L’assassinat des PME post-Covid. Une histoire écrite dans le PGE<!-- --> | Atlantico.fr
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Une vue du ministère de l'Economie et des finances.
Une vue du ministère de l'Economie et des finances.
©BERTRAND GUAY / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Les syndicats ont lancé une alerte sur les difficultés que rencontrent certaines entreprises à rembourser les prêts garantis par l’Etat (PGE). Le risque de défaillances d’entreprises en série est plus important que jamais.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Chaque semaine, au moment d’écrire cet article hebdomadaire, je me dis que la France ne peut plus m’offrir de sujets supplémentaires, tant je pense qu’elle a épuisé tous les terrains de critique, pour avoir offert le flanc à tout ce qui était possible de faire de travers. Et pourtant, boum ! chaque semaine la France m’offre une occasion de plus de perdre le souffle devant un uppercut violent et asphyxiant, qui me prend par surprise sans me surprendre. 

Est-ce que la France, est le seul pays capable de battre ses propres records, de façon désespérante, chaque semaine ? Non, bien entendu. Mais c’est le seul pays doté de tant de talents, à être aussi mal gouverné. 

Lorsque j’ai écrit « Covid : Le début de la peur, la fin d’une démocratie », sortit en 2021, en Mars, la plupart des médias refusaient d’accepter le fait que je puisse juger d’hystérique cette gestion de crise, que je puisse oser dire que c’était avant tout un calcul électoral, que les chiffres lissés sur 2 ans montreraient que la surmortalité serait au final quasi inexistante et que le confinement, et pire, le pass sanitaire, était le fruit d’une gouvernance qui fleurtait avec la dictature. On disait que les mesures prises par le gouvernement étaient à la hauteur et permettraient d’éviter tout dommage économique, on disait que ma prévision de récession, d’inflation, qui accoucherait de populisme était fantaisiste. On disait, on disait… Rappelez-moi la situation aujourd’hui ? 

Et je disais également que les aides du Gouvernement permettraient de masquer la misère pour un temps court et que c’était un assassinat programmé ou plutôt, retardé. Je disais qu’au lieu de dépenser des milliards pour renflouer les fuites du bateau, il fallait mieux ne pas couler le bateau et retourner à une vie normale rapidement, face à une maladie qui n’était pas si grave, si ce n’est qu’elle offrait au journal de 20H des images habilement terrifiantes d’une dizaine d’hôpitaux soi-disant saturés, pendant que les Martin Hirsch et consorts refusaient de faire appel au privé. Bref, lisez mon livre. 

Il était évident que le retour à la réalité, rembourser la même année ses dettes passées, tout en faisant face à la crise, serait saignant et fatal. Et que voyons-nous aujourd’hui ? Un carnage. Bien entendu, certains, toujours aussi éclairés et habitués des résumés copier/coller pris sur internet dans un taxi avant de passer sur les plateaux TV, vous dirons « attendez, nous ne sommes pas encore revenu au niveau pré-2020 ». Alors pour ces aveugles, qui de plus ne connaissent rien à l’entreprise, quelques éléments de réflexion :

1- Les sociétés qui sont liquidées, contrairement à ce qui se passait avant, ne passent plus par la case redressement judiciaire, elles partent directement à la liquidation. C’est unique dans notre histoire. Elles n’ont même pas une chance de se refaire.

2- La taille des entreprises liquidées tend à augmenter. Ce qui signifie que perdre 10 entreprises de 5 personnes c’est toujours un drame, mais 10 de 50 personnes, ou 100 personnes, c’est un tout autre monde. Donc le nombre de liquidés, « on s’en moque », ce qui est important, c’est le nombre d’emplois perdus, directs et indirects. Et là nous saignons plus durement que jamais.

3- Le rythme s’accroit. Et l’augmentation des coûts de l’énergie est en train de tuer un nombre incalculable de sociétés alimentaires, dont nos boulangers, en première ligne. Les prix de notre entêtement à la guerre en Ukraine nous coûte ceux qui font notre pain quotidien. Sans parler du coût des œufs, de la farine, du blé.

4- Enfin, mais j’en ai d’autres à disposition si cela ne leur suffisait pas, nous ne savons que rarement que les Tribunaux sont débordés et certains refusent même de prendre, faute de personnel et d’embouteillement, les demandes de redressement judiciaire. Ce qui fait que le jour où leur tour arrive, ces sociétés sont déjà mortes en franchissant le seuil du Tribunal. Oui Mesdames, Messieurs, les Tribunaux de certaines villes ne peuvent pas traiter le flot des dossiers ! Honteux.

Enfin, nombre de banques sont sans pitié. Malgré la garantie de l’État, qui ne semble pas s’inquiéter et se rassure du fait qu’un tiers des PGE soient déjà remboursés, les banques ne font aucun cadeau. Pas d’extension, pas de report, pas de renégociation. Tu paies ou bien tu crèves. C’est la dure loi de l’actuelle situation des TPE et PME. Prévisible, écrite, terrifiante tant il était évident de le prévoir, de l’anticiper. Mais réagir aux médias est plus simple que d’écrire l’avenir ou même l’accepter. Céder à la pression du présent est tellement plus facile que d’accepter les dégâts du futur. Nous avons poussé nos entrepreneurs à la ruine.

J’espère ne pas trouver de sujets de critique pour la semaine suivante, car cette fois nous avons atteint un niveau extra-terrestre, mais malheureusement, je crains de ne trouver encore un os à ronger lundi prochain. Bonne semaine.

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