Intéressant, mais pour l'essentiel, on reste sur sa faim<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
Avec "Toutes ces grandes questions sans réponse", Douglas Kennedy quitte le domaine romanesque pour un ouvrage intime.
Avec "Toutes ces grandes questions sans réponse", Douglas Kennedy quitte le domaine romanesque pour un ouvrage intime.
©

Atlanti-culture

Serge Bressan pour Culture-Tops

Serge Bressan est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

Voir la bio »

Livre

"Toutes ces grandes questions sans réponse"

de Douglas Kennedy

Ed. Belfond

368 pages

21,50 €.

 L'auteur

Né le 1er janvier 1955 à New York, Douglas Kennedy est un écrivain qui compte. Après des études à la Collegiate School (le plus vieux lycée de New York) puis dans le Maine, il étudie au Trinity College de Dublin (Irlande) pendant un an. Retour à New York, il se retrouve à 20 ans régisseur dans des théâtres new-yorkais. 

En 1977, il décide de retourner à Dublin pour voir des amis- il y restera cinq ans, y fondera une compagnie théâtrale, deviendra administrateur du National Theatre of Ireland, commencera à écrire (en 1980, il vend sa première pièce à la BBC), décidera de se consacrer à l'écriture et tiendra une rubrique dans le quotidien « The Irish Times ».

En 1988, il s'installe à Londres et publie son premier livre, un récit de voyages (« Au-delà des pyramides »). Son premier roman, « Cul de sac », parait en 1994. Suivront « L'Homme qui voulait vivre sa vie », « Les Désarrois de Ned Allen » puis « La Poursuite du bonheur », « Une relation dangereuse » ou encore « Au pays de Dieu ». 

Aujourd'hui, Douglas Kennedy partage ses jours et ses nuits, au fil de l'année, entre Wiscasset dans l'Etat du Maine, Londres, Paris, Berlin et Montréal.

Avec "Toutes ces grandes questions sans réponse", Douglas Kennedy quitte le domaine romanesque pour un ouvrage intime.

Thème

Au hasard d'une visite dans une librairie new-yorkaise, Douglas Kennedy  tombe sur un livre, les « Essais » de Montaigne », qu'il avait déjà lu à l'université. Le feuilletant, le romancier américain s'imagine alors écrire sa vie, du moins ses dix dernières années, pour (tenter de) répondre à de grandes questions qui le taraudent. 

« Montaigne est le premier penseur existentiel qui a utilisé sa vie pour illustrer des questions philosophiques », explique Kennedy qui, assure-t-il, est « farouchement contre l'autofiction ». Alors, dès les premières pages, il pose la question : la tragédie est-elle le prix à payer pour être de ce monde ?  Il écrit aussi : « L'adjectif ''heureux'' n'a jamais fait partie de mon vocabulaire ». D'autres questions surgissent : le bonheur n'est-il qu'un instant fugace ? Sommes-nous les victimes ou les artisans de notre infortune ? Pourquoi le pardon est-il (hélas !) l'unique solution ? 

Dans un texte où il se prend comme sujet d'étude, l'auteur ne cache rien de ses bonheurs, de ses douleurs : une enfance privée d'amour des parents, des échecs sentimentaux, la joie de la paternité, l'épreuve avec un fils autiste, les nourritures intellectuelles (la littérature, la philosophie, le cinéma,…).   Admirateur de Gustave Flaubert, il glisse aussi, lui l'auteur aux 14 millions d'exemplaires vendus dans le monde, que « le vernis de la vie est fragile… Tout le monde est névrotique, tout le monde souffre et lutte ».

Points forts

-L'auteur jongle allègrement entre confessions et essai littéraire pour livrer un manuel d'un certain art de vivre.

-Face à « toutes les questions », homme de belle et grande érudition, Douglas Kennedy sait (sans ne jamais se forcer) rester modeste tout en acceptant de se dévoiler comme il ne l'a jamais fait jusqu'alors.

-Romancier à grand succès, Douglas Kennedy sait être touchant, drôle. Il sait, en écrivain maître dans l'art du détail et de la psychologie, glisser dans un texte des anecdotes directement puisées dans sa vie personnelle.

-L'inspiration, pour la technique narrative et la structure du livre, directement puisée chez Montaigne et ses « Essais ».

-L'aveu concédé, au final, par l'auteur : « Peut-être parce que, personnellement, je n'ai aucune certitude à propos de quoi que ce soit ».

 Points faibles

- Un premier reproche à Douglas Kennedy : homme de belle et grande érudition, il a un peu trop tendance dans « Toutes ces grandes questions sans réponse » à appeler les grands noms de la culture pour appuyer ses interrogations.

- Même s'il s'en défend, l'auteur donne la sensation à certains moments de son ouvrage de pratiquer non pas l'exhibitionnisme littéraire mais, pour le moins, l'autofiction.

En deux mots

Grand romancier de la psychologie humaine et auteur à succès, Douglas Kennedy a voulu tenter le pas (littéraire) de côté. Et changer de genre en se lançant dans l'essai philosophique. Certes, il possède une belle érudition mais, à travers les sept grandes questions qu'il pose et qui le hantent, il prouve qu'il est meilleur romancier que penseur…

Une phrase

Ou plutôt un extrait:

« Le bonheur est semblable à l'amour, un idéal que nous poursuivons tous mais sur le chemin duquel nous accumulons, délibérément ou non, un nombre d'obstacles effarant… Ce qui nous amène à la véritable question : voulons-nous vraiment être heureux ? N'est-il pas, paradoxalement, plus confortable de s'arranger de l'insatisfaction émotionnelle et de l'absence de plénitude qui assombrissent la plupart des existences ? »

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !