L’OCDE s’est penchée sur les pénuries de main d’œuvre post-Covid, les secteurs concernés ET les solutions possibles <!-- --> | Atlantico.fr
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Une annonce d'embauche affichée sur la devanture d'un magasin.
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©Nicolas Guyonnet / Hans Lucas via AFP

Impact économique

Les pénuries de main-d'œuvre entravent l'activité économique et déclenchent une hausse de l'inflation, selon l'analyse du Département des affaires économiques de l'OCDE.

Orsetta Causa

Orsetta Causa

Orsetta Causa est économiste senior au Département des affaires économiques de l'OCDE, responsable du groupe de travail Marché du travail et inégalités. Ses recherches et ses publications portent sur la dynamique et l'inclusivité du marché du travail, l'inégalité des chances, sur la mobilité sociale intergénérationnelle, le commerce, la productivité et l'impact des politiques structurelles sur la croissance macroéconomique. Orsetta Causa a occupé plusieurs postes au sein du Département des affaires économiques de l'OCDE, notamment celui de responsable de la publication Objectif croissance.

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Atlantico : Vous avez récemment publié une analyse transnationale du marché du travail. Vous montrez que les pénuries de main-d'œuvre sont à la hausse. Quelle est l'importance de ce phénomène ?

Orsetta Causa : Les pénuries de main-d'oeuvre ont une influence très importante dans de nombreuses économies avancées, en particulier aux États-Unis, au Canada et en Australie. À la fin de 2021, les marchés du travail s'étaient redressés dans la plupart des pays, avec des taux de chômage largement inférieurs à leurs niveaux d'avant la pandémie. Cela a des effets réels sur nos économies : un marché du travail tendu est un marché où le chômage est faible et la demande de main-d'œuvre des entreprises est élevée, ce qui signifie que les entreprises ont du mal à trouver et à embaucher des travailleurs pour augmenter la production. La tension peut être mesurée par le rapport entre les postes vacants et les chômeurs : au quatrième trimestre 2021 dans les pays de l'OCDE, cet indicateur a augmenté de près de 50 % par rapport à la même période de 2019. Selon les dernières données des Perspectives économiques de l'OCDE , les offres d'emploi par chômeur au deuxième trimestre 2022 restent bien supérieures à leurs niveaux d'avant la COVID, y compris aux États-Unis et en Allemagne. 

Quels secteurs sont les plus touchés par ces pénuries ? Et pourquoi?

Cela varie d'un pays à l'autre, mais dans l'ensemble, dans l'OCDE, les secteurs à forte intensité de contacts, comme l'hébergement, la restauration et l'hôtellerie, ainsi que l'industrie manufacturière, ont été les plus touchés. Cela s'explique en partie par le fait que ces secteurs ont été très durement touchés pendant la pandémie et se sont rétablis rapidement lorsque les restrictions ont été levées. Cependant, nous observons également une tendance des travailleurs à ne plus chercher d'emploi dans ces secteurs car ils offrent généralement de bas salaires, une faible protection sociale et des conditions de travail pénibles. En effet, un « grand départ » a été observé dans de nombreuses économies avancées, en particulier aux États-Unis dans ces emplois peu rémunérés et à forte intensité de contacts comme le commerce de détail, l'hébergement et la restauration.

Quels sont, selon vous, les moteurs de ces pénuries ?

Ces pénuries sont le résultat à la fois de facteurs conjoncturels, comme le fait que les entreprises ont dû brutalement ralentir leur production pendant la pandémie et la relancer tout aussi brusquement par la suite, et structurels, comme les travailleurs ne souhaitant plus assumer des emplois précaires, pénibles et emplois peu rémunérés. Sur le plan cyclique, nous savons que la reprise a également incité les travailleurs à changer d'emploi et que leur réaffectation a maintenu les postes vacants à un niveau élevé. Aux États-Unis, la baisse de la participation au marché du travail des femmes et des travailleurs âgés a également joué un rôle important, alors que les ménages ont du mal à joindre les deux bouts, à assurer leur sécurité et à assurer l'enseignement à domicile de leurs enfants.

Que pourrait-on faire pour remédier à ces pénuries ?

Les pénuries de main-d'œuvre peuvent être résolues par plusieurs outils politiques, à adapter en fonction de la situation spécifique à chaque pays. Améliorer les conditions de travail et une rémunération équitable en promouvant le pouvoir de négociation des travailleurs et en renforçant la protection sociale peut aider à maintenir les travailleurs dans la population active et à les faire revenir. L'accès à des services de garde d'enfants de qualité et à des conditions de travail flexibles peut encourager les femmes à revenir sur le marché du travail. L'intensification des politiques actives du marché du travail pour encourager la requalification et la réaffectation des demandeurs d'emploi et des travailleurs qui ont besoin d'être requalifiés doit être déployée sous différentes dimensions : i) à court terme, en établissant des programmes accélérés pour aider à faire face aux tensions croissantes dans des -des emplois qualifiés -- par exemple dans le domaine des soins à la personne, ii) à moyen et long terme, en concevant des ensembles de politiques pour soutenir les transitions des travailleurs vers des activités à faibles émissions de carbone. La réaffectation des travailleurs doit également être encouragée en levant les obstacles à la mobilité interrégionale et internationale. Faciliter l'afflux de migrants internationaux tout en garantissant des politiques d'intégration complémentaires et une reconnaissance effective des qualifications acquises à l'étranger. Les réformes dans ce domaine deviennent prioritaires pour faire face à la guerre en cours en Ukraine, en particulier entre les pays européens.

Pour retrouver l'étude : cliquez ICI

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