La Chine au bord du krach économique et donc en risque de crise politique...<!-- --> | Atlantico.fr
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Xi Jinping, le président Chinois, photo d'illustration AFP
Xi Jinping, le président Chinois, photo d'illustration AFP
©Naohiko Hatta / POOL / AFP

Atlantico Business

Pour la majorité des observateurs, l'économie chinoise est au bord du gouffre, ce qui pousse le président chinois à durcir à nouveau le modèle politique. Le président Xi Jinping ne promet plus la croissance économique pour tous, mais mise l'essentiel de ses efforts sur la sécurité militaire.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Décidément, les dictateurs qui perdent pied sur le terrain du développement économique finissent toujours par renforcer leur potentiel militaire avec le vague projet de faire la guerre à des adversaires pour gommer le déficit économique aux yeux de leur peuple.

Poutine est le dernier en date à avoir suivi ce schéma. Pendant plus de 20 ans, il a transformé la Russie en une formidable machine à exploiter et à vendre de l'énergie (gaz et pétrole) et des matières premières, mais il n'a pas investi un rouble dans une industrie civile ni dans des dépenses sociales (logement, santé, retraite). Parallèlement, il a créé une industrie de guerre dont l'efficacité reste encore à prouver. Le résultat de ce choix stratégique est que la Russie est coupée en deux : d'un côté, une oligarchie très riche et une bourgeoisie aisée qui vivent à Moscou, Saint-Pétersbourg ou à l'étranger ; de l'autre côté, dans cet immense territoire, plus de 180 millions de Russes vivent dans la campagne et dans la misère. Et pour s'en sortir, Vladimir Poutine, qui au départ avait promis à son peuple une prospérité économique, en arrive aujourd'hui à expliquer que si les Russes sont dans la misère, c'est à cause de l'Occident et que la seule chose qui leur reste à faire, c'est de se défendre contre ces valeurs occidentales, d'où la guerre en Ukraine considérée comme la tête de pont de la modernité qui leur a échappé. 

Xi Jinping est pratiquement dans la même logique. Pendant 20 ans, il a développé en Chine des structures d'économie de marché avec pour objectif de donner du travail industriel au plus grand nombre, de financer des équipements collectifs, bref d'espérer faire de la Chine l'un des pays les plus riches du monde avec un peuple à qui on promettait une forme de prospérité économique. Et pendant vingt ans, il a assoupli les règles de gestion en donnant plus de liberté, notamment de liberté d'entreprise, de propriété et d'enrichissement. L'arrivée du Covid-19 a donné un coup d'arrêt très brutal à ce modèle. D'abord parce que le gouvernement a institué l'objectif de zéro Covid, ce qui a paralysé toutes les activités. Ensuite parce que cette politique n'a pas produit de résultats : pas de soins, pas de traitement, pas de vaccins. La population en a pris un sérieux coup sur la tête, et la gouvernance de Pékin a perdu beaucoup de sa crédibilité.

Du coup, le Parti communiste et le président Xi Jinping ont repris en main tous les leviers de commande. Moins de liberté, moins d'initiatives, etc., mais le mal était plus profond. On s'aperçoit aujourd'hui que tous les indicateurs piquent du nez : les exportations, les activités de production, la consommation... Pékin ne sait visiblement pas comment relancer l'activité et restaurer la stabilité des prix. Pour éviter l'inflation, il a relevé les taux d'intérêt, mais ces taux ont asphyxié l'activité, notamment l'immobilier. Dans la période précédente, le gouvernement avait donné carte blanche aux promoteurs immobiliers afin de construire des logements dont les Chinois rêvaient, lesquels se sont endettés. Aujourd'hui, les taux sont plus élevés, les moyens de rembourser diminuent, et donc les chantiers s'arrêtent. La Chine se retrouve dans l'équivalent d'une crise des subprimes, sans contagion possible à l'extérieur parce que les titres de crédit n'ont pas été titrisés et vendus à l'étranger, mais une crise qui mine l'économie interne, car l'immobilier représente près de 25 % de l'activité et du PIB.

La gouvernance chinoise revient donc à ses classiques, elle remet en œuvre tous les outils d'une économie dirigée et centralisée.

Pour l'instant, le monde occidental est assez peu impacté. L'Allemagne exporte une grande part de ses automobiles, et souffre un peu , mais pour le reste des échanges, la Chine parvient à maintenir ses volumes d'exportations. La Chine reste l'usine du monde, mais le monde a de moins en moins tendance à investir et à innover en Chine. La Chine n'a plus comme avant des moteurs puissants de la croissance, comme l'innovation et l'énergie des jeunes entrepreneurs qui, pour l'instant, ont assez peu d'intérêt à entreprendre et surtout à jouer le jeu de la concurrence. Tout se passe comme si Xi Jinping avait fait le choix d'une croissance faible pour protéger la stabilité politique. Reste que politiquement, il va falloir faire accepter ce modèle aux Chinois qui ont connu le rêve de la prospérité et qui ont connaissance de la situation quotidienne en Occident via l'internet et les réseaux sociaux. 

La Chine est au bord de la crise économique, monétaire et financière ; cette crise-là prépare inévitablement la crise politique. Sauf si Xi Jinping trouve dans le dossier de Taïwan les moyens de garder le contrôle de son opinion publique.

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