plus souvent à ce quils avaient eux-mêmes promis à leurs électeurs.

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Toute la question maintenant est de savoir si cette cuisine politique pourra fonctionner.Quant à la rentrée, il faudra sattaquer à des dossiers de réformes plus structurelles : la réforme des retraites, de l’éducation nationale, la santé et la loi climat. Rien nest moins sûr, parce que ces réformes sont moins urgentes et elles sont surtout truffées de marqueurs politiques. Et pour les politiques, les marqueurs sont souvent plus importants que les résultats.

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