J.J. Abrams réalisera Star Wars épisode 7 : la force sera-t-elle avec lui ?<!-- --> | Atlantico.fr
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J.J. Abrams réalisera Star Wars épisode 7.
J.J. Abrams réalisera Star Wars épisode 7.
©Reuters

Tu seras un Jedi, mon fils...

Disney a confié l'épisode 7 de Star Wars à J.J. Abrams. Mais le réalisateur de Star Trek a-t-il vraiment l'étoffe d'un Maître Jedi ?

Alexandre  Devecchio

Alexandre Devecchio

Alexandre Devecchio est journaliste au Figaro. Il est responsable du FigaroVox. 

Il a notamment publié "Recomposition" aux éditions du Cerf

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Ta Ta Ta Taaa Ta-ta ta… Le cinéaste, scénariste et producteur américain J.J. Abrams poursuit sa marche impériale à Hollywood. Après avoir relancé la franchise Star Trek en 2009, le créateur de Lost entraînera les spectateurs dans une autre galaxie lointaine, très lointaine….

En octobre 2012, le groupe Disney rachète Lucasfilm pour 4,05 milliards de dollars et annonce la mise en chantier de nouveaux épisodes de la franchise Star Wars qui a déjà rapporté 4,4 milliards de dollars dans le monde.

Disney précise que George Lucas, fondateur de Lucasfilm et producteur de la saga – dont il a également réalisé les épisodes 1, 2, 3 et 4 – sera uniquement "consultant créatif" sur les nouveaux films. Restait donc à savoir qui allait prendre la relève.

Très vite, le nom d’Abrams circule. Le jeune réalisateur refuse une première fois effrayé à l’idée de porter à l’écran l’un des mythes qui a bercé son enfance. Mais l’occasion est sans doute trop belle. Cette fois, c’est officiel : J.J Abrams réalisera le 7e épisode de La Guerre des étoiles.

Une nouvelle plutôt bien accueillie par les fans de la saga, à commencer par George Lucas, lui-même. « J.J Abrams est le choix idéal pour diriger le nouveau Star Wars. Mon héritage ne pourrait être dans de meilleures mains, s’est réjoui le réalisateur ». Doit-on réellement partager cet enthousiasme ? Il y a autant de raisons d’y croire que de douter…

Pourquoi J.J Abrams pourrait bien avoir l’étoffe d’un Maître Jedi ?

  • C’est le premier fan de la saga : J.J Abrams, cinéaste geek par excellence, a découvert le cinéma avec La Guerre des étoiles  et connaît par cœur l’univers créé par George Lucas. En novembre 2012, le cinéaste expliquait à Entertainment Weekly : « Enfant, j’adorais la saga. C’était drôle, romantique et effrayant ; les effets spéciaux servaient les personnages et l’histoire. Je comprenais non pas à quel point c’était excitant de faire un film, mais ce qu’un film pouvait créer comme émotion. C'est la puissance des mythes ». 

Nul doute que la passion du réalisateur pour la saga est sincère. Son précédent film, Super 8 était déjà une déclaration d’amour au cinéma des années 80 qui a bercé  son adolescence. J. J Abrams revisitait E.T et Rencontre du troisième type et rendait ainsi hommage à un cinéaste cousin de George Lucas : Steven Spielberg.  Les fans peuvent donc être rassurés : Abrams devrait se montrer fidèle la mythologie Star Wars.

  • Son passé de réalisateur télé : Avant de devenir l’un des réalisateurs les plus courtisés d’Hollywood,  J.J Abrams  a d’abord été une star de la télévision. Avec leurs scénarios bourrés de rebondissements et leurs narrations ambitieuses, Alias, Lost ou Fringe,  ont bouleversé le paysage télévisuel américain et ouvert la voie aux meilleures séries des années 2000. Avec ses multiples épisodes et ses intrigues parallèles, la saga Star Wars a toujours eu un caractère « feuilletonnesque ». J. J Abrams devrait mettre son art consumé du storytelling au service de la prochaine trilogie. Disney envisage d’ailleurs de décliner Star Wars en série télévisée. Tout sauf un hasard…

  • Un CV idéal pour le job :  Ce n’est pas la première fois que J.J Abrams a la lourde tâche de faire renaître une franchise ciné. Son premier film, Mission Impossible III régénère la saga cinématographique en renouant avec les codes de la série télé originel.

