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Journée mondiale de la prévention des cancers : ceux qui sont évitables (et comment)... et les autres
©ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Mise au point

Aujourd'hui a lieu un colloque sur la prévention contre le cancer. S'il existe des manières de réduire la possibilité d'avoir un cancer, certains impondérables continuent de peser.

Roland Moreau

Roland Moreau

Roland Moreau est biophysicien et inspecteur général des Affaires sociales.

Il a notamment écrit L'immortalité est pour demain (Bourin Editeur, 2010). 

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Atlantico : Quelle est la part des cancers que l'on peut prévenir et ceux contre lesquels on ne peut rien ? La part de génétique, la part de l'environnement ?

Roland Moreau : Parmi les cancers que l'on peut prévenir, certains pourraient être en grande partie évités car ils ont des causes parfaitement connues contre lesquelles on dispose de moyens remarquablement efficaces.
C'est le cas du cancer du col de l'utérus qui touche chaque année près de 3000 femmes en France.

Dans la quasi-totalité des cas (plus de 98%), ces cancers apparaissent à la suite d'une infection sexuellement transmissible due à un papilloma virus humain (HPV). 

On peut prévenir ce cancer par deux moyens : 

- Le premier consiste à effectuer des frottis cervico-vaginaux tous les ans pendant 5 ans, puis tous les 3 ans jusqu'à l'âge de 65 ans. Cet examen permet de détecter la présence éventuelle de cellules pré-cancéreuses et de mettre en oeuvre un test qui détecte directement la présence de papilloma virus. En cas de positivité du frottis ou du test, on peut alors enclencher sans délai le traitement approprié. 

- Le second moyen de prévention du cancer du col de l'utérus consiste à pratiquer une vaccination anti-papillomavirus.

L'efficacité du vaccin est remarquable : dans les pays à forte couverture vaccinale (Royaume-Uni, Australie), la prévalence du virus HPV a diminué de 70%. En France, malheureusement, des campagnes de dénigrement du vaccin ont empêché de réduire la mortalité de ce cancer qui s'élève encore à 1000 décès par an. 

Un autre cancer que l'on pourrait prévenir est le cancer primitif du foie. Il ne s'agit pas d'une tumeur métastatique du foie, mais d'une tumeur maligne qui de développe directement sur le tissu hépatique. Il apparaît dans deux circonstances :

- sur une cirrhose hépatique, presque toujours d'origine alcoolique, donc évitable 

-sur une hépatite chronique qui survient plusieurs années après une infection du virus B ou C.

En France, près de 100 000 personnes sont porteuses d'un de ces deux virus... mais la moitié d'entre elles ne le sait pas.

Les virus hépatiques se transmettent comme le VIH, ce qui devrait conduire à une démarche préventive identique.

En plus du dépistage systématique, les personnes à risques peuvent bénéficier d'une vaccination contre l'Hépatite B.

A l'opposé de ces deux cancers évitables et pour lesquels il existe une prévention efficace, il existe effectivement un cancer contre lequel on ne peut souvent pas faire grand-chose : il s'agit des tumeurs malignes du pancréas.
Les causes sont inconnue, les signes cliniques sont absent ou tardifs.Ce cancer est assez rare ( 3% des cancers en France ) et le taux de survie est inférieur à 5% à 5 ans. 

La part du génétique et celle de l'environnement sont extrêmement variables d'un cancer à l'autre.

Le cancer du poumon est la première cause de mortalité par cancer en France et dans le monde (1 300 000 nouveaux cas chaque année dans le monde ). Plus de 80% des cas sont causés par le tabagisme, mais il faut aussi mentionner l'amiante, le radon et les particules fines émises par le diesel . La part du génétique est minime : les cancers qui surviennent chez les non-fumeurs sont souvent des fumeurs passifs ou des personnes soumises à des expositions de pollution atmosphérique ou professionnelles.

En fait, les causes de la plupart des cancers sont multifactorielles et le facteur génétique n'intervient en moyenne, selon les études les plus récentes, que dans 25% des cas. Il existe des prédispositions génétiques pour certaines personnes atteintes de cancers du sein, de l'ovaire et du colon qui peuvent être identifiées dans les consultations d'oncogénétique.

A quel point peut-on se protéger du cancer ? Car les causes sont multiples, complexes. 

Il n'existe pas de méthode globale permettant de se protéger du cancer, cela se saurait ! Les nutriments, les suppléments alimentaires et autres anti-oxydants font l'objet de milliers d'articles et de livres à succès, truffés de statistiques - bidon, qui relèvent presque toujours de l'imposture et du charlatanisme. Une seule chose est certaine : on sait maintenant que l'obésité est un facteur de risque majeur de cancer : lorsque l'indice corporel est supérieur à 35, le risque de décéder d'un cancer est augmenté de 30%. La seule façon de réduire le risque de cancer consiste donc à adopter une alimentation hypocalorique riche en fibres, en fruits et en légumes, et à faire une heure de marche rapide par jour. Les causes des cancers sont multiples et complexes, mais certaines sont bien connues et il est alors facile de se protéger. Les mélanomes sont des cancers - très graves - de la peau et il suffit de se protéger du soleil par des chapeaux, des vêtements et des crèmes solaires "écran total ".

Plus de 40% des cancers sont évitables !

Aujourd'hui qu'est-ce qui provoque le plus de cancers et comment peut-on essayer d'éviter au maximum d'en avoir ? 

Cette question est importante car elle permet de hiérarchiser les risques de cancer et d'adopter des attitudes de prévention logiques et raisonnables.

- Avec 31 000 décès par an en France par cancer du poumon, le tabac est incontestablement la première cause de cancers en France et dans le monde. Il faudrait aussi ajouter les cancers de la vessie, de l'estomac, de l'oesophage, de la sphère ORL, et les morts par accident cardio-vasculaire. On aboutit à un nombre de décès provoqués par le tabac équivalent, chaque année, à la disparition d'une ville comme Montargis !

- L'alcool arrive en deuxième position : en association avec le tabac, elle est à l'origine de la plupart des cancers ORL, des voies aérodigestives supérieures, de l'oesophage, de l'estomac et du cancer primitif du foie sur cirrhose.

- En troisième position, la surcharge pondérale, liée le plus souvent à un excès de sucre, est un facteur de risque majeur pour tous les cancers. Dans une publication très récente, le Cancer Research UK estime que d'ici à 2035, 23 000 britanniques seront atteints d'un cancer lié à l'obésité.

- En quatrième lieu, il faut mentionner les expositions à l'amiante, au radon, aux hydrocarbures polycycliques, au nickel, au chrome, au benzène et à la fumée de bois. Les recherches en cours concernant les pesticides et les conservateurs ne font pas l'objet d'un consensus.

- Il faut enfin être conscient que le vieillissement de la population a un impact important sur les statistiques du cancer : le risque de décès par cancer augmente très fortement avec l'âge : il est de 10 pour 100 000 pour les hommes de 30 ans, et de 1000 pour 100 000 pour les hommes de 70 ans.

Au total, il serait souhaitable que les préconisations de prévention soient établies à partir d'information fiables et claires, et fassent appel à l'intelligence du public. Cela permettrait de hiérarchiser les pratiques en fonction de l'importance des risques réels.

Chacun peut comprendre qu'en arrêtant de fumer, en consommant raisonnablement de l' alcool, en réduisant ses apports caloriques et en ne s'exposant pas au soleil sans protection, il réduirait de 40% le risque d'être atteint d'un cancer. Et il faudrait aussi avoir le courage de dire que l'alimentation "bio" n'a aucune effet préventif sur le cancer, ni sur la santé en général... 

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