L’huile de palme est devenue la grande méchante de la consommation responsable. Et si c’était (pour partie) à tort…? <!-- --> | Atlantico.fr
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Cette photo prise à Kampar le 20 août 2018 montre un producteur d'huile de palme qui présente des graines de palmier à huile à Kampar, dans la province de Riau.
Cette photo prise à Kampar le 20 août 2018 montre un producteur d'huile de palme qui présente des graines de palmier à huile à Kampar, dans la province de Riau.
©RÉVÉLATION / AFP

Coupable idéal

La culture de palmiers à huile a de nombreux avantages qu’il est toujours utile de rappeler. L’huile de palme est extraite des fruits du palmier à huile.

Jean-Paul Jamet

Jean-Paul Jamet

Jean-Paul Jamet est secrétaire général chez CNPAGES WORLD. Il a notamment été directeur de l'interprofession des oléagineux.

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Atlantico : On entend souvent dire que l’huile de palme est néfaste pour l’environnement. A quel point ce constat est-il juste ? La culture de palmiers à huile présente t-elle des avantages ?

Jean-Paul Jamet : J’ai été directeur de l'interprofession des oléagineux en France pendant une dizaine d’années. Dans le cadre de mon travail, je suis allé en Indonésie et en Malaisie en 1987 pour voir les cultures d’huile de palme. Ce qui m’étonne, c’est de voir que la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations) raisonne de manière assez simpliste et binaire. Elle tire ses conclusions à partir d’images satellites de l’occupation des cultures d’huile de palme et avance que ces cultures sont directement responsables de la déforestation. C’est complètement faux. Ils estiment que lorsqu’un arbre produit autre chose que du bois, ce n’est plus un arbre « forestier ». Par exemple, si vous êtes dans la savane africaine et que vous décidez de planter des arbres fruitiers, cela contribuerait à la notion de déforestation. Je ne vois pas pourquoi des arbres destinés à un autre usage que la production de bois ne seraient pas considérés comme des arbres forestiers. 

D’un point de vue environnemental, les plantations de palmiers à huile produisent autant d’oxygène et absorbent autant de CO2 que les forêts classiques que l’on retrouve habituellement dans ces milieux. Or, ne produisant pas de bois, on emploie à tort le terme de déforestation. C’est à mes yeux la première difficulté, qui est uniquement une question de nomenclature. Il est important de rappeler que la déforestation a commencé dans les années 1950 en Indonésie. Il y avait alors 159 millions d’hectares de forêts. En 1997, il en restait 100 millions. 59 millions d’hectares ont donc été abattus alors même qu’en 2000, il n’y avait que 2 millions d’hectares de palmiers à huile. 

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En réalité, à la fin des années 1980, l’Indonésie était la réserve à bois de l’Asie. C’était une volonté politique des dirigeants Indonésiens. Les palmiers à huile, eux, se sont surtout développés dans les années 2000. Sur les 15 millions d’hectares de forêts qui ont été rasés depuis cette période, seuls 3 millions ont servi à la plantation de palmiers à huile. On peut donc affirmer que la culture de l’huile de palme n'est pas responsable de la déforestation. 

Il faut également ajouter un point très important. L’huile de palme représente environ 35% de la production mondiale d’huile. L’huile de soja arrive en deuxième position. Quand sur un hectare de palmiers à huile on arrive à produire 4 à 5 tonnes d’huile, on en produit à peine 0,7 tonnes avec du soja. Il faudrait donc 6 à 7 fois plus de surface de soja pour produire la même quantité d’huile. Il y a donc une économie certaine des terres et une préservation de l’écosystème.

On peut également insister sur le fait que le système d’exploitation du palmier à huile est considéré comme un modèle en Indonésie. A peine 50% de la production est le fait de grandes compagnies. Ce marché est donc une véritable source de revenus pour les petits producteurs. D’un point de vue social, ce système est donc relativement juste et n’exploite pas de petits travailleurs, ce que je trouve respectable. 

Enfin, on peut s’intéresser à l’aspect nutritionnel de l’huile de palme. Contrairement à ce que l’on entend souvent, sa qualité est tout à fait honorable. Il contient une grande quantité d’acide oléique, qui est un acide mono-insaturé. La seule critique que l’on peut faire à l’encontre de cette huile est qu’elle contient très peu d’acide gras poly-insaturé, mais on peut retrouver ces acides dans bien d’autres aliments. 

En conclusion, même si la culture de palmiers à huile contribue à l’abattage de millions d’hectares d’arbres « forestiers », elle a également de nombreux avantages qu’il est toujours utile de rappeler. 

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