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L'effet Zahia : Karl Lagerfeld 
est-il un ex-visionnaire 
ou un nouveau myope ?
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Za Halors!

Adoubée par le directeur de la maison Chanel qui la compare à une "courtisane française comme Diane de Poitiers", l'ancienne escort girl Zahia est sur le point de dévoiler sa première ligne de lingerie. Karl Lagerfeld est même allé jusqu'à la comparer à Coco Chanel. Tout fout-il le camp ?

Georges  Abitbol

Georges Abitbol

Georges Abitbol, alias "l'homme le plus classe du monde", est un observateur avisé et exigeant de l'univers de la mode.

Il s'agit bien sûr d'un pseudonyme.

 

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Il y a des périodes comme cela où l’on a vraiment l’impression que décidément "tout fout le camp". Car quand une icône du bon goût, de l’audace stylistique et de l’élégance comme Karl Lagerfeld vole au secours d’une poupée gonflée (au sens propre comme au figuré), gonflable (au sens propre cette fois), et particulièrement gonflante comme Miss Zahia Dehar, on est en droit de se demander à quand remonte la dernière visite de Karl chez un bon ophtalmologue.

Car enfin, quand notre Karl national, celui qui nous a fait rêver avec des beautés comme Vanessa Paradis ou Anna Mouglalis, déclare avec son accent toujours aussi savamment travaillé que "Miss Zahia représente une tradition très française de galanterie", que "rien chez elle n’est vulgaire" et "qu’elle lui fait penser à Cécile Aubry dans Manon, de Henri-Georges Clouzot, avec une ligne un peu plus extrême", on croit rêver (même si en l’occurrence le rêve en question confine au cauchemar...)

Mais lorsque que le grand Karl nous assène le coup de "grâce" – un mot pourtant si cher à son cœur – en osant avancer une comparaison pour le moins hasardeuse entre une call-girl adepte des PIP (avec et sans e) et Mademoiselle Chanel, l’étonnement se mue très vite en haut-le-cœur. Faire cohabiter dans une même phrase, voire dans un même chapitre, si ce n’est dans un même article le mot "galanterie" et le nom de Mademoiselle Dehar, relève de l’oxymore ultime.

Il est sans doute vrai que le point commun entre les deux femmes est (était pour Coco) un goût très prononcé pour les hommes (de préférence fortunés), mais tout de même, il y a des limites à la l’indécence des comparaisons plus que douteuses, même lorsqu’il s’agit d’un sujet aussi trivial – et sommes toutes très banal – que celui de l’ascension sociale par la vente de ses charmes.

D’ailleurs, quand on prend le temps de faire une rapide (et sans doute très incomplète) revue d’effectif des "amants" de ces deux femmes que tout oppose, l’écœurement se mue cette fois en fou-rire incontrôlable : oui, bien sûr Karl, vous avez raison, la classe de Balsan, de Boy Capel, du Duc de Westminster ou même de Dimitri de Russie sont tout à fait comparables avec l’élégance, l’éducation et le charisme de Franck Ribéryet de quelques autres footballeurs dont la classe naturelle rayonne désormais jusqu’en Afrique du Sud où, à proximité d’un bus célèbre, ils sont devenus les parangons du bon goût et de l’esprit français.

Mais lorsque le cabinet d’avocat Aklea avec le soutien (gorge ?) d’un fond d’investissement de Hong Kong va jusqu’à écrire que Zahia Dehar "incarne parfaitement le made-in-France", le fou-rire se calme pour de bon…

Mais que se passe-t-il dans ce pays ? Est-ce cela le nouvellement célèbre "rêve français" ?

Non. Le "rêve français" c’est justement Coco Chanel. Car même si ses débuts furent sans doute sulfureux, elle restera dans l’histoire comme une infatigable perfectionniste, comme LA créatrice française visionnaire qui a révolutionné le vestiaire féminin et a laissé derrière elle des codes stylistiques aujourd’hui quasiment universels : les fleurs, les perles, le tweed, la blouse à doublure, les chaussures à bouts noirs et les sacs matelassés.

Alors peut-être que Zahia Dehar va révolutionner, de son côté, les (très) dynamiques marchés des sex-toys et des nuisettes ajourées, mais il est encore un peu tôt pour le savoir non ?

Comparer Zahia à Mademoiselle Chanel, même au détour d’une phrase uniquement centrée sur les mœurs et pas sur le talent, est un pur scandale, surtout venant d’un homme réputé pour ses goûts très surs et ses visions, certes souvent iconoclastes, mais toujours de qualité. Monsieur Lagerfeld, Zahia Dehar est à Coco Chanel, ce qu’un candidat de Secret Story est à Brad Pitt ou ce que la botte de fermière est à Louboutin.

Que mademoiselle Dehar commence plutôt, avec l’aide de son nouveau mentor, par créer un nouveau modèle de savates pour Monsieur Ribéry, et on verra après.

Quant au grand Karl Lagerfeld et sa petite phrase pour le moins malheureuse, surtout à propos d’une maison dont la fondatrice éponyme a fait sa fortune et sa notoriété, nous mettrons cela sur le compte d’un désir irrépressible de faire l’actualité et de rester à tout prix sous les feux de la rampe, lui qui commence à se faire un peu moins jeune et qui, d’ailleurs, n’a jamais voulu révéler sa date de naissance… tout comme une certaine (très) jeune Zahia au début de sa "carrière".

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