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L’Amérique est un roman ! Et c’est de ce roman qu’est issu Donald Trump.
©AFP

Si vous voulez comprendre...

Il vient de loin le nouveau président des Etats-Unis. Deux siècles de sang, de bruit et de fureur.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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“N’abandonnez pas le peuple au profit d’une culture que nous rejetons” disent les électeurs de Donald Trump. Avec une phrase le ton du nouveau livre* d’Alexandre Adler est donné. C’est l’Amérique qui parle ainsi. Une Amérique oubliée, enfouie, réduite au silence. Une Amérique qui croit, en souvenir des temps anciens de la conquête de l’Ouest, qu’un homme libre doit pouvoir porter une arme.

Alexandre Adler est un excellent analyste. Il aider à penser. Il fait penser même quand on n’est pas d’accord avec lui. Mais c’est aussi un fabuleux conteur. Et il n’est jamais aussi bon que quand il conte car il sait que, selon Marc Bloch, l’historien a besoin de chair humaine. Et son livre c’est le roman de l’Amérique. De l’Amérique qui a donné naissance à Trump et à sa victoire.

Des soubresauts d’une violence extrême. La révolte des colons américains contre l’Angleterre dominatrice : le Tea Party dont Trump est proche s’y réfère. Une guerre de Sécession sanglante et meurtrière : le Sud vaincu et nostalgique en garde des cicatrices et vote pour la droite américaine la plus traditionnelle. Le Middle West, bassin ouvrier lors de sa splendeur industrielle du début du siècle dernier : la région en partie sinistrée a gardé une forte et fière identité qui l’empêche de voter pour les démocrates boboisants.

Mais ce n’est pas tout. Lisez le récit, passionnant, de la rencontre entre Elvis Presley, fils du peuple, et Richard Nixon. Et c’est le King qui alerte le président des Etats-Unis sur les ravages que fait la drogue parmis ses millions de fans. Et c’est lui encore qui dit à Nixon que les Beatles sont “pacifistes et communistes”. Ignorer Elvis Presley, Américain moyen, Américain modèle, c’est se condamner à ne rien comprendre à Donald Trump.

Il faut aussi en parallèle à cette Amérique de toujours, qu’en France on a refusé de voire car son existence dérangeait une vision primaire et bien pensante, évoquer la longue descente de la gauche américaine vers les enfers de la bêtise. Sa boboisation est passée par les niaiseries d’un Jimmy Carter jusqu’au “Yes we can” tout aussi nigaud d’Obama. Alexandre Adler en fait un récit implacable. La victoire de Trump est aussi la défaite de cette gauche là.

Mais et Trump ? Alexandre Adler n’en dit pas du bien. Mais il est au antipodes de l’hystérie anti Trump d’une grande partie des médias français qui à l'énoncé de son nom brandissent un crucifix pour éloigner le vampire. De Trump il dit tout. Ses rodomontades. Ses excès. Ses obsessions. Ses éructations. Mais il comprend, bienveillant et vigilant, l’Amérique qui l’a fait président. Alexandre Adler préfère les électeurs de Trump à Trump lui même. C’est un bon choix.

*La chute de l’empire Américain, éditions Grasset

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