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Jeunesse trahie, sacrifiée, abandonnée et reléguée : ne lâche rien !
©Reuters

Liberté chérie

La Cour des comptes – si souvent entendue, si rarement écoutée - a confirmé dans son rapport du 5 octobre que la jeunesse est plus que jamais "trahie", "sacrifiée, abandonnée, reléguée". Les sages de la rue Cambon détaillent l’aggravation de la situation des 16-25 ans. Et ça fait mal.

Aurélien Véron

Aurélien Véron

Aurélien Véron est président du Parti Libéral Démocrate et auteur du livre Le grand contournement. Il plaide pour passer de l'Etat providence, qu'il juge ruineux et infantilisant, à une société de confiance bâtie sur l'autonomie des citoyens et la liberté. Un projet qui pourrait se concrétiser par un Etat moins dispendieux et recentré sur ses missions régaliennes ; une "flat tax", et l'ouverture des assurances sociales à la concurrence ; le recours systématique aux référendums ; une autonomie totale des écoles ; l'instauration d'un marché encadré du cannabis.

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"Si je reçois le mandat du pays d'être le prochain président, je ne veux être jugé que sur un seul objectif : (…) est-ce que les jeunes vivront mieux en 2017 qu'en 2012 ?Je demande à être évalué sur ce seul engagement, sur cette seule vérité, sur cette seule promesse !" C’était le 22 janvier 2012 au Bourget. L’auteur de cette déclaration, François Hollande, n’était pas encore président. L’émotion est vite retombée. La Cour des comptes – si souvent entendue, si rarement écoutée - confirme que la jeunesse est plus que jamais "trahie", "sacrifiée, abandonnée, reléguée". Les sages de la rue Cambon détaillent dans leur rapport du 5 octobre l’aggravation de la situation des 16-25 ans dont le taux de chômage avoisine les 25% contre une moyenne de 13,9% dans l’OCDE (7,3% en Allemagne, 14,6% au Royaume Uni). Et ça fait mal.Et ça fait mal.

Quel candidat n’a pas déclaré "ma priorité, c’est les jeunes" ? En campagne, ça ne mange pas de pain de "faire confiance aux jeunes" et ça peut rapporter gros. Les "emplois d’avenir" et les "contrats de génération" émeuvent les grands-parents, nombreux à se déplacer pour voter, sans vraiment améliorer la vie des concernés qui, eux, votent peu. Les premiers ont connu la libération sexuelle, les seconds vivent dans la peur du sida. Les premiers n’ont quasiment pas connu le chômage tandis que les seconds vivent dans la précarité des stages et des CDD quand ils ont la chance d’avoir un emploi. La voiture était le premier pas vers la liberté, elle est devenue l’emblème de l’égoïste pollueur. Insouciants, les premiers ne pensaient pas à leur retraite et ont voté pour les politiques les plus dépensiers de l’histoire. La facture est adressée aux seconds.

Les jeunes ne se sont jamais précipités pour voter, que ce soit par désintérêt ou insouciance. L’âge et la vision formatée des candidats habituels n’ont aucune raison de les faire rêver. Et le contexte anxiogène actuel ne risque pas d’inverser la tendance, ils savent que la dette de leurs aînés leur sera facturée au prix fort sans être assurés d’avoir eux-mêmes une retraite un jour, faute d’avoir suffisamment travaillé… ou faute de cotisants le jour venu. Pour la première fois par temps de paix, les nouvelles générations doivent s’attendre à vivre moins bien que leurs aînés. Ils sont les premières victimes d’un modèle social qui protège les initiés, à l’abri de leurs acquis-forteresse, au détriment des nouveaux venus considérés comme des intrus. Une trentaine de dispositifs d’aide aux jeunes coûtent plus de 10 milliards d’euros par an, c’est presque 50% de plus que le seul budget du ministère de la Justice. Mais cette dépense ne parvient qu’à maquiller maladroitement le désastre. Les jeunes n’ont plus aucune illusion, ils sont de moins en moins attachés aux fondements du pacte intergénérationnel, aux acquis sociaux – carcans et boulets - censés les protéger. Ils aspirent à la liberté et ont suffisamment confiance en eux-mêmes pour naviguer dans un environnement ouvert et mouvant.