Surtout en 2009, le réalisateur dépoussière la saga Star Trek pourtant moribonde. Grâce à un scénario astucieux qui joue habilement des paradoxes temporels, son adaptation de la série culte revient aux sources de la franchise tout en lui conférant un second souffle.

Après le demi-échec artistique de la « prélogie » de George Lucas, Star Wars a également besoin d’un sérieux lifting. A la fois respectueux de la légende et capable d’apporter du renouveau,  J.J Abrams est l’homme de la situation. Il devrait une nouvelle fois parvenir à conjuguer tradition et modernité.

Pourquoi il pourrait basculer du côté obscur de la force ?  

  • C’est le premier fan de la saga : Avant d’accepter la proposition de Disney, J .J Abrams a d’abord décliné craignant de se décevoir lui-même. « Il y a eu des discussions et j’ai rapidement dit qu’en raison de mon statut de fan, je ne voulais pas être impliqué dans la nouvelle version de la franchise. J’ai très tôt décliné toute forme d’implication. Je préfère largement être dans le public, n’en connaissant rien, plutôt que d’être impliqué dans la minutie que leur confection va nécessiter…» Une sage décision à laquelle Abrams aurait peut-être dû se tenir.

Pour relancer la franchise et mieux la réinventer, le choix d’un réalisateur capable de prendre ses distances avec les premières trilogies aurait sans doute été plus judicieux. Christopher Nolan et Sam Mendes ont réussi à se réapproprier totalement les univers de Batman et James Bond qui au départ leur étaient totalement étrangers. C’était la principale clef de la réussite de The Dark Knight et de Skyfall. Durant la promo de Star Trek J.J Abrams, lui-même avait avoué qu’il avait réussi son adaptation car il était peu fan de la série originelle.  

  • Son passé de réalisateur télé : J. J Abrams a commencé par officier pour le petit écran et son cinéma en porte parfois les stigmates. Il manquait à son Star Trek, non dénué de qualités par ailleurs, l’ampleur majestueuse d’un vrai space opera. Et les images de synthèse sans profondeur de son Super 8 nous faisaient regretter les trucages traditionnels du Spielberg des années 80. Les derniers épisodes de Star Wars étaient déjà de belles croûtes numériques.Star Wars épisode 7 ne devrait pas relever le niveau.

  • Un CV (un peu) idéal pour le job : MI :III et Star Trek étaient des suites d’adaptations de séries TV, Super 8 un pastiche des productions Spielberg des années 80 qui souffrait d’ailleurs de la comparaison avec ses glorieux modèles. En acceptant la réalisation du prochain épisode de La guerre des étoiles, J.J Abrams va se retrouver à la tête des deux plus importantes sagas de SF de l’histoire du cinéma. M. Spock va-t-il finir par pointer le bout de ses oreilles sur la planète Naboo ?

Le réalisateur incarne à lui seul l’impasse dans laquelle se situe actuellement le cinéma américain contemporain. Dévoré par les suites, remake et autres reboot, celui-ci ressemble de plus en plus à un vieux disque rayé jouant éternellement le même refrain.

Dans les années 70, Spielberg, Scorsese ou Coppola,  s'étaient eux aussi largement nourris du travail de leurs prédécesseurs. Pour autant, ils avaient réussi à imposer leur propre univers. Ce n’est pas le cas de J.J Abrams. Cinéaste cinéphile compulsif, ce dernier recycle brillamment le travail des autres sans pour l’instant parvenir à trouver sa propre identité. On attend encore le premier film de J.J Abrams. Ce ne sera probablement pas Star Wars épisode 7.

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