La France championne du monde de la taxation du capital : quelles conséquences ?<!-- --> | Atlantico.fr
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En moins de trois ans, l'impôt récolté au titre des revenus du patrimoine est passé de 20 à 28 milliards soit une hausse de 40%.
En moins de trois ans, l'impôt récolté au titre des revenus du patrimoine est passé de 20 à 28 milliards soit une hausse de 40%.
©Flickr/Bradhoc

Taxe à tout va !

L’Hexagone s'apprête à devenir le champion du monde de la taxation du capital suite au vote des nouvelles mesures fiscales du gouvernement.

Robin Rivaton

Robin Rivaton

Robin Rivaton est chargé de mission d'un groupe dans le domaine des infrastructures. Il a connu plusieurs expériences en conseil financier, juridique et stratégique à Paris et à Londres.

Impliqué dans vie des idées, il écrit régulièrement dans plusieurs journaux et collabore avec des organismes de recherche sur les questions économiques et politiques. Il siège au Conseil scientifique du think-tank Fondapol où il a publié différents travaux sur la compétitivité, l'industrie ou les nouvelles technologies. Il est diplômé de l’ESCP Europe et de Sciences Po.

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Si la France se lamente de décocher année après année dans les classements internationaux, en voilà un où nous n'aurons pas à rougir pour 2013, puisque nous montons directement sur la plus haute marche du podium des pays européens ayant la plus forte taxation du capital. Classement qui ne prête pas le flanc à la contestation puisqu'il est établi par la Commission européenne elle-même.

Cette belle progression est à mettre au crédit du gouvernement. Parce qu'il est plus facile et moins visible, médiatiquement parlant, d'augmenter la taxation du capital que du travail, les socialistes ont décidé de mettre les épargnants au régime sec pour 2013. En effet, même si les entreprises n'ont pas été épargnées, pensez au mouvement des pigeons, c'est bien sur les épargnants que le couperet va tomber.

Ces épargnants, qui ne sont pas, faut-il le rappeler, une minorité de riches parvenus mais bien Monsieur et Madame Toutlemonde. 94% des ménages français possèdent un patrimoine financier, parmi lesquels 44% détiennent une assurance vie, 19% des actions d’entreprises (PEA, Sicav, FCP) et 18% des produits d’épargne retraite (Perp, PEP). Taxer l'épargne c'est taxer les classes moyennes bien incapables de se payer les services d'un conseiller fiscal susceptible de trouver la bonne niche.

En prenant en compte les augmentations précédentes de la droite, en moins de trois ans, l'impôt récolté au titre des revenus du patrimoine est passé de 20 à 28 milliards soit une hausse de 40%. Le taux marginal atteint ainsi désormais, sans prendre en compte les taxations spéciales sur les hauts-revenus, plus de 60%. Or il ne s'agit que de taux "apparents" qui sont fondés sur les intérêts nominaux du capital, par exemple les 4% annuels promis par votre assureur, alors qu'ils devraient se baser sur les taux d’intérêt « réels ». Ainsi avec une inflation à 2%, le revenu réel du capital est divisé par deux et l’imposition de votre assurance-vie doublée peu importe son échelon initial. 

Pour le gouvernement, augmenter la fiscalité c'est encore accroître les recettes d'un Etat auquel il est incapable d'imposer une baisse des dépenses mais c'est aussi lutter contre la tendance des Français à épargner. Car 16,8 % des revenus des ménages ont été épargnés en 2011 selon l'INSEE, c'est-à-dire autant d'argent que le gouvernement rêve de voir réinvestis dans la consommation pour améliorer les statistiques du PIB à court-terme.

Pourtant l'épargne n'est pas l'ennemie de la croissance, au contraire, à la différence de la consommation immédiate, l'épargne permet de financer l'investissement des entreprises, la modernisation de l'appareil de production, la recherche et développement, qui a leur tour créeront les richesses de demain, à long-terme. Encore faut-il que l'épargne soit correctement dirigée, or le gouvernement a privilégié à outrance le Livret A, et par conséquent le logement social, au détriment d'autres produits d'épargne.

Propos recueillis par Olivier Harmant

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