La France 22e sur 142 au classement des pays les plus prospères de l’index Legatum : comment la 6e puissance mondiale que nous sommes est-elle tombée si bas ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
La France 22e sur 142 au classement des pays les plus prospères de l’index Legatum : comment la 6e puissance mondiale que nous sommes est-elle tombée si bas ?
©Flickr

Psychorigide

Selon l'institut anglais Legatum, la France est le 22e pays le plus prospère, derrière les pays d'Europe du Nord, mais aussi et surtout derrière ses concurrents économiques que sont les Etats-Unis, l'Allemagne ou le Royaume-Uni.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

Voir la bio »

Atlantico : Sixième puissance mondiale, la France n'est que le 22ème pays le plus prospère selon le dernier classement de l'Institut Legatum, publié ce 27 mai et qui prend en compte 89 variables divisées en huit sous-indices : l'économie, l'esprit d'entreprise et d'opportunité, la gouvernance, l'éducation, la santé, la sécurité, la liberté personnelle et le capital social. Que penser de ce fort décalage entre ces deux classements ?

Philippe Crevel : Premièrement, il faut voir que les pays les mieux classés selon cet institut sont des petits Etats ou des îles, à faible population, situés essentiellement en Europe du Nord. Les grands Etats comme la France, l'Allemagne et les Etats-Unis arrivent plus loin dans le classement. Certes, parmi les grandes puissances économiques, la France arrive relativement loin et bien après le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l'Allemagne, mais devant l'Espagne. Ce classement est à relativiser. Néanmoins, il indique un degré de performance moyen pour la France par rapport à ses concurrents directs que sont les grandes puissances économiques. De plus, ce classement met en avant un certain nombre de faiblesses françaises, en particulier sur le capital social qui regroupe des indicateurs sur le marché du travail et le fonctionnement du monde économique français. Ce n'est pas une surprise en tant que telle. D'autres instituts, comme le Forum économique mondial, classent la France entre la 22ème et la 26ème place. Nous sommes à un niveau moyen selon un grand nombre d'organismes qui réalisent ce genre d'étude. 

Pour la troisième fois en quatre ans la France n'est donc pas dans le top 20 de l'Institut. Elle se place 53ème dans la catégorie "capital social", 31ème sur la sécurité et 30ème en économie. Comment expliquer des résultats si médiocres ?

Comme je l'ai dit, les meilleures performances sont obtenues par les pays d'Europe du Nord, assez ouverts et habitués au consensus social. La France n'est pas connue pour cela. C'est un pays administré, administratif et corporatiste. Cela pénalise notre positionnement. Ce qui est inquiétant, plus que le classement en tant que tel, c'est qu'on recule d'année en année. Nous ne sommes plus capables de progresser. La France n'arrive plus à se réformer comme le font les autres. Le fameux modèle d'Europe du Nord, du Danemark, de la Suède et de la Norvège, reste un modèle mais n'arrive pas jusqu'à chez nous.

Il faut cependant toujours faire attention à ce genre de classements qui dépend énormément des critères. En les changeant nous pouvons modifier beaucoup de choses. L'analyse peut être biaisée. Mais nous payons notre rigidité par rapport aux autres grands pays qui nous sont comparables. La France se caractérise par une fonction publique importante, qui compte plus de 5 millions de personnes, avec des réformes en matière de droit social et de droit du travail extrêmement délicates à mener. Et nous ne voyons pas comme cela va s'améliorer et comment remonter dans les classements. Néanmois, la rigidité allemande est également connue la France n'est donc pas le seul pays à être psychorigide.

Ce type de classements n'en dit-il finalement pas davantage sur l'état réel de notre pays que le seul PIB ?

Ce sont des classements multifactoriels, qui donnent une vision plus globale. Evidemment, plus nous rentrons dans le subjectif, plus les paramètres et les pondérations choisis sont importants et peuvent avantager tel ou tel pays. Le PIB est un indicateur un peu brut et basique, mais normé. Ces classements sont toujours à relativiser que ce soit celui du Forum économique mondial ou celui-là. Mais il faut aussi en tenir compte. Nous voyons bien que les investissements d'origine étrangère en France sont moins importants d'année en année. Ce phénomène laisse penser que l'attractivité économique de notre pays baisse, on peut donc conclure que ce classement n'est pas complètement hors de propos. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !