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La mort du petit Aylan ou comment l'Europe est devenue folle
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Rétro 2015

Comme Le Dormeur du Val de Rimbaud, il semblait se reposer doucement. Mais comme Le Dormeur du Val, il était mort. Le 2 septembre 2015, le monde découvrait avec stupeur l'image du corps d'un petit garçon échoué sur une plage turque. Il s'appelait Aylan et son prénom fut aussitôt connu par des dizaines de millions de gens, symbolisant la crise de migrants à laquelle l'Europe a répondu par l'ouverture puis la fermeture des frontières.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Dans un monde déstructuré, sans repères, sans pensées, sans causes pour lesquelles se battre, seule l'émotion a droit à la parole. Et face à cet océan de larmes les dirigeants européens y allèrent de leur couplet lacrymal : "plus jamais ça, plus jamais de petit Aylan". Des hommes et des femmes politiques parfaitement au courant de la situation des migrants on pouvait espérer autre chose. Eh bien non ! François Hollande, Angela Merkel et d'autres sacrifiant à l'idéologie compassionnelle rivalisèrent de trémolos "oui il est de notre devoir d'accueillir les migrants, oui c'est notre honneur que de leur accorder l'asile".

Et les migrants arrivèrent traversant la mer par centaine, cheminant par millier à pied par les Balkans pour la plupart. Un flot aussi abondant que les larmes versées pour le petit Aylan. Et d'un coup l'Europe prit peur regrettant d'avoir parlé trop vite. Angela Merkel qui disait vouloir en accueillir un million commença à colmater les trous de sa frontière. François Hollande protégé par la voisine allemande décida de la boucler. Et partout ailleurs en Hongrie, en Autriche, en Serbie on vit s'ériger des murs au sens propre et figuré. Le migrant tant désiré était devenu indésirable.

Et l'Europe non contente d'avoir commencé à se suicider en appelant les migrants à venir continua d'une autre façon à marcher vers le tombeau. Mme Merkel étouffant sous le poids de ses migrants menaça de sanctionner les Slovaques, les Tchèques, les Polonais qui ne voulaient en aucune manière accepter des quotas de Syriens et d'Irakiens. L'Europe comme père fouettard ? Pas de quoi réchauffer les sentiments pro européens déjà faibles des populations concernées.

Mais le pire est à venir. Les principaux dirigeants européens accouchèrent d'un texte prévoyant la création d'une police des frontières européenne et supranationale. Une initiative apparemment louable puisqu'il s'agit de prêter main forte aux polices locales débordées par le flot des migrants. Mais en son état actuel le texte comporte un petit alinéa stipulant que cette police pourrait être envoyée dans les pays concernés y compris quand ces pays s'y opposent !

Personne n'a encore crié au fou ! Pourtant c'est le seul qui s'impose. Un corps expéditionnaire allemand sur les frontières polonaises, des unités françaises sur les frontières de la Slovaquie… dans ces pays l'opinion publique sommée d'obtempérer hurle. On hurlerait à moins. L'Europe des contraintes à la place d'une adhésion librement choisie. Depuis le 2 septembre, elle en a fait plein des ravages la photo du petit Aylan.

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