Imbroglio diplomatique : l’Allemagne reproche à l’Union européenne de favoriser l’hégémonie du Maroc sur les pays du Maghreb...<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Le président français, Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse conjointe avec la chancelière allemande, Angela Merkel, le 18 juin 2021.
Le président français, Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse conjointe avec la chancelière allemande, Angela Merkel, le 18 juin 2021.
©John MACDOUGALL / AFP

Atlantico Business

Cette note n’a rien d’officiel mais elle aurait dû rester confidentielle. Elle émane de l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité et sort à un moment où les rapports entre l’Allemagne et le Maroc sont déjà très tendus, en pleine affaire Pegasus, ce qui va obliger la France à réagir.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Voir la bio »

Vue d’Allemagne, cette note d’analyse signifie en substance : il faut arrêter le Maroc dans ses tentations hégémonique sur les pays du Maghreb et notamment cesser d’aider la croissance et le développement économique du Maroc, qui freine ainsi l’émergence de l’Algérie et de la Tunisie.

Cette note émane de la StiftungWissenschaftundPolitik (Institut allemand des affaires internationales et de sécurité) basée à Berlin.  

Elle a été publiée par Isabelle Werenfels, senior flow de la division Moyen-Orient et Afrique et intitulée « Rivalités maghrébines sur l’Afrique subsaharienne : l’Algérie et la Tunisie cherchent à suivre les pas du Maroc. » Cette  « étude » non officielle a toutes les formes d’une note d’orientation politique à l'adresse des autorités allemandes.

Il faut savoir que la SWP est une institution fondée en 1962 qui conseille le Bundestag, donc le Parlement de l’Allemagne. Mais au-delà, on peut dire que ses travaux reflètent au moins la façon de voir de beaucoup de milieux scientifiques et politiques d’outre-Rhin.

Cet institut de recherche émet d’abord quelques observations sur les développements en Afrique du Nord du Maroc et ses interactions avec la région du Sahel et exprime de ce fait, des recommandations à l’Allemagne et l’Union européenne sur la façon de se comporter envers les pays du Maghreb.

En bref, cette note observe que le Maroc avance à un rythme qui laisse derrière lui ses deux voisins, l’Algérie et la Tunisie. Alors que la Tunisie tombe dans l’oubli et l’insignifiance, l’Algérie tente de surmonter ses difficultés et de rattraper le Maroc qui ferait tout pour entraver ses progrès.

À Lire Aussi

Forum de Saint-Pétersbourg : malgré la pandémie et le malaise politique crée par la Biélorussie, les affaires continuent

D’apres Isabelle Werenfels, cette situation représente un déséquilibre, d’autant que les pays européens tentent de travailler avec les pays du Maghreb individuellement.

Elle recommande donc une coopération triangulaire avec l’ensemble des pays du Maghreb pour équilibrer les choses, ce qui reviendrait alors à "contrecarrer le sentiment d'inutilité croissante de l'Algérie, renforcer l'économie tunisienne, et relativiser les ambitions hégémoniques du Maroc et ainsi atténuer la dynamique négative de la rivalité."

Pour beaucoup d’observateurs, cette note n’a pas été rendue publique par hasard. Elle tombe dans un climat de tensions politiques et diplomatiques entre l‘Allemagne et le Maroc sur fond de rivalités subsahariennes, mais elle tombe aussi à un moment où le Maroc est soupçonné d’avoir utilisé le fameux logiciel israélien qui lui aurait permis de mettre sur écoute les téléphones portables de beaucoup de personnalités européennes et notamment françaises, dont le président de la République. 

Ce contexte va obliger la France et l’ensemble de l’Union européenne à clarifier leurs relations avec les pays de l’Afrique du Nord et à remettre à plat les rapports économiques et migratoires. Un dossier que la France trouvera en arrivant à la présidence de l’Union européenne au début de l’année prochaine, alors que la campagne pour la présidentielle sera déjà bien engagée et que l'Allemagne, elle, aura déjà change de gouvernance.  

Pour en savoir plus, cette etude vient d’être mise en ligne sur le site de l’institut SWP :  https://www.swp-berlin.org/en/publication/maghrebi-rivalries-over-sub-saharan-africa/

À Lire Aussi

Loi climat : l’Europe fait confiance aux entreprises et au marché, alors que la France compte sur l’Etat punitif

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !