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Jamais contents : les salariés français sont majoritairement optimistes et confiants en leur avenir professionnel mais, mais ... il y a des "mais"
©NICOLAS TUCAT / AFP

Atlantico Business

Les ¾ des salariés français sont optimistes pour leur avenir professionnel mais, ils restent encore les plus pessimistes d’Europe. En France c’est bien, mais c’est mieux chez le voisin. Bref si on les écoute, ils ne sont jamais contents.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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« En un mot comment ca va ? 
- En un mot : bien ! 
- Et en deux mots ? 
- En deux mots, pas bien ! »

Plus de 73 % des salariés français se disent optimistes de leur évolution professionnelle à 5 ans. Ils n’ont pas d’inquiétudes particulières sur la nature du job, sa pérennité et le revenu qu’il procure. Et 9 Français sur 10  considèrent avoir les compétences nécessaires pour réussir.

Ces données ressortent de l’étude d’ADP (Automatic Data Processing) le pionnier mondial des solutions de gestion du capital humain, d’après les enquêtes de  The Workforce VIe in Europe 2019, qui a interrogé plus de 10 500 salariés à travers l’Europe, dont 1 410 en France. 

En bref le marché de l’emploi en France ne fait pas peur aux travailleurs de l’Hexagone. En effet, 73% d’entre eux sont optimistes à l’égard de leur évolution professionnelle au cours des cinq prochaines années et un quart d’entre eux (24%) se dit même très optimiste. Alors, il y a quelques disparités. Les femmes se montrent moins confiantes que leurs collègues masculins concernant leur avenir professionnel ; seulement 20% d’entre elles se déclarent très confiantes, contre 28% des hommes. 

Dans les secteurs du BTP (41%) et de l’Informatique (37%), tout va bien. L’étude pointe un optimisme ambiant qui s’explique par une croissance meilleure  et par des créations d’emplois nombreuses

A l’inverse, les salariés de la distribution, la restauration et les loisirs (39%) et ceux de l’éducation (38%) sont les plus pessimistes. 

Enfin, il apparaît que les moins de 34 ans (82%) sont bien plus optimistes que leurs ainés de plus de 45 ans (67% seulement).

Problème de formation. Dans la mesure où les jeunes générations se trouventmieux adaptées pour saisir les opportunités offertes par la modernité que leurs aînés. 

Cela dit, quand on compare le niveau d’optimisme entre les différents pays d’Europe, on trouve des surprises qui sont de vrais bémols à la partition nationale. Au niveau européen, les niveaux d’optimisme demeurent stables depuis le rapport de l’année dernière, avec toutefois des disparités entre les principaux pays. 

Le paradoxe des paradoxes, les Français sont optimistes mais moins que les Européens. La France joue même les lanternes rouges avec plus d’un quart (27%) de travailleurs avouant leur pessimisme dans les cinq prochaines années au travail. Le nombre de pessimistes en France avoisine le taux en Italie, où le marché du travail est houleux (25%) et du Royaume-Uni où il est en proie à l’incertitude du Brexit (24%). 

En haut du tableau, à l’autre bout de l’échelle, ce sont les collaborateurs néerlandais qui occupent une fois de plus la première place du podium avec 86% d’optimistes, suivis des allemands (85%) et des polonais (80%). 

Ce qui est intéressant c’est aussi que 87% des Français estiment avoir les compétences nécessaires pour réussir dans leur carrière. Les jeunes autant que les seniors, les hommes autant que les femmes ont confiance dans leurs facultés et connaissances professionnelles. 

Cette étude souligne et vérifie des tendances lourdes du système français :

1ère observation, le marché de l’emploi s’est nettement amélioré depuis deux ans et les entreprises créent des emplois dans des proportions importantes, ce qui explique ce climat optimiste. Climat renforcé par l’impression ressentie par les chefs d’entreprise d’avoir des difficultésd’embauches. Certains secteurs sont en tension proche du plein emploi. 

2e observation, il est évident que ce climat bénéficie aux salariés qui ont une formation Bac et Bac + 3 ou 4. Les employeurs le savent puisqu’ils font des efforts pour fidéliser leurs salariés. 

3e observation, il reste sur le carreau 6 à 7% de la population active au chômage dont la moitié de longue durée. Leur employabilité est compliquée. Ces chômeurs représentent  sans doute le chômage structurel qui paraît très élevé en France. A moins que le système découvre des possibilités d’intégrations, grâce à la croissance, grâce aussi àl’organisation du marché de l’emploi et aux systèmes d’incitations fiscales. 

4e observation, il y a une contradiction apparente entre l’optimisme des salariés interrogés et la morosité teintée de grogne sociale et politique que l’on entend dans le pays. Cette contradiction s’explique simplement par le fait que la majorité des Français ne sont pas salariés dans le privé. La majorité des Français sont pour les uns fonctionnaires, pour les autres professions indépendantes ou libérales, certains sont chômeurs, étudiants ou agriculteurs. 

La population des salariés du privé est assez homogène. Le gros de la population française se compose de groupes avec leurs particularités, leurs spécificités, leurs déboires mais aussi leurs avantagesou même leurs petits privilèges. Tous ces groupes socio- professionnels ont chacun une identité à protéger et dans le contexte actuel ils ont tous, chacun des raisons de grogner, mais des raisons différentes, ce qui rend la gestion politique du système bien difficile. Le débat sur la réforme des retraites avec le nombre de régimes spéciaux où les discussions sur la fiscalité, avec la multitude de niches, illustre bien tous les motifs de grogne ou de colère qui peuvent à un moment donné se coaguler. Avec ou sans Gilets jaunes. 

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