Bionique : l'homme qui valait trois milliards est-il devenu une réalité scientifique ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Minority Report : photo Tom Cruise.
Minority Report : photo Tom Cruise.
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Surpuissants

Avec les progrès technologiques, la frontière entre l'homme et la machine devient de plus en plus floue... Des électrodes implantées dans le cerveau permettent de soigner des maladies, mais aussi d'améliorer les performances intellectuelles. Les implications pour améliorer la vie quotidienne ou pour créer des armes humaines sur les champs de bataille posent de grandes questions éthiques.

Il y a quarante ans, la télévision créait un mythe. A travers la série de science-fiction "L’homme qui valait 3 milliards", l’homme bionique entrait dans l’imaginaire collectif. Mais aujourd’hui, ce rêve lointain est devenu un fait scientifique.

Les nouvelles technologies ont investi le cerveau humain, rendant possibles des capacités qu’on pourrait qualifier de surhumaines. Avec le seul pouvoir de l’esprit, les hommes sont maintenant capables d’utiliser à distance des armes ou des machines. Et en utilisant des technologies déjà sur le marché, ou qui sont en développement, comme le note The Independent.

Pour les capacités intellectuelles, des électrodes implantées dans le cerveau peuvent délivrer des impulsions électriques capables de stimuler la mémoire et les compétences mathématiques. Au niveau physique, un groupe de scientifiques a montré comment un homme, à New York, avec un appareil implanté dans son système nerveux, pouvait contrôler un bras robotique à l’autre bout de l’Atlantique, au Royaume-Uni, juste en y pensant.

Mais les avancées rapides du domaine font naître des doutes… Jouer avec le cerveau pourrait changer les personnalités : créer des super-hommes bioniques utilisés comme armes humaines, ou utiliser le contrôle mental avec des implications dérangeantes pour la société. Ces questions sont au centre des préoccupations du Nuffield Council for Bioethics, un organisme privé britannique qui a pour mission d'examiner les questions éthiques soulevées par les progrès de la médecine et de la biologie créé en 1991.

"Intervenir dans le cerveau a toujours soulevé des espoirs et des doutes. Les espoirs de soigner de terribles maladies, mais aussi les peurs d’améliorer les capacités humaines au-delà du normalement possible", explique Thomas Baldwin, professeur de philosophie à l’Université de York, dans une dépêche Reuters.

Parmi toutes ces technologies, la plus développée est la stimulation cérébrale, rendue possible par l’implantation d’électrodes au plus profond du cerveau. Cette technique a donné de bons résultats pour le traitement de la maladie de Parkinson ou des dépressions sévères. Mais certains des patients ont subis de graves effets secondaires, comme des changements de personnalité, une augmentation significative des comportements criminels ou des besoins sexuels.

De même, un peu petit appareil vendu sur Internet, une sorte de capsule qui s’attache sur la tête et qui délivre de petites impulsions magnétiques, est utilisé pour améliorer les capacités intellectuelles des jeunes adultes. En Écosse, des médecins ont injectés des cellules souches neurales pour remplacer des parties de cerveau endommagées. Là encore, certains craignent les risques d’altération de personnalité ou de comportement, sans parler des tumeurs éventuelles.

Comme le note Alena Buyx, du Nuffield Council, "ces technologies altèrent-elles notre notion de personnalité individuelle ? Si quelqu’un se fait arrêter pour vol à l’étalage, va-t-il déclarer que c’est son implant qui l’a poussé à le faire ?"

Le problème se pose aussi sur les applications militaires de ces technologies sur les théâtres d’opérations guerriers, où celui qui contrôle la machine meurtrière sur le terrain est lui, à l’abri, loin et bien protégé. "La distinction entre l’homme et la machine est brouillée, note Kevin Warwick, professeur de cybernétique à l’Université de Reading. Qui prend la décision, qui est responsable ?"

Le développement des exosquelettes robotisés posent les mêmes questions, résumées dans une tribune pour le site The Atlantic. La frontière entre l’homme et la machine devient parfois floue. Ils peuvent utilisés pour redonner à une personne paralysée l’usage de ses jambes. Et que dire des implants robotisés, qui peuvent remplacer un membre perdu ? Les utilisations thérapeutiques peuvent être énormes. Mais rien ne reste jamais purement médical, et nombreux seront ceux qui voudront franchir le pas entre les besoins des personnes handicapées et les améliorations pour les bien portants.

Le médicament Adderall en est un bon exemple. Cette substance, qui rend vite dépendant, est prescrite à ceux souffrant d’hyperactivité. Elle permet aux malades de se concentrer sur une tâche précise sans s’éparpiller. Mais pour les autres, elle devient un stimulant améliorant grandement la résistance et l’attention. Les étudiants en deviennent très friands, particulièrement pour briller aux examens importants… Si cette pratique devient acceptable, les implants électroniques pour améliorer la vie quotidienne le deviendront-ils aussi ? Et pour quels résultats?

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