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Journée mondiale du diabète : ce qu’il fait savoir pour comprendre pourquoi la France compte tant de malades
©Reuters

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En France, plus de trois millions et demi de personnes sont atteintes de diabète. Devant la Grèce et le Portugal, l’hexagone est d’ailleurs le pays d’Europe où les gens souffrent le plus de cette maladie, selon un classement d’Eurostat publié le 13 novembre. Plus étonnant encore, l’agence de statistiques souligne un lien de corrélation entre le niveau d’éducation et cette maladie.

Guy  Fagherazzi

Guy Fagherazzi

Chercheur en épidémiologie, Inserm, Institut Gustave Roussy, Université Paris Sud – Université Paris-Saclay.

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Atlantico : Selon Eurostat, la France est le pays d’Europe où les gens souffrent le plus du diabète. Plus de trois millions et demi de personnes seraient touchées. L’institut souligne aussi le lien entre le niveau d’éducation et la maladie. En effet, parmi les personnes les moins éduquées, 10,8% souffrent du diabète quand seulement 4,2% des personnes les plus éduquées sont touchées. Quels sont les facteurs permettant d'expliquer cette dernière position de la France dans le classement européen ?

Guy Fagherazzi : La position de la France dans ce classement s'explique en grande partie par une meilleure détection du diabète en France que dans les pays de l'Est en Europe par exemple. Les faibles chiffres des pays comme la Lituanie cachent à mon avis une proportion importante de personnes atteintes de diabète non diagnostiquées, en particulier dans les populations les plus défavorisés de ces pays. Même s'il y a bien évidemment de nombreuses pistes d'amélioration, la France dispose malgré tout de programmes de prévention, d'associations qui font des campagnes de dépistage du diabète, et de manière générale un système de soins de grande qualité. Ça a le mérite d'exister. Nous ne sommes pas les mauvais élèves en Europe.

Quels sont les risques associés à une telle situation ?

Les risques majeurs, quelque soit le pays considéré, proviennent d'une détection tardive du diabète, qui peut intervenir par exemple au moment de la survenue d'une complication du diabète  (maladies cardiovasculaires, rétinopathies, ulcères...). Il est crucial de détecter le diabète précocement afin de limiter le risque de complications et de décès prématuré.

En 2016, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) alertait sur l’augmentation du nombre de diabétiques dans le monde ces 35 dernières années. Le nombre d’adultes souffrant de la maladie chronique était de 108 millions en 1980. En 2014, ce chiffre avait presque quadruplé : 8,5% de la population, soit 422 millions de personnes souffraient de la maladie. Pourquoi le diabète augmente-t-il, et que faire face à cette augmentation ?

La prévalence de diabète augmente rapidement pour différentes raisons : le vieillissement de la population, le changement profond des modes de vie (alimentation, sédentarité, obésité) et l'amélioration des traitements et de l'espérance de vie avec un diabète. Tout ceci concourt à l'augmentation de la proportion de personnes vivants avec le diabète dans le monde. Et ce n'est pas prêt de ralentir, malheureusement !

Comment expliquer le lien de corrélation, sans parler de causalité, entre niveau d'éducation et diabète ?

Le niveau d'éducation est un des principaux marqueurs utilisés pour caractériser l'environnement socioéconomique d'un individu. Dans la réalité, c'est beaucoup plus complexe et l'environnement socioéconomique est déterminé par de nombreux facteurs interdépendants, mais s'il faut en choisir un, alors le niveau d'éducation reste un bon marqueur. Or un milieu socio-économique défavorisée est associée à une moins bonne alimentation (faute de moyen et/ou d'accès à une nourriture saine), une plus forte sédentarité, à un plus faible accès aux soins, une moins bonne compréhension des recommandations de santé publique etc... Tout ceci fait donc mécaniquement augmenter le risque de développer un diabète de type 2.

Il existe deux types de diabète : le diabète de type 1, dont l’origine est génétique et qui touche principalement les jeunes enfants, et le diabète de type 2 qui apparaît plus tardivement et atteint principalement les personnes âgées. Les autres causes de ce type de diabète seraient aussi la sédentarité ainsi que la surcharge pondérale. De nombreuses personnes en seraient d’ailleurs atteintes sans forcément être au courant.  Quels sont les moyens, pour les pouvoirs public, permettant d'améliorer la situation ?

S'il est très fréquent au-delà de 50 ans, le diabète de type 2 est aujourd'hui diagnostiqué de plus en plus tôt, et on observe malheureusement de nombreux cas de diabète de type 2 chez des adolescents ou jeunes adultes. On estime qu'environ 70 à 90% (selon les populations étudiées) des cas de diabète de type 2 pourraient être évités si tout le monde avait un mode de vie considéré comme sain, à savoir une alimentation équilibrée, pas de surpoids, et une activité physique régulière. L'influence du mode de vie sur la survenue du diabète de type 2 est donc majeure. Les pistes d'amélioration de cette situation passent par des politiques de prévention plus efficaces (on parle "d'universalisme proportionné", à savoir des actions à l'échelle de la population, mais dont l'intensité varie en fonction du milieu socioéconomique). Pour cela il faut développer davantage la recherche interventionnelle en France autour du diabète. Enfin, une des pistes les plus prometteuses, mais encore trop récentes pour en évaluer réellement l'efficacité à grande échelle, est l'utilisation massive du numérique et le développement de la e-santé pour améliorer la prévention, la détection et le suivi du diabète, et ce dans toutes les franges de la population (objets et dispositifs médicaux connectés, télémédecine, communautés de patients en ligne etc...).

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