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L’étude qui montre qu’écouter vos corps vaut autant qu’une bonne séance de réflexion face à une décision difficile à prendre
©Sajjad HUSSAIN / AFP

Gut check

Selon de nouvelles études, l'intuition serait liée à la capacité à écouter des signaux subtils que nous envoie notre corps.

C'est un peu un mythe. "Je suis mes tripes." "Je sais que c'est la bonne décision, je ne peux pas l'expliquer, je le sais." "Je le sens."

En général, on nous explique que c'est une mauvaise idée que de prendre ses décisions au "feeling", mais la réalité est beaucoup plus complexe que cela.

En effet, ce sentiment "des tripes" est une réalité confirmée scientifiquement. On peut ressentir des sensations dans nos tripes, ou encore notre cœur, nos poumons, notre vessie, notre peau, ou d'autres organes, des sensations liées à nos décisions, et elles ont un rôle. Ces réactions sont des signaux qui nous renseignent sur notre état émotionnel, et notre compétence à détecter et interpréter ces signaux peut nous aider à prendre des décisions.

Une nouvelle étude publiée dans le journal Scientific Reports, étudie en effet ce que l'auteur, John Coates, appelle "l'interoception"—pas l'introspection, mais l'interospection : la capacité à ressentir ces signaux corporels.

Coates, ancien trader lui-même, a étudié 18 traders professionnels qui ont acheté et vendu des contrats à termes pendant la journée, et les a comparés à un groupe témoin de 48 amateurs, rapporte le Washington Post. Il a demandé aux deux groupes de compter leurs battements de cœur sans prendre leurs pouls, et les professionnels étaient bien meilleurs à cela. En outre, la précision de leur conscience de leur pouls était un prédicteur statistique de leur talent au trading.

Autrement dit, dans un domaine réputé quantitatif et rationnel par excellence, savoir suivre ses "tripes", littéralement, c'est-à-dire les signaux que nous envoie notre corps, peut aider à prendre de meilleures décisions.

Ce résultat est corroboré par d'autres études. Ainsi, dans une étude du National Institutes of Health américain, où l'on demandait aux participants de prendre des décisions monétaires risquées, tout en détectant leurs propres battements de cœur, la capacité à l'interospection était corrélée à l'aversion au risque. Autrement dit, ceux qui arrivaient à ressentir ces signaux corporels prenaient moins de risques.

Il y a une logique : lorsqu'on ressent à un état subconscient de la peur, notre rythme cardiaque va s'accélérer. C'est donc un signal que nous envoie notre système neuronal sur notre environnement. Ceux qui arrivent à percevoir ce signal ont donc plus d'informations pour prendre une décision.

Suivre ses tripes n'est vraiment pas seulement une expression : en effet, nos tripes sont liées à notre cerveau par un réseau particulièrement dense de neurones et de chemins de communications hormonales, afin de nous informer constamment de notre faim, de notre état de stress, ou de l'ingestion éventuelle d'un microbe. Certains scientifiques parlent même d'un "deuxième cerveau", comme l'explique Scientific American.

Dans une autre étude publiée dans le journal Psychological Science, les participants devaient jouer à un jeu de cartes sans véritable stratégie, mais en suivant leur instinct. On suivait le rythme cardiaque et la sudation de chaque participant. Ceux qui ont gagné étaient ceux qui pouvaient écouter leur rythme cardiaque qui, avant certains choix importants, s'accélérait.

"On parle de l'intuition qui viendrait du corps. On parle de suivre ses tripes ou son cœur. Effectivement, ce qui se passe dans nos corps influence notre esprit.", explique Barnaby D. Dunn de Cambridge, cité par Medical Daily. Mais, avertit-il, "il faut faire attention avant de suivre notre instinct, car parfois il aide à la prise de décision, mais parfois non."

Trop de tripes tue les tripes.

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