Pourtant, difficile d’imaginer les jeunes générations éprises de liberté quand on voit chaque année les manifs rituelles de lycéens goguenards – et parfaitement inconscients des enjeux - et d’étudiants surexcités contre le moindre soupçon de réforme. Pour comprendre ce qui se trame derrière ce rite initiatique, il faut fixer son attention sur ceux qui tiennent les ficelles de ce jeu de dupes. D’un côté, les jeunes vivent sous l’emprise des puissants mouvements des jeunesses socialistes dont les patrons – pas toujours très jeunes, l’étudiant Bruno Julliard pilotait encore les grèves de l’UNEF à 27 ans – sont destinés à une brillante carrière politique s’ils parviennent à semer le chambard. De l’autre, ils subissent l’influence des mouvements structurés d’extrême gauche menant au syndicalisme dur. Hors de l’ENA, le parcours universitaire d’excellence pour s’engager dans l’action politico-syndicale passe par le doctorat en manifs et piquets de grèves.

La masse des élèves ne comprendra que bien plus – et trop – tard que ces blocages ne visent aucunement à promouvoir la solidarité ou l’égalité des chances. Ils entretiennent au contraire le prédéterminisme social et l’immobilisme dont les jeunes sont les victimes les plus directes, cherchant à tuer chez eux l’esprit d’entreprise et la culture collaborative. Ils retrouveront ces meneurs opportunistes qui les ont instrumentalisés à la tête du PS comme Jean-Christophe Cambadélis, adjoint à la culture comme Bruno Julliard ou ministre comme Harlem Désir (si, si). Plus grave, une part croissante des diplômés de l’université rejoint les rangs des 150.000 jeunes qui, chaque année, sortent du système scolaire et de tous ceux qui abandonnent la fac sans diplôme, brisés, écœurés et humiliés. Le diplôme protège de moins en moins de la précarité et du chômage. De ce point de vue, l’égalitarisme des grévistes professionnels a atteint son but.

Une étude du cabinet Deloitte indiquait en 2012 que 15 % des jeunes diplômés voulaient travailler hors de France. Ils étaient 27% en 2014. Elargi à tous les moins de 25 ans, diplômés ou non, ce score montait à 60% dans un sondage OpinionWay publié le 11 mars 2015. Les jeunes ont confiance en eux-mêmes et restent optimistes. Mais de moins en moins dans notre beau pays. Ils ont admis que notre système croulant leur était profondément défavorable. Circuler devient difficile pour ceux qui n’ont pas la chance de vivre en centre ville, se loger relève de l’exploit. La succession de faux jobs - emplois jeunes, emplois d’avenir,… - destinés aux jeunes a piégé ceux qui y ont cru. Mal payés et occupés à des tâches peu qualifiantes, ceux qui ont y eu recours ont eu ensuite du mal à en sortir et à trouver un véritable emploi dans le secteur privé.

Ils rêvent de pouvoir se loger simplement, facilement. Mais la surprotection du locataire, partant d’une bonne intention, a abouti à l’exact opposé de l’effet escompté. Résultat, les logements disponibles sont destinés prioritairement aux enfants de familles capables de fournir des feuilles de salaire décentes sur 3 générations. Là aussi, ce ne sont plus de ces murailles faussement protectrices dont les jeunes rêvent, mais de flexibilité. Ils savent que moins le propriétaire craint d’être coincé en cas de situation compliquée, plus l’accès au logement sera facile. On se loge aussi aisément qu’on peut être délogé.

Les jeunes aspirent aussi à une véritable flexibilité de l’emploi. Les retours de tous ceux qui ont fui les 3.500 pages du Code du travail pour des pays que nos socialistes qualifieraient d’ultra-libéraux sont positifs. L’absence de protection du travail facilite la recherche d’emploi. Vite licencié, vite réembauché. Au contraire, ce sont souvent les employeurs qui font des efforts pour retenir leurs salariés trop mobiles. Bref, le premier ennemi des jeunes, ce sont les réglementations du travail, les statuts absurdes de cadre ou d’employé, les grilles de salaires proposant une hausse indicielle du salaire sur les 40 prochaines années. Tout à l’ancienneté, rien pour l’inventivité et l’ambition. Le jour où les accords d’entreprise primeront enfin sur ces milliers de pages de code étouffantes, les jeunes se sentiront peut-être plus à leur place en France.

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