L'antisémitisme : une haine qui unit ou le socialisme des salauds<!-- --> | Atlantico.fr
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La chanteuse Eden Golan représentant Israël avec la chanson « Hurricane » se produit sur scène lors de la répétition générale de l'Eurovision, le 10 mai 2024 en Suède.
La chanteuse Eden Golan représentant Israël avec la chanson « Hurricane » se produit sur scène lors de la répétition générale de l'Eurovision, le 10 mai 2024 en Suède.
©TOBIAS SCHWARZ / AFP

Eurovision

L'hystérie qui existe autours du concours de l'Eurovision est un exemple représentatif de l'union hétéroclite qui rassemble les antisémites. Des manifestants se sont réunis par milliers pour éructer leur haine antijuive contre la présence de l'artiste israélienne Eden Golan.

Frédéric Sroussi

Frédéric Sroussi

Frédéric Sroussi est journaliste et essayiste.
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L'antisémitisme a la caractéristique d'unir dans une même haine des individus qui n'ont rien en commun. En cela l'antisémitisme est une passion négative universelle, voire universaliste.

La haine du Juif rapproche les peuples et abolit les classes sociales (en cela elle se rapprocherait même du « communisme »)

Dans son excellent ouvrage J'accuse ! 1898-2018, Alexis Lacroix écrit que Jean Jaurès - avant de devenir dreyfusard - publia un article dans La Dépêche de Toulouse en 1895, dans lequel il louait l'esprit révolutionnaire insufflé en Algérie par l'antisémitisme, ajoutant que « l'usure juive» allait réconcilier les Européens et les Arabes !

Sartre écrivit justement - dans ses célèbres Réflexions sur la question juive - : « Proust a montré, par exemple, comment l'antidreyfusisme rapprochait le duc de son cocher, comment, grâce à leur haine de Dreyfus, des familles bourgeoises forcèrent les portes de l'aristocratie. » ; ajoutant : « C'est que la communauté égalitaire dont se réclame l'antisémite est du type des foules ou des sociétés instantanées qui naissent à l'occasion du lynchage ou du scandale, l'égalité y est le fruit de l'indifférenciation des fonctions. Le lien social est la colère... »

Ce rapprochement fusionnel des contraires, cette ochlocratie (pouvoir des foules) sont des caractéristiques évidentes de cet antisémitisme qui frappe l'Occident comme jamais depuis 1945. Paradoxalement depuis le 7 octobre, l'antisémitisme est redevenu une valeur sociale tolérable (comme je l'avais prévu dans un article écrit pour Tribune Juive en mars 2020 et intitulé "L'antisémitisme (re)devient-il une valeur acceptable socialement ? " ). En effet, on se vante aujourd'hui d'être antisémite, à l'instar de la fille des deux élus membres du parti de la France Insoumise, Raquel Garrido et Alexis Corbière, dont la progéniture déclara en janvier 2024 : « Je suis antisémite, j'assume !»

Rappelons que l'antisémitisme dit moderne débuta au XIXe siècle avec un antisémitisme « économique », anticapitaliste. C'est en effet en 1845 que le socialiste utopique Alphonse Toussenel publia son ouvrage best-seller Les Juifs, rois de l'époque. Histoire de la féodalité financière.

Et ce dernier devint le maître d'un certain Édouard Drumont, figure mythique de l'extrême droite antisémite française...

Aujourd'hui, voyous issus des minorités et policiers occidentaux se retrouvent unis dans la passion collective de l'antisémitisme ! Nous avons assisté à ces scènes incroyables montrant un policier anglais s'arrêtant sur le bord d'une route pour aller décoller l'affiche d'un otage israélien, ou encore des policiers canadiens apportant des cafés chauds à une bande de vociférateurs en keffieh bloquant une rue en manifestant de manière illégale !

L'hystérie qui existe autours du concours de l'Eurovision - qui se déroule cette année en Suède - est un autre exemple représentatif de cette union hétéroclite qui rassemble les antisémites : écologistes, « réfugiés » syriens, artistes, journalistes, étudiants, islamistes, bobos « humanistes », manifestants de tous âges, se sont donc réunis par milliers pour éructer leur haine antijuive lors d'une grande manifestation organisée dans la ville suédoise de Malmö contre la présence, dans ce concours de la chanson, de la jeune israélienne Eden Golan. Le slogan ahurissant : « Sinwar (nom du chef terroriste du Hamas et cerveau des massacres du 7 octobre), nous ne te laisserons pas mourir ! » a même été entendu lors de cette démonstration de haine. La Suède a dû demander au Danemark et à la Norvège des renforts de police afin de sécuriser cette fête de la musique devenue événement politique planétaire par la simple présence d'une innocente, jeune et jolie chanteuse israélienne venue représenter l'État juif.

Alors, oui, la fameuse phrase attribuée à August Bebel décrivant l'antisémitisme comme «le socialisme des imbéciles » est pertinente mais ne rend pas justice à la violence paroxystique qu'engendre la passion collective de l'antisémitisme.

Dans un monde où l'universel a été laminé par le relativisme culturel puis par les « mouvements » wokistes, ce sont justement ces derniers - la nature ayant horreur du vide - qui sont devenus les nouveaux instigateurs de cette vision unitaire du monde dans laquelle le Juif est décrit de façon fantasmagorique comme incarnant le « mal absolu ».

L'antisémitisme est donc l'instrument le plus pervers qu'a trouvé l'(in)humanité pour s'agréger de manière primitive (Sartre) en faisant fi des différences. 

Frédéric Sroussi

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