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La "grandeur de la France", mascarade pour cacher la dégringolade
©AFP

Bonnes feuilles

Ange-Mathieu Mezzadri est l’auteur de « Manuel d’autodéfense contre les libéraux libertaires », publié aux Editions Maïa. De Hollande à Macron, nous assistons au triomphe de l'idéologie libérale libertaire. Cette victoire ne doit strictement rien au hasard. Ce livre ouvre la voie pour nous libérer de cette idéologie. Extrait 1/2.

Ange-Mathieu Mezzadri

Ange-Mathieu Mezzadri

Ange-Mathieu Mezzadri est écrivain et médecin. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages (Lettre à la femme de l'autre, La France décapitée, Manuel d'autodéfense contre les libéraux libertaires). Il dirige la collection U Culumbu au sein des Éditions Maïa.

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À chaque échéance présidentielle, on nous le ressort le nanar : la voix de la France que le monde attend. Ceux qui débitent ce discours débile, nous le fourguent pour mieux nous endormir et nous rouler dans la farine. Ils ne servent pas la France, mais leur carrière. En outre, ils feraient mieux de mettre en sourdine une arrogance dont certains disent qu’elle est bien une maladie à laquelle nous sommes trop enclins ? À défaut d’humilité retrouvée, les Français doivent se résigner aux jugements peu amènes accueillant de plus en plus leurs initiatives toujours dépeintes par eux comme « essentielles ». Raphaël Draï excipe - d’un point de vue encore plus pertinent au plan psychologique que politique - que « la France est prisonnière d’un rêve qui la conduit sur des voies sans issue ». On peut se lamenter de cette perte de lucidité synergique d’une perte d’influence. Mais, surtout, un clair diagnostic doit être enfin posé. Selon certains en effet « la France, grande puissance de second rang, n’en finit pas d’assister à l’inéluctable drame de son déclin sur la scène mondiale ». D’autres cependant voient encore des signes d’espérance arguant de la magnificence d’un destin de puissance intermédiaire. Oui, mais, intermédiaire entre quoi et quoi ? Est-ce donc que la France serait, à l’échelle du monde, ce que les corps intermédiaires étaient durant l’Ancien Régime, un subalterne ? La France n’est plus une puissance mondiale depuis plus de deux siècles ; depuis la perte de ce que, d’une manière parfaitement crétine, l’inimitable Voltaire qualifia de « quelques arpents de neige ». Les historiens contemporains américains, eux, ne s’y trompent guère affirmant : « la dépossession d’un si vaste territoire signifia que le France n’était plus une puissance de premier ordre ». Des auteurs lucides le notent également : « La perte de l’essentiel des territoires d’outre-Atlantique, à la fin de la guerre de Sept Ans, met un terme à l’ambition française d’être présente sur les quatre continents ». 

Les États-Unis assoient leur stratégie géopolitique sur un renforcement constant de la puissance ; ce que maints Européens qualifient d’impérialisme. Cette quête incessante de puissance ne concerne pas le seul domaine militaire mais, sinon plus, ceux de la science et de la recherche, ceux de l’innovation et de l’économie qui en découlent, et bien sûr ceux de la culture. L’Europe calque sa stratégie sur sa faiblesse ; les Européens d’aujourd’hui voulant que s’établisse - par quel miracle ? - un « état de droit mondial », condition sine qua non selon eux de la sécurité et de la prospérité de tous. 

Certes la France essaie de briller, encore et toujours, et de conjurer son déclin : la Révolution serait un modèle pour l’humanité ; Napoléon porta haut les couleurs du pays ; après la défaite de 1879, l’épopée coloniale planta le drapeau où il pouvait encore être planté ; de Gaulle donna l’illusion aux Français qu’ils pouvaient s’asseoir à la table des vainqueurs de la Deuxième Guerre Mondiale ; Chirac tint tête à Bush fils lors de la seconde guerre d’Irak ; et quoi d’autre demain ? Les Français oublient une implacable règle de l’histoire. « Quand la décadence d’un empire commence, rien de l’arrête » disait Ibn Khaldoun en ajoutant qu’« une société qui entre en décadence rétrécit et contracte ses frontières ». Pour l’heure, la France, si forte à donner des leçons, n’est même plus en mesure de se faire entendre dans ses banlieues. Le pays se croit encore porteur de valeurs dites universelles parce qu’il s’érige faute de mieux en « terre d’accueil ». Sous ce masque de générosité, se cachent des magouilles boutiquières peu ragoûtantes : donner une main-d’œuvre servile à un patronat incapable de rendre l’économie du pays compétitive sans ce type d’expédient ! On peut sur-jouer la mascarade de la grandeur. On peut aussi nier l’idée de dégringolade. La clique des mal-élus nous inflige les deux à satiété. Le peuple ne se fait plus d’illusions, comme l’indique un sondage de 2010, montrant que 71 pour cent des Français jugent la France sur le déclin. Une brillante histoire, une immense culture, toutes deux aujourd’hui galvaudées par ceux-là même en charge de les promouvoir, et une géographie devenue riquiqui constituent les trois piliers de la contemporanéité française ! 

Rien d’étonnant en conclusion à ce que de plus en plus d’esprits entreprenants rêvent de grand large et partent !

Extrait de "Manuel d'autodéfense contre les libéraux libertaires", d'Ange-Mathieu Mezzadri, publié aux Editions Maïa.

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