L’économie européenne, otage de la France et de l’Allemagne <!-- --> | Atlantico.fr
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La France et l'Allemagne représentent plus de 60% du PIB des 28.
La France et l'Allemagne représentent plus de 60% du PIB des 28.
©Reuters

Tribune

Les réformes structurelles dont l'économie française a besoin ne peuvent être mises en place tant que l’Allemagne se cramponne au dogme de l’équilibre budgétaire, en refusant de recourir aux emprunts permettant de financer les investissements de remise en état d’infrastructures vétustes. Une tribune de Pierre Haas, ancien président de Paribas International.

Pierre Haas

Pierre Haas

Pierre Haas, après avoir servi comme officier dans les Forces françaises libres du Général de Gaulle, a fait carrière de 1950 à 1965 comme directeur général de Continental Grain France, puis à partir de 1963 à la Banque Paribas comme directeur des affaires financières internationales, puis président de Paribas International.

Il a été membre de nombreux conseils d’administration parmi lesquels on citera : Schneider S.A., Newmont Gold à Denver, Power Corporation du Canada et Power Financial.

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Comme chacun le ressent, l’économie européenne n’est pas en bonne santé puisqu’elle évolue dans le sens d’une stagnation de longue durée, stagnation préoccupante pour les membres de la communauté européenne et de la zone euro, et dangereuse pour une économie mondiale n’ayant d’autre support, aujourd’hui, que la croissance américaine.

S’agissant de l’Europe, la seule solution de relance sur la table est la création de liquidités par la Banque Centrale Européenne. La lenteur de M. Draghi, son président, lui est reprochée cependant que les Allemands considèrent ses modalités comme outrepassant son mandat.

De toute manière, l’abondance de liquidités n’a, jusqu’à présent, eu qu’un impact limité sur l’activité économique, en ajouter de nouvelles risque de ne pas en offrir davantage.

Ce dont la France, les 18 de la zone euro et les 28 de la Communauté Européenne ont besoin, pour inverser une conjoncture défavorable, source d’une hausse du chômage et d’une menace sur le pouvoir d’achat, c’est d’un choc de confiance déclenchant une relance des investissements et, par voie de conséquence, celle de l’économie.

Relance qui ne peut être attendue aussi longtemps que notre gouvernement repousse la mise en œuvre, effective, de réformes structurelles et que l’Allemagne se cramponne au dogme de l’équilibre budgétaire, en refusant de recourir, sans se départir de sa sagesse, aux emprunts permettant de financer les investissements de remise en état d’infrastructures vétustes.

Ce raccourci des difficultés à surmonter, pour ressusciter une croissance moribonde dans l’Union européenne, montre qu’un compromis était possible, sur une base du donnant-donnant entre la France et l’Allemagne.

Compromis dont l’initiative serait venue d’une France acceptant d’en finir avec son inertie réformatrice avant la fin de 2014, les Allemands, en échange, promettant de procéder, avec leur prudence habituelle, à des investissements publics.

A défaut d’une alliance formelle, l’annonce d’efforts symétriques, complémentaires, des deux côtés du Rhin, pour sortir l’Europe de son marasme, aurait suffit pour rétablir la confiance, dès lors que nos deux pays, ensemble, représentent plus de 60% du PIB des 28.

On ne sait, aujourd’hui, si l’idée d’un compromis de cette espèce a existé dans l’esprit de nos dirigeants, mais une chose est claire, il est trop tard pour l’envisager.

La diplomatie allemande y a mis un terme, en faisant dépendre l’accord de Bruxelles, c’est-à-dire le sien, sur notre budget de 2015, à l’établissement par le gouvernement d’un calendrier des réformes structurelles.

Il n’en demeure pas moins que nos deux pays ne peuvent assumer la responsabilité de prendre en otage la croissance européenne et, jusqu’à un certain point, mondiale en poursuivant, dans le cas de l’Allemagne, une politique économique ne servant que ses intérêts à court terme, et dans celui de la France, son déni de la réalité économique plutôt que d’œuvrer pour améliorer sa compétitivité, en renforçant son insertion dans l’écosystème international.

A cet égard, il est utile de mettre en relief le fait que l’apparition de dispositions favorables à la croissance en France et en Allemagne inciterait les investisseurs disposant de liquidités à les investir dans le tangible (industries, services, innovations) plutôt que de racheter leurs propres actions ou rechercher le rendement par l’achat de produits financiers opaques, à haut risque.

Le retour de la confiance aurait un effet multiplicateur, allant bien au-delà des mesures prises et dont la clé est entre les mains de nos deux pays.

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