La France coincée entre un exécutif omniprésent et une administration en overdose <!-- --> | Atlantico.fr
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Les dépenses publiques et sociales approchent les 60% du PIB en France.
Les dépenses publiques et sociales approchent les 60% du PIB en France.
©Thomas Padilla / POOL / AFP

Atlantico Business

Dans tous les domaines et tous les jours, l’information remonte à Paris et un ministre du gouvernement, le Premier et surtout le président de la République interviennent pour pleurer et promettre de régler le problème. Les ministres n’incarnent pas la puissance de l’Etat mais la preuve vivante des faiblesses de notre administration.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Quand l’exécutif s’occupe de tout, il ne s’occupe de rien, la puissance étatique est étouffée par l’overdose administrative.

SI les membres du gouvernement  pensent apporter la preuve de l’efficacité de l’État dans le fonctionnement du pays  en intervenant en permanence sur le terrain ou dans les dossiers , ils se trompent . Ils apportent la preuve des faiblesses de leurs administrations qui, elles ne bougent pas et  donc la preuve des défaillances du management de la sphère publique

Dans tous domaines, à toute heure du jour et de la nuit, les ministres se retrouvent sur le pied de guerre, sur le terrain avec si possible toujours une caméra de télévision qui va témoigner par l’image de leur intervention. Mais en général le mal est fait

Il suffit de faire un tour rapide de l’Europe pour constater que la France est sans doute , celui des 27 pays membres le plus centralisé , le plus étatique mais avec une administration paralysée dans son obésité de procédures , de règlements , de normes …

Côté chiffres , la structure budgétaire traduit évidemment la surpuissance de l’État puisque les depenses publiques et sociales approchent les 60% du PIB ,ce qui veut dire que plus de la moitié des activités économiques et sociales vivent sous perfusion des services de l’État . Il n’y a pas d’autres exemples en Europe d’une telle dépendance.

Si les  services rendus par l’administration donnaient entière satisfaction, ce serait parfait mais les services publics se sont dégradés au fur et à mesure de leur grossissement . C’est évidemment le cas dans l’éducation nationale , dans la santé , la justice et la protection civile  où on dénonce  un manque de moyens alors qu’ il y a déjà pléthore de personnel . Les activités sociales présentent des symptômes identiques . Les moyens mobilisés ( plus de la moitié des depenses de la sphère publique ) devraient mesurer l’extrême générosité du système de protection sociale mais les assurés sociaux ont un sentiment croissant de vulnérabilité, ce qui explique le stress de la société et  poussent à la colères des pans entiers de la classe moyenne.

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L’assurance chômage , famille , vieillesse , santé laissent un gout amer et permanent de complexité  et d’insuffisance , couronné par un  déficit de fonctionnement qui plombe l’avenir .

Du côté des responsables politiques, les personnels sont obligés d’être en permanence sur le terrain pour régler ou donner l’impression de pouvoir régler les problèmes qui se présentent.

Le ministre de l’intérieur bat tous les records . Il croit nécessaire d’assumer la responsabilité du moindre accident de la circulation, du moindre désordre lié à une catastrophe naturelle ou un dérèglement climatique , ou même un désordre sur la voie publique d’un mécontentement social lié à une fermeture d’usine ou une poussée de violence liée à l’alcoolisme ou l’addiction d’une drogue. Etc. il a raison de s’engager…. S’il n’agissait pas ainsi, ça lui, serait reprocher. Mais cette agitation ne sert à rien.

Le ministre de l’éducation nationale , le ministre de la sante ou le ministre de l’économie doit en permanence intervenir sur les plateaux téléou sur Twitter, pour expliquer, compenser ou s’indigner, annoncer, s’indigner et promettre   etc. etc. le défilé est complètement inutile et insupportable. Mais eux non plus ne peuvent pas faire autrement.

La France a une ADN historique qui concourt au centralisme excessif certes… les régimes politiques se sont succédé en reproduisant les mêmes modèles : la République a répliqué la monarchie … l’organisation et les différentes constitutions n’ont fait qu’accroitre le gout d’un souverain étatique et asphyxie toutes les tentations de décentralisation ou déconcentration.

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Le résultat est que les corps intermédiaires ont disparu ou sont devenu inefficaces , le sens de la responsabilité individuelle s’est également effacé devant la force de l’État providence incarnée par des ministres qui se retrouvent sur la brèche et un président de la République vers lequel remonte toutes les difficultés .

Le plus grave est que cet État ne fait rien pour remédier à cette force centrifuge de l’Etat jacobain. C’est la raison d’être du président de la République … alors qu’en fait , l’Etat devrait faire l’inverse et se replier sur les fonctions strictement régaliennes . Fixer une stratégie à long terme et gérer la justice , la défense nationale , l’équilibre des impôts qu’il relève  et contrôler les depenses qu’ il consent à l’administration  . Pour le reste , qu’il ne touche à rien d’autre . Il y a tellement d’acteurs dans la société qui ne demanderait qu'à exercer leurs  responsabilités . Il faudrait donc que l’exécutif joue son vrai rôle.

1. renforcer le rôle des partenaires sociaux . Les syndicats y sont prêts et ne demandent que cela

2. laisser le maximum de liberté aux créateurs de richesses que sont les entreprises qui sont parfaitement capables de se gérer et de s’adapter.

3 . Freiner les demandes de solidarité et accroitre le champ d’action des principes assuranciels . Le rôle de l’État n’est pas de prendre en charge ses sujets mais de leur apprendre à être responsable . Sinon à vouloir assister tout le monde. Tout le monde se comporte en assistés.

4 . Gouverner certes mais par l’incitation et la pédagogie plutôt que par la règlementation et la punition

5 . Considérer que le jeu du marché n’est pas une perversion mais un mécanisme naturel d’équilibre. Tout comme la démocratie laisse à l’élection le moyen d’appliquer des choix exprimés. L’économie de marché a pour vertu  de découvrir l’optimum pour le plus grand nombre.

L’absence de majorité claire au parlement offre à la France l’opportunité de se gouverner sans gouvernement. La Belgique a fait cette expérience qui a duré presque deux ans. Le Maroc également. Les deux pays très différents ne se sont jamais aussi bien portés.   

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