Hervé Novelli : "Mieux vaut être travailleur pauvre en Allemagne, qu’un assisté en France"<!-- --> | Atlantico.fr
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"Les allocations familiales sont les indicateurs d’une politique familiale dans un pays", selon Hervé Novelli
"Les allocations familiales sont les indicateurs d’une politique familiale dans un pays", selon Hervé Novelli
©Reuters

Alloc'

Alors que le gouvernement a repris l'idée de fiscaliser les allocations familiales, le projet réveille une vieille polémique : celle de l’assistanat et du rapport au travail. Interview de l’ancien ministre Hervé Novelli, réalisée par Julien Gagliardi.

Hervé Novelli

Hervé Novelli

Hervé Novelli est Président de l’API (l'Association des plateformes d’indépendants). Il a été Secrétaire d'État au Commerce, artisanat, entreprises, professions libérales, tourisme et services. Il était également député européen jusqu'en 2002, et député d'Indre-et-Loire jusqu'en 2007.

 

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Fiscaliser les allocations pour rééquilibrer les comptes de la politique familiale, est-ce une bonne solution ?

Hervé Novelli : Je trouve que ce n’est pas la bonne solution. Les allocations familiales sont les indicateurs d’une politique familiale dans un pays. Si on les conditionne à des ressources, si on les fiscalise, on passe d’une politique familiale à une politique sociale. Pourtant, les solutions sont simples : il faut mieux regarder le bénéfice qu’en tire les allocataires. Il y a l’aspect "fraude" sur lequel il faut porter plus d’attention mais aussi revoir la multitude d’allocations sociales. Elles n’ont pas cessé d’augmenter et, dans une période comme celle-ci, auraient besoin d’être réservées à ceux qui en on le plus besoin.

Ce projet réveille également toutes les polémiques autour de la  "France des assistés", que pensez-vous de ce discours ?

Il y a de mon point de vue, une politique sociale qu’il conviendrait de revoir de fond en comble et de la concentrer sur ceux qui en ont vraiment besoin. Mais surtout, on doit davantage prendre exemple sur d’autres modèles comme les pays scandinaves ou même l’Allemagne où visiblement on préfère les travailleurs pauvres aux chômeurs. Et on a bien raison.

L’Allemagne est quand même réputée pour avoir fabriqué de nombreux salariés précaires, est-ce un si bon exemple ?

Je crois que lorsque vous travaillez et que vous gagnez votre vie difficilement, vous êtes malgré tout reconnu. Il n’y a pas cette dimension d’exclusion qui existe dans notre pays et qui nous oblige, faute de travail, à développer cette politique sociale. Aujourd’hui être travailleur même pauvre en Allemagne c’est largement préférable à être un assisté en France.

Vous trouvez qu’en France, le système est trop généreux ?

Je dis qu’il suffit de regarder le coût de ses dépenses. Aujourd’hui, les dépenses sociales au sens large, c’est le tiers du PIB. En 1981, à l’arrivée de Mitterrand  c’était 20%. Pourtant, en 2013, il suffit de voir ce qui se passe autour de nous, on a augmenté ces prestations sans avoir le sentiment que c’est réellement efficace. Il cible mal ceux qui en ont vraiment besoin et fait peu à peu rentrer dans le champ l’ensemble des Français. Déjà financièrement c’est insupportable, compte tenu de la situation. Et puis, ça entretien un contexte de quasi assistanat dans lequel de plus en plus de Français se meurent alors qu’ils ne le souhaitent pas forcement. Tant que personne n’aura le courage de poser ces questions, on continuera de frapper à coté.

Propos recueillis par Julien Gagliardi

Cet article a déjà été publié sur le blog de Jean-Marc Sylvestre

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