La baisse des allocations familiales, c’est maintenant : comment savoir si vous faites partie de ceux qui vont (encore) financer l’ère de redistribution du quinquennat Hollande<!-- --> | Atlantico.fr
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A partir du 1er juillet prochain, les allocations familiales des classes moyennes supérieures vont sévèrement être diminuées.
A partir du 1er juillet prochain, les allocations familiales des classes moyennes supérieures vont sévèrement être diminuées.
©Reuters

Et bien chantez maintenant !

A partir du 1er juillet prochain, les allocations familiales seront divisées par deux pour les ménages avec deux enfants gagnant plus de 5,595 euros mensuels et par quatre pour ceux percevant plus de 7,457 euros. Une attaque en règle de la part de l'exécutif contre les classes moyennes supérieures, au détriment de la natalité française.

Jacques Bichot

Jacques Bichot

Jacques Bichot est Professeur émérite d’économie de l’Université Jean Moulin (Lyon 3), et membre honoraire du Conseil économique et social.

Ses derniers ouvrages parus sont : Le Labyrinthe aux éditions des Belles Lettres en 2015, Retraites : le dictionnaire de la réforme. L’Harmattan, 2010, Les enjeux 2012 de A à Z. L’Harmattan, 2012, et La retraite en liberté, au Cherche-midi, en janvier 2017.

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Atlantico : A travers cette baisse partielle du montant des allocations familiales, l'exécutif vise explicitement une certaine catégorie de Français qui en bénéficient. Qui sont-ils ? Comment vont-ils être pénalisés ?

Jacques Bichot : Les mesures restrictives touchent principalement les classes moyennes supérieures : c’est le cas de la division par 2 ou par 4 des allocations selon les revenus, c’était aussi le cas pour les deux abaissements successifs du plafond du quotient familial, pour la division par 2 de la prime de naissance et pour la diminution de 20 % de l’aide à l’emploi d’une garde d’enfant à domicile. Ces mesures correspondent à une conception erronée des prestations familiales et du quotient familial, assimilés à des "aides". S’il s’agissait d’aider les familles, les mesures prises seraient logiques, et on pourrait même aller jusqu’à la suppression complète des allocations pour les "riches". Mais en fait, les prestations familiales sont un moyen de faire participer l’ensemble de la population à l’investissement dans la jeunesse que réalisent les parents, et qui profite à tous puisque ce sont les enfants d’aujourd’hui qui payeront les retraites de demain à toutes les personnes âgées, y compris celles qui n’auront pas élevé d’enfants ou qui en auront élevé un seul.

A l'inverse, on imagine que ces économies pourraient bénéficier aux plus "défavorisés", aux familles les moins riches. Qu'en est-il réellement ?

Il y a un accroissement des aides aux personnes en difficulté, hélas parce qu’elles sont de plus en plus nombreuses, pas parce qu’on s’occuperait mieux de chacune d’elles. En caricaturant, on pourrait dire que la réduction des allocations pour les classes moyennes supérieures sert à verser le RSA à un nombre croissant de personnes sans emploi. Le pouvoir en place fait payer aux familles aisées l’échec de sa politique économique, qui se traduit par une diminution du nombre des emplois productifs alors que l’arrivée sur le marché du travail des jeunes et des immigrés devrait se traduire par 200.000 créations d’emploi chaque année dans le secteur privé.

Avec une telle baisse pour les tranches les plus "aisées", entre-t-on dans l'ère de la "redistribution" du quinquennat de François Hollande ? Les sympathisants socialistes doivent-ils se réjouir de voir enfin la mise en place d'une "mesure de gauche" ?

Alfred Sauvy, créateur de l’INED (Institut national d’études démographiques), avait le cœur à gauche, et il a toujours milité pour des prestations familiales indépendantes des revenus. En fait, il y a une gauche qui comprend l’utilité de la natalité, et une gauche malthusienne. Les dirigeants actuels de la France sont malthusiens. Ils vont d’ailleurs être récompensés de leurs "efforts" : les naissances en France métropolitaine, dont l’INSEE tient soigneusement le compte mois par mois, sont pour les 5 premiers mois de cette année en baisse de 3,6 % sur la moyenne des années 2000 à 2014.  

A l'approche de la campagne de 2017, peut-on dire que cette mesure est, électoralement parlant, bonne pour François Hollande et le PS ? Quelles sont les raisons, explicites comme implicites, qui justifient une telle mesure ?

Je ne suis pas certain que les Français soient majoritairement favorables à l’assistance. Le sens de la dignité (vivre de son travail et de ce que l’on fait d’utile) est encore important dans ce pays. Et les Français aiment les enfants, la natalité plus élevé chez nous que chez nos voisins européen le montre. Si l’UNAF (Union nationale des associations familiales), qui a chiffré à 4 milliards la perte subie globalement par les familles avec enfants au foyer du fait des mesures prises depuis 2012, lançait une campagne "touche pas à mes gamins" comme fut lancée jadis la campagne "touche pas à mon pote", je crois qu’elle aurait un certain succès. Quant aux calculs électoraux de François Hollande, j’espère pour lui qu’ils seront moins erronés que ses calculs économiques, mais je ne l’espère pas pour la France, qui a davantage besoin d’enfants, et d’enfants bien formés (le déclin scolaire est aussi une atteinte à la politique familiale, plus grave encore que les questions de gros sous), que d’un président "normal".  

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