Japon : les Français sont-ils radins ?

Le chiffre le plus marquant est celui de la Fondation de France : en deux semaines, elle n'a récolté que 223 000 euros et à peu près autant en promesse, contre près de 30 millions d'euros pour le tremblement de terre en Haïti l'an dernier. Pourquoi une telle différence ?

1. Les images n'ont pas montré la souffrance

Les premières images qui ont émergé du séisme japonais ont d'abord été celles d'appartements tremblants ou d'une vague gigantesque déferlant sur la côte, emportant tout sur son passage. Tout ? Non. Les images ne montraient que des bateaux, des voitures, des maisons ou des débris charriés par la vague.
L'humain a été complétement évincé de cette catastrophe. On n'a pas vu les japonais en pleurs sur les ruines. Pour preuve, c'est la seule et même photo d'une japonaise dans les ruines qui a fait la une de plusieurs dizaines de magazines dans le monde... comme s'il n'y en avait pas d'autres.

2. La catastrophe nucléaire a étouffé la catastrophe humanitaire

L'oeil médiatique a très rapidement considéré la catastrophe uniquement sous son angle nucléaire, beaucoup plus haletant. Les cœurs des réacteurs allaient-ils entrer en fusion ? Le monde allait-il basculer ? Peu d'articles ou de reportages se sont intéressés à la souffrance des familles en exode et des familles décimées par la vague. Les Japonais ne sont peut être pas très expressifs, mais les journalistes occidentaux les ont-ils au moins cherché ?

3. Pour les Français, les Japonais n'ont pas besoin d'aide

L'appel à l'aide internationale du gouvernement japonais n'a presque pas été relayée par la presse. A l'endroit où l'on voyait pour Haïti défiler des bandeaux pour appeler aux dons sur chaque chaine, il n'y avait rien cette fois-ci. Dans l'esprit des Français, les Japonais n'avaient pas besoin d'aide. Comme de bons occidentaux, ils devaient être assurés, et leur gouvernement donnait l'impression d'avoir de l'expérience en matière de réponse aux catastrophes environnementales.

Tous ces facteurs additionnés à la pudeur et à la réserve naturelle des Japonais n'ont pas incité aux dons. Peu de projets d'urgence humanitaire ou de reconstruction pourront être menés à bien. Pourvu que les Japonais puissent continuer à emprunter…