La convention républicaine, mega show d’une droite vraiment décomplexée<!-- --> | Atlantico.fr
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Mitt Romney et Paul Ryan lors de la convention républicaine à Tampa en Floride.
Mitt Romney et Paul Ryan lors de la convention républicaine à Tampa en Floride.
©Reuters

Radical

La Convention républicaine a vu se succéder à Tampa, en Floride, des hommes politiques fiers de leurs valeurs, et pour qui impôt, intervention de l’Etat et "Obamacare" sont des gros mots.

Fabrice Le Quintrec

Fabrice Le Quintrec

Fabrice le Quintrec est rédacteur en chef adjoint à Radio France, spécialiste des revues de presse.

Ancien attaché culturel en poste à l'Ambassade de France au Japon, il est aussi auditeur de l'IHEDN (Institut des Hautes études de la Défense Nationale).

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Géographiquement, un océan sépare la France du Nouveau monde, mais en termes d’état d’esprit et de discours politiques, quel abîme entre la Vieille Europe qui doute et les Etats-Unis qui conservent une foi inébranlable dans le rêve américain ! Point n’était besoin de le « ré-enchanter », ce rêve américain, il était vibrant dans le cœur des militants et des délégués républicains rassemblés en Floride pour la convention du Grand Old Party. Dans quelques jours, malgré le chômage qui dépasse les 8%, le même optimisme, le même volontarisme, le même patriotisme prévaudront, n’en doutons pas, à la convention du Parti démocrate. Mais le clivage idéologique est de plus en plus net aux Etats-Unis entre la droite et la gauche, même si le débat entre l’une et l’autre, transférées sur l’échiquier politique français, ferait figure d’affrontement entre la droite et l’extrême droite.

La convention républicaine qui vient de s’achever a, en grande pompe, officialisé la désignation de Mitt Romney, ancien gouverneur du Massachusetts, ancien patron des Jeux Olympiques de Salt Lake City et homme d’affaires richissime, comme porte drapeau du parti, le 6 novembre prochain face à Barack Obama.

Imagine-t-on en France un grand patron tenant de valeurs résolument conservatrices concourir avec de réelles chances de l’emporter aux élections présidentielles et entonner fièrement, sous les applaudissements du public, le credo de l’économie de marché ? Le libéralisme économique et le capitalisme aux Etats-Unis n’ont pas à être décomplexés ; ils sont sans complexes.

C’est donc une drôle de petite musique à laquelle nos oreilles ne sont pas habituées que l’on a entendue à Tampa ces jours derniers.

Morceau choisi de l’allocution de Mitt Romney : « Obama est un ennemi du succès. En Amérique, quand on réussit, on célèbre le succès ; on ne s’excuse pas. Le génie américain consiste à  essayer de créer la prospérité de demain et non à redistribuer celle d’aujourd’hui. »

Mitt Romney a voulu rendre socialement acceptable le fait de rire aux dépens de Barack Obama : « Barack Obama avait promis de ralentir la montée du niveau des océans et de soulager les maux de la planète. Pour ma part, je me contenterai de vous aider, vous et votre famille. »

Dans le même registre, maniant l’ironie et le sarcasme avec brio, Clint Eastwood (car tous les barons de Hollywood, a-t-il insisté, ne sont pas forcément de gauche) a souligné la nécessité de placer un businessman plutôt qu’un avocat à la Maison Blanche, pour renouer avec des principes simples : « Le peuple est propriétaire du pays, les politiciens sont nos employés. Quand quelqu’un ne fait pas le boulot, il faut le renvoyer.»

Pour les républicains, impôt, intervention de l’Etat et « Obamacare » (le système d’assurance médicale concocté par le président en place) sont des gros mots.

L’une des étoiles montantes du  Parti, le sénateur de Floride Marco Rubio, s’est emporté contre les idées et politiques redistributives de Barack Obama, contre la fuite en avant dans les déficits et l’endettement. « C’est ce qui, de par le monde, pousse des migrants à quitter leur pays pour s’installer aux Etats-Unis ; ces idées  sont destinées à aider l’Amérique à devenir comme le reste du monde et non à aider le reste du monde à devenir comme l’Amérique ».

Outre la libre entreprise, seule créatrice de richesses, la famille et la religion ont également été mises à l’honneur à la Convention de Tampa. Les républicains, confiants dans la victoire en novembre, entendent bien, décidément rester ce qu’ils sont et ce que l’Amérique n’aurait jamais dû cesser d’être, selon eux.

Dans l’autre camp, on affûte ses armes. Mitt Romney parait « prenable ». C’est un mormon. Il appartient donc à une église que certains américains considèrent comme une secte. Il peut paraître hautain, éloigné de « Main Street », c’est-à-dire de l’Amérique d’en-bas. Il est capable de commettre des gaffes et de s’empêtrer dans ses contradictions. Enfin et surtout, l’aile la plus radicale du parti républicain se méfie de Romney, trop modéré à son goût.

Reste à savoir si la large coalition qui avait placé ses espoirs en Barack Obama il y a quatre ans aura résisté à la crise et à un bilan mitigé.

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