Hyperloop : le milliardaire qui promet de nous faire voyager à 885km/h est-il sérieux ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
High-tech
Elon Musk, le fondateur de Paypal, se lance dans un nouveau projet: Hyperloop, un moyen de transport futuriste qui permettra de relier New York-Pékin en 2 heures.
Elon Musk, le fondateur de Paypal, se lance dans un nouveau projet: Hyperloop, un moyen de transport futuriste qui permettra de relier New York-Pékin en 2 heures.
©Reuters

Téléportation

L’entrepreneur américain Elon Musk dévoile peu à peu son projet appelé Hyperloop, un système de transport qu’il définit comme "à la croisée du Concorde, du canon électrique et du jeu de Air Hockey", capable de surpasser tout ce qui existe à la fois pour la vitesse, la sécurité et le coût. L’homme n’en est pas à sa première annonce fracassante, ni à sa première réussite d’ailleurs !

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

Voir la bio »

Né en Afrique du Sud, Elon Musk est un entrepreneur qui affectionne les ruptures technologiques capables de changer la donne. Il a commencé dans l’informatique et participé au développement du fameux système de paiement sur Internet PayPal. Après avoir revendu ses parts de PayPal au géant du commerce en ligne eBay, il décide de ne pas vivre de ses rentes et se lance dans... le spatial ! En 2002, il crée la société SpaceX et affiche la volonté de révolutionner le secteur avec des coûts d’accès à l’espace 10 fois moindre que ceux pratiqués par les leaders du marché (et par exemple Arianespace !).

Le jeune chef d’entreprise, alors âgé de seulement 31 ans (il en a aujourd’hui 42), n’est pas véritablement pris au sérieux. Les ténors du spatial le regardent essentiellement comme un trublion qui va dilapider sa fortune en jouant avec des fusées...

Et les difficiles débuts de SpaceX semblent donner raison aux cassandres : le petit lanceur Falcon 1 accumule les échecs. Toutefois, Elon Musk ne se décourage pas et continue. Il décide de relever le nouveau défi de la NASA qui recherche des prestataires capables de lui vendre "clés en main" des vols cargo à destination de la Station Spatiale Internationale afin de pallier le futur arrêt des navettes (depuis, les vols de navettes américaines ont en effet cessé). Pour stimuler le secteur privé, l’agence américaine verse des sommes conséquentes à chaque fois que des étapes techniques rigoureusement définies sont franchies. SpaceX passe tous les tests avec son nouveau lanceur Falcon 9 (plus puissant que le Falcon 1) et sa capsule automatique Dragon. La société signe alors avec la NASA un contrat de 1,6 milliard de dollars pour 12 vols cargo (dont 2 réalisés avec succès à ce jour plus 2 vols d’essai).

Cet indéniable succès fait qu’Elon Musk est aujourd’hui incontestablement beaucoup plus pris au sérieux. Ainsi, même lorsqu’il annonce espérer pouvoir amener des hommes et des femmes sur Mars d’ici une décennie, les critiques se font certes entendre, mais se font aussi plus nuancés dans leur propos.

De surcroît, Elon Musk semble être en passe de gagner un autre pari industriel, celui de la voiture électrique. À la tête de Tesla Motors, une société californienne qui ne fabrique que des voitures sur batteries, il a dernièrement remporté coup sur coup deux victoires hautement symboliques. Tout d’abord, la Model S a été largement encensée par la presse automobile spécialisée américaine, non pas pour les qualités "écologiques" du véhicule, mais tout simplement parce qu’il s’agit là d’une des meilleures berlines haut de gamme du marché selon les journalistes ! Ensuite, Tesla Motors a remboursé au département de l’énergie des États-Unis, un prêt de 500 millions de dollars. Du coup, Elon Musk jouit d’une réputation d’entrepreneur qui réussit ce qui semblait impossible.

Tourné vers le futur, l’homme ne cache pas sa volonté de participer à une (r)évolution de notre civilisation dans les domaines des transports et de l’énergie. Dans cette logique, il a ainsi annoncé, avec finalement peu de détail pour le moment, un cinquième mode de transport qui s’ajoutera à la voiture, au train, au bateau et à l’avion, en étant à la fois plus rapide, plus économe et plus sûr. En se basant sur les déclarations évasives d’Elon Musk, certains pensent qu’il s’agit d’une sorte de train opérant dans des tubes et mû par un système de pression d’air. Un prix 10 fois inférieur aux lignes à grande vitesse classiques est mis en avant... 10 fois moins cher, comme pour l’accès à l’espace lors des débuts de SpaceX... Peut-on le croire ? L’homme semble sincère même s’il est abonné aux déclarations fracassantes qui assurent une bonne couverture médiatique de ses efforts industriels.

Si SpaceX est aujourd’hui un succès et que ses tarifs attractifs attirent les clients (ce qui force l’Europe à réagir avec la future Ariane 6 annoncée moins coûteuse que l’actuelle Ariane 5), on notera en revanche que le pari du 10 fois moins cher n’est pas tenu. "Pas encore", répliquerait certainement Elon Musk qui entend bien améliorer son offre de transport spatial grâce à des innovations : il travaille ainsi sur un lanceur réutilisable, véritable Graal du spatial qui a toujours rencontré de gigantesques obstacles pratiques (les navettes de la NASA en sont un exemple). Mais concernant l’Hyperloop, la véritable nouveauté n’est peut-être pas le mode de transport en lui-même qui repose sur des idées précédemment envisagées et étudiées (mais sans succès). Non, c’est peut-être le fait qu’Elon Musk veut que ce cinquième mode de transport soit mis au point selon le principe de l’Open Source.

Vous avez bien compris, il n’y aurait pas de brevets à la clé puisque le projet serait collaboratif, à l’image de ce qui se fait pour certains logiciels. Une autre révolution, surtout pour ce type d’infrastructures.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !