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La filière automobile française n'est pas morte, il lui suffit d'innover
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Ça roule ?

La bonne santé de constructeurs comme Volkswagen ou Hyundai montre qu'il n'y a pas d'activité condamnée. Mais pour survivre, les industriels vont devoir investir et répondre à de nouveaux usages.

Jean-Louis Levet

Jean-Louis Levet

Jean-Louis Levet est économiste.

Son dernier livre est Réindustrialisation j'écris ton nom, (Fondation Jean Jaurès, mars 2012).

Il est également l'auteur de Les Pratiques de l'Intelligence Economique : Dix cas d'entreprises paru chez Economica en 2008 et GDF-Suez, Arcelor, EADS, Pechiney... : Les dossiers noirs de la droite paru chez Jean-Claude Gawsewitch en 2007, et de Investir : une urgence absolue pour la France et l'Europe à télécharger chez la Fondation jean Jaurès (en libre téléchargement).

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La filière automobile française, l’une des principales épines dorsales de l’économie française depuis les années 50, est devenue très vulnérable. Certains vont même jusqu’à prédire sa disparition prochaine. Ce sont en général les mêmes qui nous ont expliqué tout au long des années 90 et 2000, que l’industrie avait vocation à disparaître au profit des services, de l’entreprise sans usine et de la finance. Pas de fatalisme : l’avenir est à construire. A condition d’innover et d’anticiper. Le développement de constructeurs généralistes (pour ne citer qu’eux) comme Volkswagen ou Hyundai montre qu’il n’y  a pas d’activité condamnée, mais que des entreprises qui n’innovent pas assez.

Il s’agit de mettre à profit la crise européenne, la concurrence mondiale de plus en plus dure, les évolutions de la demande vers des véhicules à moindre coût et décarbonés, le potentiel de rupture technologique existant, les contraintes énergétiques, la congestion routière, les comportements évolutifs de mobilité en zone urbaine et péri-urbaine, autant de facteurs clés fort divers, pour élargir notre vision de l’avenir automobile et mobiliser l’ensemble des acteurs. Après plusieurs décennies d’optimisation des activités en silos (automobile, ferroviaire, infrastructures, etc), demain le transport « intelligent » va pousser et pousse déjà les acteurs à s’ouvrir aux autres. Un système (et pas seulement une filière) automobile prend forme, par la combinaison du véhicule, de son infrastructure et de son usage.

L’on voit déjà s’esquisser une approche intégrée permettant à chacun d’entre nous de mieux utiliser les véhicules déjà existants, d’être aidés lors de nos déplacements par un assistant numérique. Les technologies numériques seront probablement au cœur des mobilités de demain. Ainsi, deux axes d’innovation apparaissent : l’un technologique, le second serviciel, avec par exemple des systèmes d’information multimodaux et personnalisés, le développement de la voiture en libre service, la constitution d’offres complètes de mobilité.

Les études de prospective dans ce domaine mettent en avant les nouveaux usages de l’automobile que les constructeurs intègrent dans leurs stratégies. Recherche d’économie d’énergie et diversité des besoins de mobilité se conjuguent pour déboucher à moyen et long terme sur une panoplie large de véhicules et de services de mobilité. Quatre leviers peuvent alors être utilisés : les voitures propres et économes, les politiques territoriales de déplacement, les services d’automobiles partagés et la forte croissance de services numériques. Autant d’acteurs qui doivent travailler ensemble. Nous devrions ainsi avoir un marché automobile très multiforme et multiproduits : véhicules polyvalents, véhicules classiques, petits véhicules adaptés à la mobilité urbaine,  voitures low-cost pour les clientèles de pays nouveaux à forte croissance et certains segments de clientèles dans les pays matures,  véhicules « verts »,  véhicules intégrés dans des chaînes complètes de mobilité destinés à la location, véhicules « premium » intégrant les nouvelles technologies, etc. Au total, un bouleversement profond est à l’œuvre.

Cela signifie pour nos constructeurs automobiles à la fois investir dans le foisonnement des technologies et la formation continue, comprendre la multiplication des segments de clientèle, lancer simultanément des modèles dans toutes les régions du monde pour répondre à la mondialisation partielle des choix des consommateurs, travailler en étroite relation avec les équipementiers pour intervenir vite et développer rapidement des nouvelles technologies, faire évoluer profondément leurs modes d’organisation liant bureaux d’études,créateurs, usines, construire des interfaces avec les autres acteurs de la mobilité. Un enjeu à la fois territorial, national et européen. Une révolution à ne pas manquer ; il ne s’agit plus de vendre du rêve comme autrefois, mais de vendre du transport supportable pour la société.

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