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L’été sera-t-il aussi pourri que le printemps qui vient de s’écouler ?
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Madame soleil

Pluie, grisaille : tel a été le lot quotidien du printemps. L'heure d'été vient de sonner et pourtant, peu d'amélioration en vue. Tout le monde voudrait alors connaître le temps des deux mois à venir. Grâce au développement des techniques météorologiques, il est désormais possible de connaître quelques tendances.

Jean-Pierre Céron

Jean-Pierre Céron

Jean-Pierre Céron est directeur adjoint scientifique de la climatologie à Météo-France. En charge de l'animation de la Direction de la Climatologie sur les questions scientifiques propre au climat en général  et sur celles relatives à la prévision saisonnière opérationnelle en particulier. Il est également président de l'OPACE (Open Pannel of CCl Expert) et de la Commission de Climatologie de l'OMM (Organisation Météorologique Mondiale).

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Atlantico : Après un printemps climatiquement chaotique, la peur d'un mauvais temps estival commence à grandir. Mais peut-on connaître, grâce aux prévisions météo, le temps de l’été dans son intégralité ?

Jean-Pierre Céron : Il y a un certain paradoxe à dire que l’on ne peut pas prévoir le temps au-delà d’une quinzaine de jours, ce sur quoi s’accordent tous les centres météorologiques, et de se lancer dans des prévisions saisonnières sur des échéances de trois mois. En fait, dans ce type de prévisions, on ne cherche pas à prévoir le temps jour après jour avec des successions de soleil et de pluie sur telle ou telle région mais on cherche plutôt à connaître des grandes tendances climatiques pour les saisons à venir. C’est ce que l’on appelle des scénarios.

Pour pouvoir fournir de telles informations, le processus n’est pas simple et il est fortement conditionné par ce qui se passe dans le Pacifique et dans l’Atlantique tropical. Le comportement de l’atmosphère est conditionné par les évolutions des températures de surface océanique dans les tropiques.  Lorsqu’il y a un signal fort dans les bassins océaniques tropicaux, l’atmosphère s’ajuste à ce que l’on appelle des anomalies de température et va donc modifier son comportement. Ces modifications influent sur ce qui se passe dans les moyennes latitudes comme chez nous. C’est ce que l’on appelle le phénomène de télé-connection.

La façade occidentale est une des régions du monde où la prévisibilité à long terme est la plus faible car le comportement de l’atmosphère est moins marqué par les bassins océaniques tropicaux.

Les deux années précédentes, nous avons connu un phénomène exceptionnel suite à des anomalies relativement prononcées sur le bassin pacifique. Le comportement atmosphérique a été sensiblement modifié. Nous avons donc pu avoir des prévisions aux échelles de temps saisonnières assez précises.

Actuellement, il n’y a plus de fortes anomalies négatives dans le Pacifique et on est revenu vers une période presque neutre. En conséquence, pour la période estivale, la prévisibilité est très faible. Tous les scénarios restent encore probables. Par contre, il sera plus aisé de faire des prévisions pour la saison d’hiver. En effet, il se développe actuellement un évènement chaud près des côtes de l’Amérique du Sud qui va s’amplifier très probablement et concerner l’ensemble du Pacifique dès octobre.

Peut-on tout de même s’attendre à un mois de juillet au beau fixe ?

Pour ce qui est des prévisions mensuelles, on peut regarder de plus près la situation du mois de juillet qui est évaluée grâce à des outils différents des prévisions saisonnières. On constate deux tendances : un signal plutôt chaud pour le bassin méditerranéen et peu de signal dans la partie nord de la France. Mais il est toutefois difficile de connaître la météo de l’été, même sur une échéance plus courte. Après un printemps difficile, on remarque que la situation change, mais seulement dans la partie sud qui se maintient dans des normales saisonnières. On retrouve cette France coupée en deux dans les prévisions à toutes les échéances.

Chaque année, nous avons l’impression que le temps est de pire en pire. Est-ce plus qu’une impression ou ne sommes-nous jamais content du temps qu’il fait ?

Ce qui est vrai c’est que, particulièrement cette année, il y a eu une variabilité à haute fréquence. Tous les quinze jours, on a eu l’impression que le temps changeait. Mais c’est en relation direct avec la prévisibilité faible. Les systèmes au niveau de l’atmosphère sont plutôt chaotiques. Sur le plan climatique, on reste dans la norme. Ainsi va la vie, parfois il y a des étés chauds et des hivers doux, et inversement. Il ne faut pas s’en émouvoir outre mesure. En outre, le réchauffement climatique nous a conditionné à penser qu’on allait sans cesse vers du plus chaud. On a peut-être tendance à oublier que le climat peut varier de manière assez large d’une saison ou même d’un mois à l’autre.

Propos recueillis par Célia Coste

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