La Chine va soumettre ses banques à des stress tests : ce qu'on risque d’apprendre (ou pas)<!-- --> | Atlantico.fr
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La Chine a récemment annoncé qu'elle allait soumettre ses banques à un stress-test.
La Chine a récemment annoncé qu'elle allait soumettre ses banques à un stress-test.
©Reuters

Bilan de santé

La Commission de Régulation bancaire de Chine (CBRC) a demandé aux banques de renforcer leurs contrôles sur les créances douteuses. Des tests de résistance devraient bientôt faire le point sur la solidité des banques chinoises...

Jean-François Di Meglio

Jean-François Di Meglio

Jean-François Di Meglio est président de l'institut de recherche Asia Centre.

Ancien élève de l'École normale supérieure et de l'Université de Pékin, il enseigne par ailleurs à l'IEP Lyon, à l'Ecole Centrale Paris, à HEC ParisTech, à l'École des Mines Paris Tech et à Lille I.

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Atlantico : La Chine a récemment annoncé qu'elle allait soumettre ses banques à un stress-test. Que risque-t-il de révéler ? Quel est l'état réel de la santé des banques chinoises ? Sont-elles plus solides que les nôtres ?

Jean-François Di Meglio : Le système bancaire chinois est complexe et partiellement opaque. Ceci n'est pas simplement dû à une volonté de dissimuler, mais aussi au fait que ce système plonge ses racines au cœur d'un système ou la comptabilité publique n'est pas la même que la notre dans le meilleur des cas, et souffre dans le pire des cas d’ambiguïtés et de conflits d’intérêts profonds. L'exemple-type est l'existence de ce que l'on appelle le "shadow banking", c'est-a-dire un système parallèle qui en réalité communique avec le système "officiel" parce que les banques officielles prêtent aussi, directement ou pas, a ce système.

Ceci dit, tout n'est pas si catastrophique. Sans être aussi optimiste qu'une récente étude assez sensationnelle d'UBS a Hong Kong ("China econoics : Shadow banking: stress, not threats") qui établit la proportion de "prêts parallèles" en Chine à un pourcentage du PIB inférieur à ce qu'il est dans des pays occidentaux (Angleterre incluse), on peut considérer qu'un traitement graduel de ce problème est possible et qu'il peut être maitrisé.

Pour en revenir au système "officiel", sa santé varie selon que l'on regarde les 4 grandes banques "nationales" bien capitalisées, et capables de résister a une opération de provisionnement à laquelle il faut s'attendre et que vise peut-être l'exercice dont vous parlez, ou les banques locales, prises dans des systèmes d'influence mais aussi de contraintes (soutien au tissu économique, mise en place de "plates-formes" locales de financement pour soutenir le plan de relance déjà mis en place en 2009 et qui a créé du déficit public). 

Dans l'ensemble, les autorités de régulation connaissent ces disparités, préparent une ouverture du marché chinois à la concurrence interne et étrangère mais, sur la base des problèmes de mauvais crédits connus ou que le stress test fera apparaitre, elles ne sont pas pressées d'ouvrir le marché. Le stress test est une première étape dans cette marche inévitable.

Quant à la santé des banques chinoises, elle niveau du niveau d'analyse. Il faut rappeler qu'en théorie ces banques représentent les plus grandes capitalisations boursières du monde, même si seulement une partie de leur capital est coté, et que donc toute "règle de trois" multipliant le prix de la part cotée par l'inverse de la fraction cotée est illusoire. Les plus grandes ont été considérablement renforcées dans les dix dernières années. Les faiblesses se trouvent "au bas de l’échelle", localement.

Quelle idée la Chine a-t-elle en tête en s'adonnant à ce genre de tests ? S'agit-il vraiment de s'assurer de la santé de ses organes banquiers et financiers, ou cherche-t-elle davantage à envoyer un message au reste du monde ?

Ce n'est pas le premier exercice du genre. Les autorités bancaires chinoises de régulation ne sont pas loin d'utiliser des critères d’évaluation et de règlementation du capital proches de "Bale III". Il s'agit donc de préparer les prochaines étapes de dérèglementation. Il y a peut-être une part de communication vers l’extérieur, mais une fois de plus, en Chine, c'est bien la priorité domestique qui guide l'action.

Si les tests s'avéraient mauvais, les Chinois pourraient les dissimuler ?

Il est peu probable que ce soit l'objectif. De la même façon que le premier défaut obligataire chinois en janvier (une compagnie de panneaux solaires ayant probablement souffert du retrait des concours bancaires issus du "système parallèle" de financement jusqu'au jour où, l'échéance d'un remboursement en capital arrivant, elle les a perdus du fait des restrictions sur le secteur), cette opération "transparence" sert les objectifs officiels de mise en évidence des mauvaises pratiques et des "canards boiteux".

Le risque, qu'avaient couru les autorités américaines et qui s'est retourné contre elles avec la faillite de Lehman déclenchant la crise, de voir la mécanique d'assainissement du système s'emballer et dépasser les intentions des régulateurs, est limite. D'ailleurs, la volonté de transparence semble porter ses fruits puisque le marche boursier chinois, véritable Belle au Bois Dormant de l’économie, s'est réveillé depuis un mois.

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