Immigration : les Européens sont-ils racistes et xénophobes ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Des migrants à Calais surveillés par un policier.
Des migrants à Calais surveillés par un policier.
©Reuters

Pas si simple

Un sondage pourrait le faire penser. Faux : il s’agit de bien autre chose.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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C’est une vieille blague anglaise — humour froid — qu’on s’interdirait de raconter aujourd’hui. « Maman, c’est encore loin l’Europe ? Tais-toi et nage ! ». A l’heure où des centaines de migrants meurent en mer cette histoire ne peut plus évidemment se dire.

Pourtant ils sont des dizaines de milliers à tenter de traverser la Méditerranée. Des misérables (au sens que Victor Hugo donnait à ce mot) qui essayent par tous les moyens, et au péril de leur vie, d’échapper à la faim, à la pauvreté, et aux massacres. Ils méritent compréhension et compassion.

Mais les Européens n’en veulent pas. Le sondage analysé mercredi dans Atlantico est sans appel : la majorité des 35 000 personnes interrogées considèrent l’immigration comme leur première préoccupation. On a vite fait — la gauche bête ne s’en prive pas — de crier au racisme, à la xénophobie et de dénoncer le populisme d’extrême droite. Et on se trompe.

En creux, ce sondage dévoile, entre autre chose, un sentiment diffus. L’appartenance à une civilisation, la civilisation européenne. Et cette civilisation ne se résume pas à la BCE, à la Commission de Bruxelles ou à l’inutile, car dépourvu de pouvoir réel, Parlement européen. Elle existe indépendamment des aléas, des guerres abominables qui ont tracé de sanglants sillons dans son Histoire.

Nous devons tout aux Juifs, aux Grecs et aux Romains. Les Juifs nous ont donné l’Ancien Testament et son fils rebelle, le christianisme. Des Grecs nous avons appris la démocratie, la philosophie et le goût des expéditions lointaines (relisez l’Odyssée). Les Romains nous ont offert l’impétueux désir de conquête et d’empire.

C’est Marco Polo qui a fait la route de la soie : pas un Chinois dans le sens inverse. C’est Christophe Colomb qui a découvert l’Amérique : pas un Peau Rouge qui a découvert l’Europe. C’est nous qui avons colonisé l’Afrique : pas les Africains qui ont colonisé l’Europe.

De cela il reste quelque chose. Peut-être est-ce inconscient ou subliminal. Mais c’est. Une civilisation supérieure ? Non. Mais unique et singulière avec sa dénonciation apprise chez les Grecs et chez les Romains de la barbarie. Y compris quand elle est le fait des Européens (dans ce cas il y a transgression de l’héritage reçu).

Le sondage européen sur l’immigration dit que d’une certaine façon l’Europe existe, qu’elle se rebiffe face à ce qu’elle considère comme de nouveaux barbares. Les malheureux migrants n’y sont pour rien. Leur seul tort est de venir d’un monde qui nous envoie des images répugnantes et révulsives. Islamisme, terrorisme, massacres. Des têtes coupées, des milliers de corps mutilés. L’esclavage sexuel dans toute son abomination.

Ces images viennent se poser sur celles des cadavres qui flottent dans la Méditerranée. Et, hélas, elles tendent à effacer toute la commisération qu’on pourrait, et qu’on devrait, avoir pour les innocents immigrés. C’est ni du racisme, ni de la xénophobie. Juste un réflexe instinctif (et donc irraisonné) de légitime défense. Ça porte aussi un autre nom : la guerre. 

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