La maison Hollande, c’est "House of Cards" avec les mensonges... mais pas l’efficacité<!-- --> | Atlantico.fr
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Franck Underwood (Kevin Spacey), le héros de House of Cards, un peu plus efficace que François Hollande.
Franck Underwood (Kevin Spacey), le héros de House of Cards, un peu plus efficace que François Hollande.
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Triste fiction

La situation politique à l'Elysée ressemble de plus en plus aux intrigues d'une célèbre série politique américaine, où stratégies cachées et petits arrangements remplacent les résultats attendus par l'opinion publique.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La maison Hollande a passé une semaine de guerre politique épouvantable, à l’intérieur du gouvernement, à l’intérieur de la majorité et de la classe politique transformée en champ de bataille. Une fois les élections municipales passées et sans doute perdues, le président veut absolument rebondir sur le terrain économique en essayant débloquer l’application du pacte de compétitivité, enfin !

En attendant, la maison Hollande ressemble de plus en plus à "House of cards". Pour ceux qui ne connaissent pas encore cette série TV, culte, House of cards relate les jeux de pouvoirs entre la Maison blanche et le Congrès américain. Ceux qui ne connaissent pas, précipitez-vous sur les DVD, Netflix ou Canal Plus.

Cette série TV est une de celle qui déclenche l’hystérie dans les milieux politiques occidentaux et chez les étudiants américains. House of cards, qui en est à sa deuxième saison, raconte l’histoire d’un président américain démocrate élu grâce à un membre influent de la Chambre des représentants. Franck Underwood, interprété magistralement par Kevin Spacey, est un Whip, c’est-à-dire, celui qui dans le parti est chargé de veiller à ce que les députés respectent la ligne politique, et c’est lui qui par son intelligence diabolique organise les majorités. Pendant la campagne, le candidat a fait quantité de promesses évidemment. Il a  surtout promis à Franck Underwood de rentrer au gouvernement.

Une fois élu, le président va découvrir la dure réalité du pouvoir et de la réalité quotidienne. Il commence par ne pas tenir la promesse faite à celui qui l’a beaucoup aidé…

Du coup Franck Underwood va se lancer dans une série d’intrigues et de combines politico-politiciennes dont le seul but sera de récupérer un pouvoir qui lui a échappé. Cela lui est d’autant plus facile que c’est dans sa nature, et que le président élu est très influençable. Entre la Maison blanche et le Congrès, ce n’est que combines, mensonges et lobbying, où tout est possible y compris les actes les plus pervers et les plus violents. Tous les moyens sont bons pour manipuler le pouvoir, accéder à ce pouvoir et le conserver. Cette série a une autre originalité. Le personnage central s’arrête de jouer parfois, se tourne vers la camera et explique au spectateur ce qui est en train de se passer. Le dessous des cartes. C’est terrible parce qu’on devint complice de ses turpitudes. On a le "On" et le "Off".

La ressemblance avec la maison Hollande devient flagrante. Un président indécis, oui ! Des promesses irréalisables, en quantités industrielles, des querelles de courants et des rivalités de personne ont transformé la débat politique français en pugilat. La révélation des écoutes téléphoniques a jeté un trouble profond sur la sécurité démocratique. La mésentente des différents courants de la majorité dont il faut en permanence acheter le soutien ou la neutralité. L’activisme des juges et les relations particulières avec beaucoup de médias a décrédibilisé l’ensemble du système.

Comme dans House of cards, les dirigeants de la gauche sont devenus des champions du double langage. Du "On" et du "Off". En France aussi, il y a ce qu'on dit aux uns et pas autres. La vérité d’un côté. Le mensonge de l’autre.

Mais, comme dans House of cards, il y a aussi deux choses très troublantes dans ce qui se passe en France.

D’une part, le sentiment que ce climat ne déplait pas à François Hollande lui-même. Lui et ses amis semblent très à l’aise dans ce jeu de pouvoir. «J’ai besoin de vous, les écolos, mais n’oubliez pas que vous avez besoin de moi pour rester dans vos ministères». La manipulation et le marchandage, pour ne pas parler du chantage sont sans doute les sports les plus pratiqués, particulièrement a la veille des élections municipales

D’autre part, une situation économique qui continue de se dégrader avec l’impossibilité apparente de redresser la barre de cette galère pour des millions de chômeurs.

Parce que pour la Maison blanche (version TV) comme pour la gouvernance française, le drame, c’est le chômage et une opinion publique qui surveille l’essentiel, c’est à dire les conditions de vie …

Avec dans la fiction américaine, comme dans la réalité française, le rôle très ambiguë mais omniprésent des journalistes politiques. Témoins et pédagogues, manipulateurs ou corrompus, intéressés et pervers, complices ou adversaires, avides de vengeance, de reconnaissance et de pouvoir.  

Le président de la République connait tous les secrets de cette vie politique, il en use et en abuse... Il sait aussi qu'au bout du compte l’opinion publique aura besoin de résultats. Des vrais, en termes d’activité , d’emplois… Dans la démocratie, qu' on le veuille ou non il y a des électeurs. On peut leur mentir parfois. On ne peut pas leur mentir tout le temps. Ses amis peuvent toujours imaginer qu' il réussiront a discréditer leur adversaire, mais il faudra néanmoins délivrer sinon une sortie de crise, du moins une perspective de sortie qui soit crédible.

C’est pour cette raison que François Hollande devrait sortir de la séquence politique des municipales et siffler la fin de cette partie politicienne pour relancer une politique économique plus en cohérence avec l’ambition du pacte de compétitivité. Il faut donc relancer :

1)      La négociation des partenaires sociaux pour obtenir une baisse des charges

2)      La réforme fiscale qui n’est pas sabordée et sur laquelle le ministre du Budget a travaillé.

3)      La réforme des dépenses publiques afin d’obtenir des baisses d’au moins 50 milliards d’euros.

Pour François Hollande, il s’agira dès la mi-avril de rassurer les agences de notations qui sont convaincu que le pacte est planté, de rassurer la commission de Bruxelles qui aura du mal à nous accorder de nouveaux délais , rassurer enfin les milieux d’affaires, qui sont découragés par l’incompétence des cabinets et l’interventionnisme de certains ministres qui jouent leur partition personnelle. Les milieux d’affaires sont surtout découragés parce que ce désordre dans le management n’aboutit sur rien de positif.

Pierre Moscovici a reçu des grands patrons français la semaine dernière et leur a juré que le plan d’économie budgétaire sortira publiquement  après les municipales. Les patrons ont bien compris que la gauche ne pouvait pas, par des annonces tardives, aggraver un résultat qui s’annonce punitif pour la gauche. Les patrons français savent que Pierre Moscovici fait le job mais ils savent aussi que ça ne dépend pas de lui.

François Hollande devrait recevoir un panel de chefs d’entreprise à diner mercredi prochain, et pourrait leur dire la même chose  sur sa détermination à reformer le système. Le président de la République pourra leur confirmer sa décision de réduire le périmètre de l’Etat et surtout, il pourrait leur annoncer une baisse importante de l’impôt sur les sociétés. Au total 8 milliards d’euros. Au Medef, personne n’ose en parler mais on commence à y croire. Le nouveau gouvernement italien, social-démocrate, plutôt de gauche, a beaucoup impressionné l’Elysée au niveau du programme de baisses fiscales pour relancer non pas la demande mais l’offre de production. « Si des socialistes italiens sont capables de le faire, pourquoi pas nous ? »

Sauf que personne ne dira dans les ministères ou à l’Elysée avec quelle majorité le président pourra ouvrit le chantier de réforme de la compétitivité. Avec quel gouvernement ? Parce que celui-ci est décidément a bout de souffle.

La vraie et la seule question : quel gouvernement ? Quels ministres seront capables de négocier le virage social-libéral ? Depuis deux mois , le président n’a toujours pas trouvé de solutions.

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