Incroyable mais vrai : l'inversion de la courbe du chômage a bien eu lieu en France depuis 4 mois et personne au gouvernement ne semble s’en être rendu compte<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Incroyable mais vrai : l'inversion de la courbe du chômage a bien eu lieu en France depuis 4 mois et personne au gouvernement ne semble s’en être rendu compte
©Reuters

Bonne année

Le 9 septembre 2012, lors d'une intervention télévisée, François Hollande s'engageait à inverser la courbe du chômage avant la fin 2013. Après des mois et des années d'échec, cette inversion de courbe a bien eu lieu selon les chiffres d'Eurostat, et ce, dans la surprenante indifférence des membres de l'exécutif.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

Voir la bio »

Il y a quand même quelque chose de curieux au royaume de François Hollande. Après avoir promis à de nombreuses reprises que l'inversion de la courbe du chômage était au bout du chemin, sans que celle-ci ne semble jamais vouloir se produire, le Président oublie de réagir lorsque la bonne nouvelle est enfin là. Parce qu'en effet, selon les données publiées par Eurostat ce 7 janvier, l'inversion de la courbe du chômage a bien eu lieu en France. Et ce, dès  le mois d'août 2015. Depuis lors, la fameuse courbe suit une trajectoire convaincante :

Taux de chômage. Année 2015. France. En %. Source Eurostat. 

Entre les mois d'août et de novembre 2015, le taux de chômage français a baissé de 0.5 point, passant de 3.129 millions à 2.980 millions de sans-emploi, soit une baisse de 149 000 chômeurs en 4 mois. Sur la même période, le chômage de la zone euro a également baissé, mais un peu moins vite, passant de 10.8% à 10.5%. Ce qui signifie que la baisse du chômage français est responsable de 40% de la baisse du chômage de la zone euro, soit la meilleure performance de l'ensemble. A titre de comparaison, le nombre de chômeurs en Allemagne n'a baissé que de 11 000 personnes sur la même période, soit 13 fois moins qu'en France.

Baisse du nombre de chômeurs dans les 4 grands pays de la zone euro. Août-Novembre 2015. En milliers. Source Eurostat

Et cette baisse est suffisamment importante pour s'inscrire dans la durée, parce que le mouvement positif enregistré depuis le mois d'août permet d'absorber la hausse du début d'année 2015. Au total, au cours de la dernière année, soit entre le mois de novembre 2014 et le mois de novembre 2015, la France comptabilise 126 000 chômeurs de moins. Le taux de chômage a ainsi baissé de 10.5% à 10.1% au cours de ces 12 mois.

A l'inverse, alors que le gouvernement se plaît à communiquer sur la baisse du chômage des jeunes, celle-ci est inexistante. En effet, entre les mois d'août et de novembre 2015, le nombre de chômeurs de moins de 25 ans a connu une hausse de 24 000 personnes. Et le même constat peut être fait sur la dernière année, voyant le taux de chômage des jeunes passer de 24.6% à 25.7%. La baisse enregistrée en France a donc profité aux personnes de 25 à 74 ans, dont le taux de chômage est passé de 9.1% à 8.5% entre août et novembre 2015.

Face à une telle information, il est donc étonnant de devoir constater le silence de l'exécutif. Habitué à communiquer sur la base des chiffres des "demandeurs d'emploi" et non sur les chiffres du chômage au sens du BIT (Bureau International du travail), le gouvernement passe à côté de bons résultats. En effet, selon la DARES, le nombre de "demandeurs d'emploi' a augmenté de 88 400 personnes entre les mois de novembre 2014 et de novembre 2015, en totale contradiction avec les chiffres d'Eurostat, calculés selon les normes du BIT. Et en réalité, la différence constatée entre les deux chiffres n'est pas surprenante, puisque, comme l'explique la DARES :

"Les données concernent les demandeurs d’emploi inscrits en fin de mois à Pôle emploi. La notion de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi diffère de celle de chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT) : certains demandeurs d’emploi ne sont pas chômeurs au sens du BIT et inversement certains chômeurs ne sont pas inscrits à Pôle emploi."

Malgré cette divergence, la dynamique de court terme entre les deux séries statistiques reste la même, l'orientation est à la baisse. Selon les chiffres de la DARES, le nombre de demandeurs d'emploi a baissé de 15000 personnes au mois de novembre 2015, ceci notamment sous l'effet de l'augmentation du nombre de "reprises d'emploi", soit 109 200, pour le seul mois de novembre.

François Hollande a donc bien remporté son pari d'inversion de la courbe du chômage, mais avec deux années de retard. Ceci pour une raison simple ; la baisse constatée du chômage, aussi bien en France qu'au sein de la zone euro, n'est pas la conséquence de la politique gouvernementale, mais le produit du plan de relance menée par la Banque centrale européenne, qui fut annoncé au mois de janvier 2015, et mis en place au mois de mars de cette même année. Ainsi, en mettant en place un programme d'assouplissement quantitatif (programme de rachat d'actifs) de plus de 1000 milliards d'euros étalé sur 24 mois, Mario Draghi, Président de la BCE, submerge en tous points les différentes mesures prises par l'exécutif Français. Car à l'échelle de la France, le programme de la BCE représente 200 milliards d'euros, soir 10% du PIB du pays. Ce qui est incomparable avec l'efficacité des réformes du gouvernement.

La lutte contre le chômage est largement une affaire de politique monétaire. La promesse de François Hollande ne pouvait donc être tenue qu'avec l'intervention de la BCE. C'est aujourd'hui chose faite, mais l'exécutif français n'y est pas pour grand-chose.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !